Centrafrique : Entretien : «A 100 jours bientôt de son entrée en fonction, la situation de l’insécurité demeure toujours une préoccupation importante, et en plus la suspension du processus du DDR », atteste monsieur Sylvain Sami, président du Mouvement Centrafricain pour l’Union et la Réconciliation(MPCUR).
Depuis trois mois après l’élection d’un président démocratiquement élu en Centrafrique, le pays semble guetté par un retour de la violence qu’il a connu depuis trois ans à travers des conflits intercommunautaires suite au renversement de l’ex président François Bozizé par les rebelles de la Seleka en Mars 2013 qui avaient pris le pouvoir. Selon plusieurs experts sécuritaires citant des sources proches de la présidence, le nouveau président de la république centrafricaine semble écouté les solutions que lui propose son peuple qui selon la même rumeur pourrait remercier huit de ses ministres dont celui de la défense, des sports et de la jeunesse et celui de la santé jugés incompétents pour mettre la locomotive du pays sur des rails. Pour comprendre la situation alarmante qui menace ce pays qui occupe le centre de l’Afrique, monsieur Sylvain Sami, un des futurs challengers politiques de la Centrafrique, président du Mouvement Centrafricain pour l’Union et la Réconciliation (MPCUR) nous détaille de le bilan de la situation à travers un entretien que nous avons pu avoir avec lui.
L’Afrique Adulte: Comment analysez-vous la situation avec le nouveau président?
Sylvain SAMI: C’est depuis plus de trois ans que le peuple centrafricain vit dans cette situation de crise sécuritaire et politique. Tout a commencé par les élections groupées de 2011 qui a vu la victoire de l’ex président Bozizé, où la classe politique centrafricaine demande l’annulation et la reprise, ensuite la revendication des groupes armés à travers la séléka, qui a pu renverser le régime de Bozizé en 2013. Je ne compte pas aller dans les détailles mais l’ancien Premier ministre sous le régime Bozize et aujourd’hui président de la République Centrafricaine, Faustin Archange TOUADERA a bien connaissance de la situation.
A 100 jours bientôt de son entrée en fonction, la situation de l’insécurité demeure toujours une préoccupation importante, et en plus la suspension du processus du DDR.
Avec un décollage timide de la politique sécuritaire, je m’interroge sur la détermination des autorités en charge de la sécurité à vouloir endiguer et neutraliser ces groupes armés.
L’Afrique Adulte: Avez-vous confiance à cette alternative?
Sylvain SAMI: Le Mouvement du Peuple Centrafricain pour l’Union et la Réconciliation (MPCUR) que je dirige a encouragé et soutenu le Président Touadéra lors des élections présidentielles, même si je me suis retiré de la course, nous avons confiance et je garde espoir, afin qu’il puisse réussir à ramener la paix dans notre pays.
L’Afrique Adulte: Quels sont les problèmes de la RCA?
Sylvain SAMI: La RCA est l’un des pays qui regorge un immense trésor en matière première et autres ressources. Et par conséquent les grandes puissances se bataillent par tous les moyens pour s’accaparer de ces richesses et c’est le peuple qui paye la facture.
Une absence de lobby centrafricaine forte, soudé et déterminé pour faire face à cette situation que traverse le pays depuis des dizaines d’années. Un manque de formation, de transmission du savoir et de transfert de technologie pour répondre aux besoins de développement.
L’Afrique Adulte: Beaucoup d’analystes parlent d’un profond conflit religieux entre musulmans et chrétiens en RCA?
Sylvain SAMI: Analystes vous dites ? Les musulmans et les chrétiens ont toujours cohabité dans une bonne cohésion sociale. Je vous le dit qu’aujourd’hui, ce qui se passe en Centrafrique n’est pas un conflit religieux, mais plutôt au nom de la religion certaines personnes ou groupes mal intentionnés manipulent les autres pour commettre des actes barbares, afin d’en tirer des profits financiers voir butin de guerre.
L’Afrique Adulte: Où en sommes-nous avec ce problème?
Sylvain SAMI: Les différentes représentations religieuses, ont fait un travail de sensibilisation sur le terrain et il faudra beaucoup du temps pour que ce nuage noir se dissipe.
En priorité les autorités doivent d’abord régler la question sécuritaire, tout en mettant en œuvre des projets permet tant aux différentes communautés de se rassembler et de partager. Et surtout d’appliquer le processus du désarmement.
L’Afrique Adulte: Parmi le gouvernement du nouveau régime on nous parle des ministres incompétents qui pourront peut être se voir remercier par le président Touadera ? Qu’en pensez-vous?
Sylvain SAMI: Le président devra poursuivre ces projets avec des personnalités répondant aux objectifs escomptés, car le peuple attend des résultats concrets, visibles, et la situation critique actuelle est loin d’en être le cas.
Il aura des choix difficiles à faire, mais il en va de sa crédibilité et de la survie de sa présidence.
L’Afrique Adulte: Est-ce que vous pensez qu’avec le nouveau régime on peut s’attendre à espérer voir des bons projets politiques pour la paix et la stabilité en RCA?
Sylvain SAMI: J’ai espoir en notre Président Faustin Archange TOUADERA et aux différents projets, mais ce qui compte vraiment maintenant est de les mener avec des hommes et des femmes capables. Et agir avec détermination, force pour retrouver la paix, la stabilité et le retour des centrafricains qui ont fuit leur pays à cause de cette crise.
L’Afrique Adulte: Parlez nous de la situation des réfugiés centrafricains où sont-ils?
Sylvain SAMI: Il y a actuellement des milliers des centrafricains qui ne dorment pas chez eux. On parle des refugiés interne et externe. Internes sont ceux qui se trouvent actuellement sur les sites des déplacés dans le pays et l’externes sont ceux qui sont hors du pays, presque un million dans le monde. Nombreux d’entre eux ont perdu le peu qu’ils avaient et demeurent encore inquiet sur la situation du pays pour leur retour.
L’Afrique Adulte: Quels sont les problèmes auxquels ils font face?
Sylvain SAMI: Ils sont confrontés à des difficultés d’ordre financières, alimentaire,sanitaire, d’activité rémunératrice, d’habitation, discriminatoire et ne sentent pas en sécurité.
L’Afrique Adulte: Quel est votre message à l’endroit des autorités de votre pays et à l’endroit de la communauté en faveur de la paix?
Sylvain SAMI: Je lance un vibrant appel aux autorités centrafricaines d’agir avec sang froid, une grande fermeté et prendre à bras le corps l’enjeu sécuritaire, car sans cela nous risquerons de replonger dans un regain de cycle de violence. Je suis disposé à leur apporter tout mon soutien et participation pour une réponse claire et forte sur le volet sécurité.
J’invite la communauté internationale à prendre vraiment conscience des risques si elle ne prend pas son rôle au sérieux et d’agir en toute honnêteté en respectant le droit peuple.
De redonner aux forces armées centrafricaines tout les moyens nécessaires et de les appuyer pour protéger la population.
L’Afrique Adulte: Qu’est ce qui caractérise le peuple centrafricain ? Comment le qualifiez-vous ? Qu’est-ce que vous lui promettez dans le futur en tant qu’homme politique ?
Sylvain SAMI: Le peuple centrafricain est un souverain, nous devons la lui montré. Il aspire à la liberté, à l’amour et au développement. C’est une fierté pour moi que demain de servir mon pays et aider mes chers compatriotes à vivre dans des conditions décentes, en toute sécurité et harmonie sociale.
Vive la jeunesse, vive le peuple et vive la République Centrafricaine.
Propos recueillis par Mohamed Ag AHMEDOU