Centrafrique: la crédibilité du parlement mise en jeu

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le PAN Abdou Karim Meckassoua et VPAN Jean Symphorien Mapenzi

le PAN Abdou Karim Meckassoua et VPAN Jean Symphorien Mapenzi

Par Erick NGABA
Bangui 5 aout 2018—Ndjoni Sango : La question de la crédibilité de l’Assemblée nationale de la République centrafricaine s’impose aujourd’hui. Au regard des déclarations de malversations financières au perchoir de cette institution, de la corruption et de l’an-alphabétisation de certains députés, peut-on considérer que le parlement centrafricain est-il crédible?
Depuis le renouvellement des membres du bureau de l’Assemblée nationale de la République centrafricaine, en mars dernier à l’exception du président, conformément à son règlement intérieur, il ne se passe pas un moment sans les scandales au sein de cette deuxième institution de la République.
Renouvelée pour la seconde fois avec un revirement de la situation en faveur  de «Cœurs Unis » du président centrafricain, Faustin Archange Touadera, contrairement en 2017, quand «le Chemin de l’Espérance » d’Abdou Karim Meckassoua prenait le contrôle du bureau, tout semble mal tourné au sein du perchoir.
La tension ne cesse de monter d’un cran entre le clan «Cœurs Unis » et le « chemin de l’Espérance ». De part et d’autres, des accusations fusent pour affaiblir politiquement l’un ou l’autre.
Les dernières accusations en date sont celles du Président de l’Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua, qui a pointé du doigt son 1er vice, Jean-Symphorien Mapenzi, pour le détournement d’une somme de 120.000.000 francs CFA, lors d’une conférence de presse. Ayant rejeté ces accusations, le clan Mapenzi par le biais du 2ème vice-président de l’Assemblée nationale,Mathurin Dimbelet Nakoé, a retourné la balle dans le camp du PAN Meckassoua l’accusant de plusieurs malversations financières depuis son arrivée à la tête de cette institution.
Parlant de détournement des fonds au perchoir de l’Assemblée nationale, les deux camps s’accusent et rejettent les responsabilités. Or, les deux camps ont de part et d’autres posé leurs signatures sous les documents de décaissement de somme de 320 millions de francs CFA pour le paiement au fournisseur des kits des députés dont les macarons, fanions et les mallettes. Le versement de 200 millions de frans CFA a été autorisé par le PAN Abdou Karim Meckassoua et le versement des 120 millions a été autorisé par le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Symphorien Mapenzi.
Des conférences de presses de dénonciations sont organisées de part et d’autres pour dénoncer cette affaire comme si les deux camps sont sur un terrain politique. Ce qui est contraire au règlement intérieur de l’institution. Or, les deux camps tous membres du bureau du parlement, doivent travailler dans la symbiose du secret professionnel conformément aux textes statutaires. Tout se passe comme si, le camp du « Chemin de l’Espérance » se réserve de travailler ensemble avec le camp du «Cœurs Unis » et vis-versa.
Dans ce parlement de trafic d’influence et la pratique de la mafia, l’on constate que les jeux d’intérêt politique priment sur les préoccupations de la population centrafricaine aujourd’hui éprise de paix et de justice.
Au bain de cette lutte politique, les députés dont la majorité qualifiée d’analphabètes, sont facilement manipulables. Du coup, la corruption est le maître du jeu au sein de la 6ème législature de la République centrafricaine. Le comble est que l’institution a du mal à fonctionner et perd sa crédibilité.
Aujourd’hui, nombreux sont les Centrafricains qui se posent la question sur l’image de l’institution et de la qualité des députés qui la composent. Tout porte à croire que certains députés dont la plupart ont été mal élues lors des élections passées n’ont pas les qualités requises pour représenter le peuple centrafricain dans cette haute institution de la République.
Nombre d’eux ont eu la bénédiction de la Cour Constitutionnelle de Transition pour se présenter aux élections et ont également eu la bénédiction de celle-ci pour être élus avec les mains salles. Or, ceux-là même qui ont des affaires pendantes à la justice pour de nombreux cas de vol, escroquerie, abus de confiance, détournement de deniers publics, faux et usage de faux, corruption, trafic d’influence qui sont les critères d’inéligibilité, se retrouvent aujourd’hui à l’Assemblée nationale.
Au-dessus tout, l’on se demande où va-t-on avec cette guerre fratricide au sein du perchoir de l’Assemblée nationale ? Dans l’intérêt de qui le perchoir de l’Assemblée nationale doit-t-il entre-déchirer ?

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