RCA: « le diamant est le moteur de l’économie », Professeur Jean Biandja 

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diamants bruts

INTERVIEW

Par Saint GBEGBE-NGAÏNA

Bangui 30 mai 2021–(Ndjoni Sango): Après les opérations de reconquête du territoire lancées contre les positions des bandits de grand chemin dans plusieurs villes de la République centrafricaine, par des éléments des Forces de défense et de sécurité, appuyées par leurs alliés Rwandais et Russes, tous les regards sont désormais tournés vers le relèvement du pays sur le plan économique. C’est pourquoi, l’accent doit être mis sur la commercialisation de diamant centrafricain qui est sous embargo du Processus de Kimberley depuis 2013. Pour bon nombre d’Observateurs et d’Experts en la matière, il n’est plus question aujourd’hui de parler de cet embargo sur le diamant centrafricain, car le pays libéré des mains des groupes armés qui écumaient les zones minières à l’époque. Maintenant, pour booster l’économie du pays, il est important de passer à la levée totale de cet embargo qui n’a plus son sens. C’est dans cette optique et avec conviction que le Professeur Jean Biandja (JB), qui est le Coordonnateur du Comité National de Suivi du Processus de Kimberley, a estimé pour sa part que le diamant, est le moteur de l’économie ! Il l’a dit au cours d’une interview exclusive accordée à Ndjoni Songo (NS) le 26 mai dernier, dont nous faisons office de vous proposer ci-après l’intégralité.  

Ndjoni Sango: Professeur Jean Biandja, bonjour !

JB : Bonjour Monsieur le Journaliste !

NS : Vous êtes le Coordonnateur du Comité National de Suivi du Processus de Kimberley, depuis 2013, la République centrafricaine est sous embargo imposé par le Processus de Kimberley (PK). Si vous pouviez nous expliquer concrètement qu’est-ce que le Processus de Kimberley.

JB : Le Processus de Kimberley, est une organisation mise sur pied par des pays par rapport à la commercialisation de diamant brute, dit «commercialisation de diamant de sang». Permettez-moi de rappeler l’origine de ce processus. Les partenaires internationaux, avec la guerre de Libéria et de Sierra Léone, ont constaté que ce qui fait marcher les guerres en général, notamment les guerres civiles, c’est le diamant. Et les gens vont dans la conquête des zones minières où les artisans exploitent du diamant pour s’enrichir très souvent, pour conquérir certaines zones. Et pour conquérir, il faut les armes. Et effectivement, il y a des puissances qui ont profité de cela pour encourager l’utilisation de ce diamant de sang afin d’avoir le monopole de certaines zones. Et donc, ils sortent carrément du circuit normal étatique de la commercialisation de diamant. En un mot, le Processus de Kimberley, permet d’empêcher les rebelles de sortir le diamant dans les zones qu’ils contrôlent pour aller commercialiser à l’extérieur.

NS : Effectivement, vous venez de parler de l’embargo sur le diamant. Mais dites-nous, Monsieur le Coordonnateur, près de 10 ans aujourd’hui, cet embargo est imposé à la République centrafricaine. Pour ce faire, certains observateurs avertis n’ont estimé que cette situation à des conséquences néfastes sur le plan économique. Partagez-vous cette analyse ?

JB : Vous savez que pendant 10 ans, la RCA est sous embargo. Les rebelles occupaient pratiquement 80% du territoire. S’ils occupent presque 80% du territoire, c’est dire que ces zones ne peuvent pas exporter leur diamant ! Ce sont les rebelles qui contrôlent les zones minières. Ils ont la main mise sur des chantiers miniers, et ils obligent les artisans de leur vendre le diamant. Du coup, c’est un manque à gagner pour l’Etat. La République centrafricaine, sur 72 sous-préfectures, il n’y a que 24 sous-préfectures qui produisent du diamant. Le diamant, est le moteur de l’économie. Car, l’artisan, lorsqu’il trouve son diamant, il peut aller au marché acheter chez les «Wali Gara», il peut aller dans une boutique acheter ce qu’il veule, il peut envoyer son enfant à l’école, il prend soin de son enfant ! Et avec ce qu’il produit, il paie l’impôt à l’Etat, et l’Etat tourne. C’est à travers ces démarches économiques que l’Etat peut payer les fonctionnaires et ses agents. L’embargo imposé à la RCA sur le diamant, est un impact terrible ! Car, le marché doit tourner, l’école doit tourner, la santé doit tourner, la vie humaine tout court doit tourner ! En un mot, l’économie est au ralentie ! Il est important que cet embargo soit totalement levé !

NS : Mais face à cette situation, quelle politique doit-on entreprendre pour que cet embargo soit définitivement levé afin d’ouvrir la voie aux investisseurs ?

JB : Oh ! L’Etat centrafricain fait beaucoup d’efforts en ce moment ! Vous savez que presque tout le territoire est déjà libéré et ce n’est pas à négliger ! Moi je viens à peine de la ville de Bria où les FACA et leurs alliés viennent de chasser les rebelles. Maintenant, la vie a repris normalement dans cette partie du pays. L’Etat centrafricain, à travers son armée, à presque reconquérir tout le territoire. Cela est un grand pas en avant pour que cet embargo soit définitivement levé.

NS : En votre qualité d’Expert, bien évidemment vous faites parties intégrante du Comité National de Suivi du Processus de Kimberley, avez-vous une ou des propositions à faire aux autorités centrafricaines, qu’est-ce qu’on doit faire, si cet embargo sera définitivement levé sur le diamant centrafricain.

JB : Oui ! D’abord, je remercie le gouvernement qui a mis ce comité en place qui travaille en collaboration avec les comités locaux. J’aurais aimé, n’est-ce pas, que ces sous-comités, c’est-à-dire, les comités locaux soient suffisamment dotés en matériels pour qu’ils sensibilisent suffisamment la population et les fraudeurs ! Je souhaite également la formation de ces comités locaux, qu’on forme surtout la Brigade Minière et les Forces de défense et de sécurité, pour qu’elles soient suffisamment sensibilisées de l’impact du diamant sur l’économie du pays.

NS : Professeur Jean Biandja, je rappelle que vous êtes le Coordonnateur du Comité National de Suivi du Processus de Kimberley, je vous remercie !

JB : C’est moi qui vous remercie Monsieur le Journaliste !

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