Centrafrique : "Le président Touadéra a fait en 100 jours ce qu’il peut" E.S. Kparekouti

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Eddy Simphorien Kparekouti
Eddy.S. Kparekouti, président du PUR/@Eric Ngaba

Ndjoni Sango (Bangui 14/07/16) :

Par Eric NGABA

Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR), l’une des formations politiques ayant appelé à voter Faustin Archange Touadéra donne son opinion sur les cent premiers jours du président élu de la République Centrafricaine. Pour lui, les cent jours d’un régime ne sont généralement utilisés que pour donner une orientation, poser les bases de la vision afin de lancer les grands chantiers promis.

Ndjoni Sango (NS): Eddy-Symphorien Kparékouti Bonjour !

Eddy-Symphorien Kparékouti (ESK): Bonjour !

 Vous êtes président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR), l’une des formations politiques ayant appelé à voter Faustin Archange Touadéra lors du second tour de la présidentielle. Dans quel état d’esprit vous franchissez le cap des cent premiers jours du Président de la République ?
Je vous remercie de l’occasion que vous offrez pour présenter mon état d’esprit sur le cap des cent premiers jours franchi le Président de la République. Comme vous le rappelez si bien, au second tour de la dernière présidentielle, le PUR mon parti et moi, avons fait le choix politique de soutenir Faustin Archange Touadéra à qui le peuple a confié la destinée de notre pays pour le prochain quinquennat. Je me dois de préciser qu’au sortir de la longue et tragique crise que la RCA a subie, la population n’est pas préoccupée par les discours politiques que nous faisons mais elle est orientée vers ses besoins vitaux  qui exigent des actions concrètes. Je pense qu’il faut impérativement répondre aux besoins primaires de la  population avant de prôner une réussite ou une compétence imaginée. Le peuple a nourri de gros espoirs et aiguisé de nombreuses attentes. Alors, avec l’œil extérieur, j’ai senti au président de la République, la volonté d’imprimer son style et d’asseoir un autre mode de gestion même si l’approche globale qui est la sienne n’arrive pas encore à prendre. Je suis de ceux qui dès le départ, pensaient que ces élections n’allaient pas mettre fin de manière systématique à la crise. Je suis aussi de ceux qui pensent qu’il faut consentir beaucoup d’effort, beaucoup de sacrifice pour arriver à asseoir une autre République, celle des valeurs propres aux Centrafricains. En même temps, il est difficile en cent jours de faire un bilan exhaustif mais le fondamental, c’est de donner une orientation, créer un consensus national qui doit faire asseoir une nouvelle dynamique nationale et républicaine qui tienne en compte les attentes nationales.

 Lors de son investiture le 30 mars, le président Touadéraa fait de la sécurité la priorité des priorités. En cent jours, pensez-vous que le chef de l’Etat a donné le ton, l’orientation nécessaire?

Même si le sentiment général qui se dégage est que l’opinion soit légitimement restée sur sa soif en ce qui concerne la sécurité, vue que des affrontements, attaques de villes et villages, assassinats de masse et les prises d’otage sont restés légions. Je ne saurais toutefois affirmer que la crise sécurité en Centrafrique soit gérable en cent jours pour un régime qui se trouve dans les conditions que nous savons tous. Je dois rappeler que l’enthousiasme centrafricain remarqué pendant le processus électoral singulièrement lors de la présidentielle, est fondé sur l’espoir qu’on a avait donné à ce peuple sur la reprise de la situation sécuritaire du pays par les autorités élues avec en toile de fond la remise sur pied des forces de défense. Je pense que c’était un vrai faux espoir, une manipulation puisse qu’aujourd’hui, même avec les autorités sorties des élections, l’équation sur les Faca reste la même et la position de nos partenaires n’a pas évolué. L’Etat en Centrafrique est encore et toujours coincé, sous pression extérieure voire téléguidé, c’est ce qui est aberrant. Comment voulez-vous qu’un pouvoir légitime qui dispose de quelques agents de sécurité intérieure avec dotation limitée et contrôlée sans une  armée digne de ce nom, puisse rétablir la paix dans un pays dont le un tiers du territoire est contrôlé par des milices surarmées légitimées par ceux qui sont censés soutenir prioritairement l’autorité établie ? C’est de l’utopie, de la moquerie et nos autorités et les partenaires le savent très bien. Je demande simplement a ceux qui alimentent la crise dans notre pays et leurs partenaires d’arrêter leurs plan machiavélique, nous avons déjà compris leurs jeux et leurs intentions. On peut être tenté de penser que le chef de l’Etat avait très vite pris des engagements sur le plan sécuritaire sans maîtriser les éléments sur le terrain mais le 30 mars 2016, en faisant de la sécurité, la priorité du moment, Faustin Archange Touadéra était dans son rôle car tout le monde sait que la relance économique, l’apaisement de la tension sociale et humanitaire et la renaissance qu’il a promis ensuite n’étaient possibles que si la sécurité devient un acquis dans ce pays.

Cette question de sécurité est liée à l’embargo qui frappe la RCA depuis trois années. Les parlementaires ont exigé la restitution aux Faca des armes récupérées par la Minusca. Comment appréciez-vous cette recommandation ?

Vous savez, on ne parle d’armée que lorsqu’il ya des individus qui disposent et utilisent des armes. L’un n’est possible sans l’autre. Mais en RCA, on veut nous faire créer la roue dans ce domaine, ce qui n’a pas marché depuis plus de trois années aujourd’hui. Les parlementaires sont dans leur rôle lorsqu’ils exigent la restitution aux Faca des armes sous séquestres à la Minusca. Le nouveau parlement a exprimé une attente portée par tout le peuple, désir populaire motivé par la remise sur pied des Faca. Je soutiens avec énergie cette proposition mais je pense qu’il faut aller au-delà. La diplomatie centrafricaine doit jouer efficacement sont rôle sur ce sujet. Le Président de la République Faustin Archange Touadera doit savoir s’inspirer des réalités politiques extérieures surtout celles des pays du monde qui ont réussi à se protéger tout en étant sous embargo de la communauté internationale. Cette équation exige de nos autorités, un effort d’imagination, de la real politique, une force dans la vision sécuritaire. Il ya des possibilités à effleurer mais on ne saurait les étaler sur la place publique.

CNC: Beaucoup reprochent à Touadéra d’avoir consacré le clair de son temps à faire des voyages, voyages qui n’ont pas de retombées sur la situation du pays. Comment vous percevez cette critique ?

ESK : Il est vrai que j’aurai souhaité que le président de la République puisse aller d’avantage  a Birao, Markounda, Paoua, Bambari, Obo, Zemio, Kaga Bandoro, Bouar etc … qu’à l’extérieur mais je reste convaincu que la situation dans laquelle il a trouvé la RCA nécessite plus un plaidoyer international que national. Faustin Archange Touadéra a trouvé un pays disparu sur le plan international.
Vous vous souviendrez que la RCA était suspendue au niveau de toutes les grandes organisations internationales où les vrais plaidoyers se mènent. Je pense à l’OIF, l’Union Africaine, les Nations-Unies pour ne citer que celles-là. C’est là où il ya nécessité d’affirmer la volonté du pays de retrouver ses places au niveau international parce qu’aujourd’hui la RCA a besoin de drainer des fonds pour se mettre à l’abri des surprises désagréables et pour le faire, il faut être mobile, percutant et mener une offensive diplomatique conséquente. Mais tout cela doit être expliqué au peule qui a aussi besoin de la chaleur de ses autorités.

CNC : de manière concrète, pensez VOUS que le bilan des 100 premiers jours est positif?

Le président Touadéra, je pense, a fait en cent jours ce qu’il peut. Nous pouvons avoir des opinions diverses et contradictoires sur ce premier bilan marqué beaucoup plus par des contacts pris au niveau international même si nous sommes tentés de penser que la sécurité n’est toujours pas au point. Mais je pense que les cent jours d’un régime ne sont généralement utilisés que pour donner une orientation, poser les bases de la vision afin de lancer les grands chantiers promis. Il s’en est essayé même si je pense qu’il aurait pu faire mieux. Mais évitons de blâmer dès les cent premiers jours car le plus dur est à venir et il nous oblige tous une certaine participation. S’il ya un conseil, c’est de dire au président de la République de savoir s’inspirer des ratés de ses prédécesseurs pour poser son régime.

Quel est l’état de santé actuel du PUR votre partie ? A quand la restructuration que vous avez annoncée?
Tout homme évolue par l’expérience et l’observation. Le PUR se porte bien à l’heure où j’échange avec vous. Nous sommes en train d’amorcer la restructuration  annoncée parce que c’est le vœu de nos militants et sympathisants. Après le PUR va engager de gros chantiers qui ont pour objectif de rapprocher le parti de la population à travers le pays et le monde.

Eddy Symphorien Kparekouti nous vous remercions.

C’est à moi de vous remercie.

Interview réalisée par Eric NGABA

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