La situation sécuritaire en Centrafrique demeure volatile tant dans la capitale qu’à l’intérieur du pays après les semaines de violences et d’affrontement. Une situation que la MINUSCA n’arrive pas à convaincre la population du point de vue de son action opérationnelle. Lors de sa traditionnelle conférence de presse animée tenue ce 14 octobre 2015 à son siège à Bangui, la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSC) a annoncé le retour progressif à la normale dans le pays alors le pays est sous menace de l’infiltration d’un groupe rebelle dans la capitale.
Le mandat de la MINUSCA étant d’assurer la protection de la population civile centrafricaine est encore loin d’être appliqué à la lettre. Les derniers évènements qui se sont produit à Bangui portent à croire que la MINUSCA n’est prête dans la logique de faire cesser les violences en République centrafricaine. A Sibut où le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC), une dissidente de l’ex rébellion seleka a montré son ambition de reprendre le pouvoir à Bangui, la MINUSCA n’a pas fait le front jeu au début de cette menace.
Lors de ces évènements, tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays, l’on a constaté la passivité des éléments de la MINUSCA de réagir pour venir au secours de la population sans défense. C’est ce que dénonce la société civile centrafricaine qui réclame de la MINUSCA l’application de son mandat.
« Nous dénonçons le fait que les éléments de la MINUSCA se réfugient toujours dans leurs engins blindés dès qu’il y a crépitement d’armes que ce soit dans la capitale ou dans l’arrière-pays » a déclaré Bernice OUANGO-NDACKALLA la présidente du G23, membre du Groupe de Travail de la Société Civile.
Sur la situation de la ville de Sibut avec le FPRC qui était en route, à 186 km pour Bangui, le lieutenant-colonel Adolphe MANIRAKIZA, porte-parole militaire de la MINUSCA, a fait le point sur la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment à Bangui et dans le pays. Il a annoncé le retour progressif au calme à Sibut où les forces internationales ont affronté, le 10 octobre 2015, les éléments armés du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC).
« Les éléments de FPRC venaient de forcer le passage malgré l’ultimatum des forces internationales, pour se rendre à Bangui en passant par les chemins de transhumance. Certains, dont le nombre n’est pas encore connu, sont morts, d’autres blessés, et 08 éléments parmi lesquels 05 blessés, se sont rendus aux forces de la MINUSCA qui leur ont administré les premiers soins. Le Chef du FPRC a par la suite demandé un cessez-le- feu, pour récupérer et enterrer les morts, faire soigner les blessés et organiser le reste de ses hommes pour rejoindre les lieux respectifs de provenance » a expliqué lieutenant-colonel Adolphe MANIRAKIZA
Accorder le cessez-feu au groupe de bandits est un acte de complicité à l’instabilité dans le pays alors un nombre important de ces rebelles ont pu infiltrer dans la capitale, selon nos informations. L’attitude passive des forces onusiennes donne l’occasion aux groupes armés en Centrafrique de tenter par tous les moyens de déstabiliser le pays.Ce qui fait que depuis son opérationnalisation en Centrafrique, la MINUSCA n’arrive pas stabiliser le pays permettant au aux autorités de la transition de mener à bien le processus politique conduisant aux élections.
Par ailleurs, le porte-parole de la Mission onusienne, Hamadoun Touré, a indiqué que la MINUSCA était encouragée par les avancées du processus électoral, dans le cadre de l’enregistrement des électeurs où l’on a noté plus de 1,8 million d’inscrits.
Il a estimé que « c’est la volonté du peuple centrafricain de vouloir sortir de la crise par la voie des urnes ». C’est dans ce sens que la MINUSCA accompagne, selon Hamadoun Touré, les autorités de transition pour la tenue d’élections libres, justes, régulières, transparentes et inclusives.
Sur les événements du 26 septembre dernier à Bangui, la MINUSCA n’a pas fait ce qu’il fallait pour faire cesser le regain de violences ayant conduit à beaucoup de pertes humaines. Ce qui a poussé la population à jetter de pierre sur le convoi des forces onusiennes qui patrouillent la ville de Bangui. Le Commissaire de la Police de la MINUSCA Luis Miguel Carrilho a tergiversé sur la question de l’inaction de la MINUSCA au moment de ces tensions dans la capitale.
« Si la Minusca n’était pas intervenue, la crise allait prendre une autre ampleur », a répondu le Commissaire Carrilho.
Face cette configuration des choses qui se présente aujourd’hui, le redéploiement des Forces armées centrafricaines (FACA) s’impose comme le réclame toujours la population. L’on déplore le fait que le redéploiement des FACA et leur réarmement se heurte à une méfiance voire un refus de la communauté internationale en dépit de leur réhabilitation en bonne voie.
Eric NGABA