Par Mamadou NGAINAM
Bangui 7 avril 2021—(NDJONI SANGO) : Notre rédaction continue son investigation sur les évènements qui ont eu lieu du 15 au 16 février à Bambari, quand les FACA appuyés par les forces alliées ont libéré la ville de terreur semée par les criminels de Ali Darassa. Après de longues recherches nous avons réussi à trouver une femme, qui est devenue une des plusieurs victimes de l’activité délictueuse des bandits de Ali Darassa et qui a pu nous raconter toutes les atrocités des larbins de Ali Darassa.
Ce n’était pas facile parce que plusieurs victimes des crimes de l ’UPC ont peur pour leur vie, et c’est pour cela qu’ils refusent de dire la vérité. C’est pour la même raison que la femme a demandé de ne pas citer son nom pour ne pas mettre en danger sa vie et celle de ses proches.
La femme prise en otage par un groupe de criminels d’Ali DARASSA lors de l’offensive des FACA à Bambari:
«Ali DARASSA se croit le roi de la ville. Il y avait plusieurs autorités locales qui aidaient Ali DARASSA et même effectuaient la collecte de l’argent auprès de la population suivant ses ordres. Bien sûr, nous avons tous peur des éléments de Ali DARASSA. Les habitants indociles et les partisans du président et des FACA étaient tabassés devant tout le monde Les bandits faisaient de exactions et des braquages presque tous les jours. Les gens d’Ali DARASSA ont kidnappé une fille de 13 ans chez mes voisins.
D’après les rumeurs, elle a été obligée de servir à Ali DARASSA en personne et d’obéir à tous ses ordres. On ne sait pas jusqu’à présent où elle est. Elle a disparu. Il y a eu plusieurs filles qui ont disparu de la même manière. C’est pour cela que la plupart des habitants cachent leurs filles à la maison pourvue qu’elles n’attirent pas d’attention.
Au moment où les FACA ont commencé leur attaque à Bambari, les rebelles de la CPC ont braqué quelques maisons et puis ils y ont mis du feu. Les bandits se déplaçaient vite sur les motos tout en tirant dans tous les sens. Quand les soldats des FACA sont rentrés dans la ville, les rebelles d’Ali Darassa ont commencé à se mettre en débandade. Plusieurs groupes des bandits ont commencé à prendre les civils en otage. Ils utilisaient les femmes et les enfants pour se cacher derrière eux, parce que les soldats FACA ne pouvaient pas tirer sur des civils. Il est très facile de contrôler les femmes et les enfants apeurés. Je le sais par ma propre expérience d’un otage. Et les bandits, qui ont entamé une fusillade désordonnée ont blessé quelques soldats des FACA, qui essayaient de chasser les gens de la rue.
J’ai été capturée quand je rentrais à la maison. J’ai reçu un coup de poing dans le visage et puis il y a eu deux ou trois hommes qui ont commencé a me frapper avec les pieds. Ensuite ils m’ont amené dans une maison et ils m’ont menacé en me disant qu’ils allaient me tuer. Les bandits étaient sous les ordres d’un certain Ismaël. Il appelait régulièrement à Ali Darassa. A part moi, il y avait quelques autres jeunes femmes blessées, plusieurs étaient nues. Elles se sont tapies dans un coin, elles tremblaient et pleuraient, il a eu certaines entre elles qui suppliaient de les libérer.
Une femme a été tabassée devant nous et puis ils l’ont amenée quelque part. Quelque temps après les bandits sont venus nous chercher, ils nous accompagnaient en nous menaçant par les armes. Une femme a glissé et a tombé, le bandit qui la suivait a fait quelques tirs. Je ne sais si cette femme est toujours vivante ou pas. Le temps qu’on marchait, ils ne tiraient pas sur nous. J’ai vu un véhicule de la MINUSCA avec des casques bleus, mais ils ne faisaient que regarder, ils ne faisaient rien. AU croisement un des bandits a brusquement tombé. Apparemment c’était un des leurs chefs. C’est à ce moment que les bandits ont changé de direction et se sont dirigés vers la mosquée. Il y avait un vieillard à l’entrée de la mosquée qui a essayé d’interdire aux gens armées de rentrer et de profaner un endroit sacré.
Mais les bandits ne l’ont pas écouté, ils l’ont agressé d’une manière brutale. On nous a fait rentrer à la mosquée, il y avait des gens là-bas. Les bandits ont commencé à tirer, la panique a commencé, les gens essayaient de se cacher, certains s’allongeaient par terre. Les assaillants ont pris le contrôle de la mosquée et ont entamé les tirs en direction de la rue. Moi, j’avais trop peur, je tremblais et je ne me rappelle pas bien ce qui se passait autour. Les malfrats avaient beaucoup d’armes et une sorte de boules explosives avec lesquelles ils nous menaçaient. Peu de temps après les bandits ont intensifié les tirs. Cela a beaucoup duré.
A un moment donné il y a un parmi eux qui est tombé, ils ont eu un moment de gène et la panique a repris. C’est ainsi que moi et un homme-otage, nous avons pu nous échapper dans un local voisin et nous avons couru. Nous avons été effrayés, mais nous avons continué à courir. Quand nous nous sommes retrouvés dehors nous avons été accueillis par les soldats des FACA.
Peu de temps après il y a eu une explosion dans la mosquée. Nous avons été terrifiés et nous avons criés. Je veux tout oublier. Les bandits. Les bandits tuaient les gens sans défense sous mes yeux. Une partie des otages a réussi à s’échapper, ils ont été aidés par les militaires des FACA. Apparemment l’explosion a été un résultat de manipulations maladroites avec les armes et les bombes, qu’ils avaient.