RCA: des leaders antibalaka sévèrement condamnés par la justice

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Un groupe d'Antibalaka à Njoh en Centrafrique© Michaël Zumstein

Par Erick NGABA

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Un groupe d’Antibalaka à Njoh en Centrafrique© Michaël Zumstein

Bangui 11 février 2020— (Ndjoni Sango) : Des leaders miliciens antibalaka ayant œuvré dans la ville de Bangassou au sud-est de la RCA, viennent d’être condamnés par la justice centrafricaine. 15 ans de prison ferme pour les autres et 10 ans pour les autres, pour des crimes commis en 2017, dans la région aux cours des violences armées.
Deux ans et demi après les violents armés ayant sombré la ville de Bangassou dans le sinitre en mai 2017, la cour criminelle de Bangui a rendu vendredi dernier, son verdict. Ceci après trois semaines de procès très attendu par la population.
C’était le procès des leaders des miliciens antibalaka ayant œuvré dans la ville de Bangassous. Il s’agit de Kevin Bere Bere, Romaric Mandago et Crépin Wakanam alias Pino Pino, Patrick Gbiako, Yembeline Mbenguia Alpha, ainsi que 23 autres miliciens sous leurs ordres.
Ils ont été reconnus coupables de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, atteinte contre les personnes jouissant d’une protection internationale, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre et assassinat. Pour ces faits, la Cour les a condamnés à une peine de prison et de travaux forcés à perpétuité. Pendant ce temps, leurs éléments ont été condamnés à 15 ans de réclusion et 6 autres à 10 ans, tous pour association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre et assassinat.
Kevin Bere Bere, Pino Pino, Romaric Mandago, Patrick Gbiako et Yembeline Mbenguia Alpha, tous chefs de milices anti-balaka, ont été reconnu comme commanditaires des attaques de mai 2017 contre les casques bleus de la Minusca, du quartier Tokoyo de Bangassou et du siège de la Mosquée dans laquelle toute la communauté musulmane s’était réfugiée pendant trois jours.
Pour rappel, Kevin Bere Bere s’était rendu à la MINUSCA en janvier 2018 afin d’obtenir une protection contre les menaces de morts, après des rivalités internes, notamment de la part de Pino Pino. Ce dernier, ainsi que Romaric Mandago et les autres personnes poursuivies, avaient fui en République Démocratique du Congo suite à ces événements, avant d’être arrêtés par les autorités congolaises et extradés vers Bangui.
Les organisations de la société civile, notamment des droits de l’homme ayant assisté au procès, se réjouissent de ce verdict de la Cour criminelle de Bangui.
« Par la décision rendue aujourd’hui la justice centrafricaine marque son attachement à la lutte contre l’impunité. Il faudra toutefois poursuivre les efforts pour que la situation des autres victimes soit prise en compte dans un avenir proche, car la justice demeure le dernier rempart pour toutes les victimes des crimes de droit commun et de crimes internationaux » a réagit dans un communiqué, Maître Mathias Barthélemy MOROUBA, Président de l’OCDH et avocats des victimes de Bangassou.
Ce verdict a été aussi salué par la Minusca, la mission onusienne en RCA ayant perdu des hommes dans les évènements à Bangassou, qui estime que ce verdict témoigne de la volonté de l’Etat centrafricain, à travers l’appareil judiciaire, de lutter contre l’impunité en RCA.
Le verdict prononcé par la Cour d’Appel de Bangui témoigne de la volonté de l’Etat centrafricain, à travers l’appareil judiciaire, de lutter contre l’impunité en RCA. Le Forum de Bangui en 2015 avait souligné combien il est important pour les populations notamment les victimes, de savoir qu’elles n’ont pas été oubliées. Cette étape, qui met fin progressivement à un cycle d’impunité pour rouvrir l’ère de la reddition des comptes et de la justice pour toutes les violences commises, est essentielle pour que le pays puisse avancer vers une réconciliation effective. Nous prônons une tolérance zéro contre les agressions de casques bleus et de tels actes ne resteront jamais impunis”, a indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et Chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye.
Aujourd’hui, beaucoup des leaders miliciens Antibalaka sont traqués par la justice nationale et internationale. Pendant ce temps, des leaders ex-Seleka jouissent de certaines libertés sans être inquiétés. C’est ce que déplorent les victimes de conflits en République centrafricaine.

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