Centrafrique : Le CNT demande la mise en place d‘un Etat-major intégré des FACA

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Alexandre Ferdinand Nguendet

A.F NguendetLors d’un point de presse, organisé ce jour, lundi 16 novembre 2015 au salon d’honneur du Conseil National de Transition, le président du Conseil National de Transition (CNT), Alexandre Ferdinand Nguendet a fait la proposition d’une mise en place d’un Etat-major intégré des Forces Armées Centrafricaines (FACA) et leur déploiement dans un bref délais afin de sécuriser la population centrafricaine qui attend aspirer une véritable paix. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention.

Je tiens, tout d’abord, à exprimer notre compassion pour le deuil qui vient frapper la France suite aux actes terroristes ayant entraîné des centaines de morts et de nombreux blessés.

Le terrorisme est devenu un mal qui menace la sécurité du monde.

Il faut le combattre par tous moyens dans un élan de solidarité internationale.

– Messieurs de la presse,

Il y a quelques jours, le Conseil National de Transition avait demandé au Gouvernement de prendre les dispositions nécessaires en vue du réarmement des Forces Armées Centrafricaines pour qu’elles interviennent dans les opérations de pacification du pays aux côtés des forces internationales déjà déployées.

Cette demande qui obéissait aux exigences sécuritaires du moment et à l’appel pressant des populations, a été diversement appréciée et a trouvé des réponses des plus étonnantes.

Je ne reviendrai pas ici sur les réponses qui ont été fournies çà et là, qui sont toutes critiquables et qui ne prennent pas en compte les demandes du peuple centrafricain.

L’objet du point de presse du Conseil National de Transition de ce jour, est de faire une proposition sur la stratégie de mise en place d’un « Etat-major intégré des Forces Armées Centrafricaines » dont l’organisation pourrait nous aider à obtenir une paix relative, le temps d’aller aux élections, à charge pour les autorités qui seront élues lors des prochaines élections, de poursuivre ou non cette expérience.

Je profite de ce moment pour saluer au passage l’engouement des forces vives de la nation et de nombreux de nos concitoyens pour leurs participations aux différentes opérations électorales. Cela démontre à suffisance leur soif de voir ce pays tant meurtri, revenir à l’ordre constitutionnel normal.

Mais avant de vous dérouler notre pensée, je voudrais faire un peu l’historique de notre armée, les problèmes qu’elle a connus avec ses impacts sur les crises à répétition que vit le pays, avant d’en arriver à la proposition principale qu’est la mise en place de cet « Etat Major intégré des Forces Armées Centrafricaines ».

Il s’agit d’une proposition républicaine, ni plus ni moins, que le Conseil National de Transition a déjà formulée mais qui n’a pas trouvé d’échos.

Nous y revenons parce que le sujet de la réhabilitation et du réarmement des Forces Armées Centrafricaines est aujourd’hui au cœur des préoccupations des centrafricains qui croient fermement que le pays est en guerre et qu’il a besoin de son armée.

Il ne faut pas croire que l’appel que nous lançons vise à mettre en place une armée chargée d’exterminer une communauté donnée (les Musulmans) contrairement aux idées et rumeurs contre progressistes.

C’est d’ailleurs, pour éviter une telle éventualité que nous avons proposé la mise en place d’un « Etat-Major intégré des Forces Armées Centrafricaines » sur lequel je reviendrai tout à l’heure.

  • Messieurs de la presse,

L’Armée centrafricaine a été créée le 4 avril, en 1961 par Jean Bedel Bokassa qui est aussi son premier chef d’Etat-major.

Le rôle de l’armée à l’origine était d’assurer la défense du territoire et la protection des populations.

Le Président Jean Bedel Bokassa a fait de son mieux, avec peu de moyens à l’époque, pour que la composition de l’armée tienne compte de la géopolitique et de ce fait, l’armée qu’il a créée était apolitique, pluriethnique, disciplinée et unie malgré la promotion de quelques officiers qui étaient de sa région, la Lobaye.

Le recrutement et la formation militaire étaient assurés sans critère d’appartenance ethnique ou régionale.

L’armée représentait ainsi le peuple, elle était une véritable armée nationale.

Le Président David Dacko a pu, à deux reprises, gérer l’armée de la même manière en respectant le critère essentiel de l’équilibre régional et le respect des textes de bases de la Défense Nationale pour la promotion des militaires.

Depuis lors, c’est-à-dire depuis le début des années 1980, l’armée a commencé à connaitre ses difficultés liées à la question de l’ethnie et de région.

A chaque fois qu’un Chef d’Etat arrive au pouvoir, il conteste la politique de son prédécesseur, se méfie de l’armée qu’il trouve en place et essaie de créer « un équilibre » en ne recrutant que les ressortissants de son ethnie ou de sa région au point où, on s’est finalement retrouvé avec une armée indisciplinée, politisée, déséquilibrée du point de l’appartenance régionale et ethnique.

Toutes les crises du pays trouvent leurs origines dans la mise en œuvre successive de cette mauvaise politique.

Depuis, l’on a tenté la réforme de l’armée.

L’une des priorités clés de la réforme de l’armée était de la diversifier ethniquement.

Mais c’est un échec puisque les crises que le pays vit actuellement sont imputées aux Forces Armées Centrafricaines qui n’étaient en mesure d’assurer la défense des populations contre les agressions des groupes armés.

Il nous faut rebâtir notre armée en la remettant aux normes et conditions d’assurer la défense du territoire national et la protection des populations.

La refondation de notre armée prendra du temps, c’est pourquoi il faut l’inscrire dans le processus DDR à charge pour les futures autorités du pays de bien poursuivre ce processus et le faire aboutir dans l’intérêt de notre pays.

Mais en attendant, et pour nous permettre d’aller aux élections dans un calme relatif, je ne parle pas de paix totale puisqu’il nous sera difficile de l’obtenir, il nous faut envisager une solution qui implique directement tous les responsables de l’armée dans la chaine de commandement des Forces Armées Centrafricaines.

Cette proposition, pour être appliquée, doit reposer sur les critères d’appartenance à la communauté nationale, de qualification au plan militaire et j’en passe…

Elle ne signifie pas qu’il faut mettre en place un état-major intégré sur des bases anarchiques.

En effet, il faut justifier d’un numéro matricule dans l’armée, être apte physiquement et au commandement selon les cas, justifier des formations militaires commune de base etc. …

Tous les compatriotes faisant partie de l’armée nationale ou des groupes armés qui ne rempliraient ces critères devront être mis de côté et soumis au programme DDR.

Nous notons que deux(2) tendances se développent depuis que l’on évoque le sujet du réarmement des Forces Armées Centrafricaines, y compris dans le milieu de l’ex séléka :

– La première est pour le réarmement des Forces Armées Centrafricaines,

– La deuxième est pour sa refondation.

Nous pensons objectivement que la réhabilitation et le réarmement passent avant la refondation dont les éléments essentiels seront tirés des résultats du DDR.

Concrètement, le Conseil National de Transition, tenant compte du fait que le déséquilibre régional et ethnique soit à la base des problèmes que rencontre notre armée, et en attendant de trouver des solutions plus globales découlant de la mise en œuvre du DDR, propose :

– La réhabilitation et l’employabilité des FACAS sur la base d’une approche communautaire, sociale et politique.

De façon plus nette, si l’on considère que la RCA compte 77 sous préfectures, il conviendrait de puiser dans le dispositif remis en service, 100 soldats par sous préfecture pour constituer un dispositif de l’armée régulière de 7700 hommes environ.

– Ensuite, il faudra mettre en place très rapidement un État-major tenant compte de la géopolitique, des différentes promotions de l’armée depuis les indépendances (en n’y incluant que les officiers d’actives, sauf règlement contraire).

L’Etat-major devra être composé d’un Chef d’Etat Major Général, d’un Sous- Chef d’Etat Major figurant parmi les plus anciens et les plus gradés de l’armée, et de deux (2) autres Sous Chefs d’Etat Major (Chrétiens et Musulmans).

Cette démarche doit également être suivie pour la nomination des différents Chefs de Corps de l’Armée Nationale et de leurs adjoints.

  • Messieurs de la presse,

Tout n’a pas été dit en détail compte tenu du temps.

Ces propositions du Conseil National de Transition traduisent sa volonté de voir notre armée rapidement être réorganisée pour le bien du pays et des populations.

Certains points peuvent être discutables ou méritent davantage d’éclaircissements pour juger de leurs faisabilités.

Nous ne faisons pas les propositions pour qu’elles restent lettre morte, c’est notre seule manière de contribuer en la recherche des solutions qui puissent nous permettre de nous en sortir.

Nous disons ici que nous n’avons la prétention de nous substituer au Pouvoir Exécutif qui étudie certainement toutes ces questions.

Mais notre vœu est qu’on agisse vite pour créer les conditions de sécurisation du pays et des populations ainsi que la tenue des élections.

Le Conseil National de Transition marque sa disponibilité à discuter avec le Gouvernement sur ces propositions.

Je vous remercie.

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