Son excellence Pr. Faustin Archange Touadera,
En faveur des réfugiés centrafricains en général, et de ceux du mali en particulier.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État,
Voilà quatre(04) jours passés déjà que nos compatriotes centrafricains réfugiés au Mali, demandeurs d’asile pour la majorité et réfugiés reconnus comme tels pour la minorité, accompagnés des enfants en bas âges, dorment à la belle étoile dans une rue de Bamako, en face des bureaux du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés(HCR), ceci sous la pluie, les moustiques, et autres intempéries novices à la vie.
De plus, l’émotion provoquée dans l’opinion par les images et vidéos de ces derniers diffusées sur les réseaux sociaux, et qui qui ont défrayé la chronique ces derniers 72heures n’ont pu laisser indifférent même le plus insensible des êtres humains, et certainement pas nous autres centrafricains.
Voilà pourquoi en désespoir de cause, et après avoir vainement tenté de vous approcher depuis 48h par l’intermédiaire d’un de vos conseillers dont nous tairons les noms, et étant donné que cette situation est l’une des plus importantes qui requière toute notre attention, nous nous sommes résolus à vous interpeller, par voie de presse à travers la présente lettre S.O.S
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nos compatriotes du Mali vont mal! Très mal ! Ils vivent depuis quatre(04) jours une situation très difficile, précaire, sans nourritures, et dans des conditions hygiéniques inacceptables parce que inhumaines. Ils ont pour certains des enfants en bas âges, et pour d’autres des enfants en âge d’aller à l’école, mais qui hélas n’iront certainement pas cette année à l’école faute de moyens.
La majorité de ceux rencontrés par les membres de notre ONG au Mali n’ont qu’un slogan dans la bouche: « Passi ni Gué a Hon ndo-ni, É yé ti Kiri na Ködrö ti é!«
Sans doute un slogan émotionnellement bouleversant, Excellence Monsieur le Président, mais il y a pire, car comment seriez-vous si vous voyez cette vidéo des parents centrafricains, adultes de leurs états, et qui pleurent comme des enfants parce que ne sachant ou aller?
Comment seriez-vous, Excellence, face à la vidéo de cette maman sexagénaire malade, qui manque de médicaments, et qui pleure aussi en criant au secours?
Une autre vidéo triste, celle d’une jeune mère centrafricaine qui tente d’allaiter ses deux enfants, et qui peinent eux à trouver du lait dans le sein de leur mère, simplement parce que cette dernière aurait fait deux jours sans rien manger, et donc son corps incapable de produire du lait?
Bref, tout ceci pour vous dire à quel point nos compatriotes réfugiés au Mali souffrent en ce moment, et les faits sont bien pires que ceux décrits sur les réseaux sociaux.
Et pour nous autres centrafricains, l’urgence de la situation est telle que des mesures pratiques, mêmes préliminaires soient-elles, doivent immédiatement être prises, car pas besoin de vous rappeler, Monsieur le Président, qu’il s’agit premièrement des êtres humains, mais de surcroît de nos compatriotes, et ils méritent donc premièrement, face à cette situation de précarité, notre soutien moral, mais bien plus, notre aide pratique.
Excellence Monsieur le Président,
Le HCR quant à lui semble vraisemblablement être dépassé par cette situation, et les autres organisations maliennes pour les réfugiés semblent impuissantes elles aussi. Et cela peut s’expliquer, car sans vouloir dédouaner qui que ce soit, tant du HCR que des autres organisations maliennes pour les réfugiés, de leurs responsabilités respectives vis à vis de la situation qui prévaut, nous avons souvenance qu’en Avril dernier, et le 18 plus précisément, le Bureau du HCR à Washington interpellait ses donateurs, bailleurs et autres organisations internationales pour un besoin de 79 milliards de dollars devant lui permettre de poursuivre ses opérations humanitaires en faveurs des réfugiés du monde jusqu’à la fin de cette année.
Plus encore, au cours de son intervention lors du tout 1er Sommet humanitaire mondial des chefs d’États qui s’est tenu à Istanbul le 23 mai dernier, votre homologue le Président Malien, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita alertait la communauté internationale de l’urgence et la nécessité de renforcer la cohérence et l’efficacité dans les interventions humanitaires en Afrique.
Tout ceci pour emmener à penser que ces organisations, notamment le HCR et les autres organisations maliennes pour les réfugiés, seraient réellement peut-être dépassés par les événements actuels, et que les premières urgences de l’heure devraient être prises en charge par les États dont ressortent les réfugiés.
Voilà pourquoi l’ONG Diaspora Centrafricaine É Kiri Na Ködrö vous demande très solennellement, Excellence Monsieur le Président, d’agir sans attendre !
Nous n’ignorons pas Monsieur le Président, que votre volonté manifeste à l’endroit de vos compatriotes, tant ceux de l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, est grande. Et j’en veux d’ailleurs pour preuve de cette volonté manifeste, la création sous votre initiative à Bangui, de deux comités de gestion de la question des réfugiés, et des déplacés, dont l’une stratégique et gérée par la ministère des Affaires sociales, Madame BAIKOUA Virginie, et l’autre technique, et gérée par vous-même.
Et même, qui n’a pas souvenance de votre discours d’investiture, et dans lequel vous annonciez comme étant l’une de vos priorités, la volonté manifeste de voir vos compatriotes réfugiés et déplacés, retourner au pays?
Aujourd’hui Excellence Monsieur le Président, permettez-nous de vous le dire, que cette volonté face à l’urgence actuelle semble ne pas vite porter ses fruits. Il va falloir changer votre fusil d’épaule, et de sortir de la théorie pour la pratique.
Il faut agir, et c’est maintenant.
Aussi, et toujours dans cette perspective d’agir, l’ONG Diaspora Centrafricaine É Kiri na Ködrö, et qui est déjà à l’œuvre sur le terrain surplace à Bamako, pense pouvoir accompagner toute action que vous envisagerez bien de mener, ceci pour une réussite, car à notre niveau, nous avons mené des études préliminaires et au cas par cas pour chacune des personnes dans cette situation précaire, car vous ne vous en doutez certainement pas que chaque demandeur d’asile ou réfugié, a un profil différent de l’autre.
Excellence Monsieur le Président le Président de la République,
Le situation des réfugiés centrafricains du Mali est pour l’heure le cas le plus urgent, certes, mais il n’en demeure cependant pas moins que ce n’est pas le seul cas, car, il y a des compatriotes centrafricains demandeurs d’asile ou réfugiés dans les pays comme le Bénin, le Togo, le Ghana, le Burkina Faso, le Niger, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Gabon, le Congo, le Cameroun, la RDC, le Tchad et même le Soudan, ou vous étiez en visite récemment… Bref, la liste est longue, et qui vivent dans des conditions parfois pires que celles des frères centrafricains au Mali, mais qui n’osent pas le crier, car n’ayant plus de force.
Ceci étant, l’ONG Diaspora Centrafricaine É Kiri Na Ködrö compte dans les jours à venir, et avec l’aide de certains partenaires, et des âmes de bonnes volontés qui répondent à son appel, d’organiser son tout premier convois humanitaire dénommé « É KIRI NA KÖDRÖ, 1er Convois » en direction de Bangui, et à l’attention bien-sûr de tous les compatriotes centrafricains, ceux-là qui manifesteront volontairement et sans aucune contrainte de l’ONG, le désire de rentrer.
Approximativement une cinquantaine de compatriotes seront sélectionnés au Bénin, Togo, Ghana, Burkina-Faso etMali. Le transport sera gratuit pour tous, mais chacun se prendra en charge sur le plan alimentaire, ceci durant le voyage.
Nous vous informons à toute fin utile de cela, Excellence, afin que vos prières nous accompagnent, mais aussi qu’un accueil chaleureux soit si possible réservé à tous ceux qui arriveront.
Enfin, Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État,
Tout en espérant que la tonalité de nos précédents propos seront favorablement accueillis, je voudrais en mon nom propre, et aux noms de tous les membres de l’ONG Diaspora Centrafricaine É Kiri Na Ködrö, vous souhaiter à vous, à tous les centrafricains, et en particulier à nos frères musulmans, une bonne fête de la Tabasky.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine!
Ludovic LEDO, Promoteur de l’ONG « Diaspora E Kiri Na Ködrö »!