Par Mark Karandeu LEBARON
Après des rencontres et entretiens avec l’ensemble de la classe politique, entendez l’opposition démocratique et une frange de la société civile et autres plateformes des femmes, des jeunes et religieux pour la paix et la réconciliation, nombreux sont les observateurs qui s’attendent aujourd’hui à un remaniement. Et cela pour non seulement permettre aux groupes armés signataires de plusieurs accords de cesser avec les plans machiavéliques dont ils sont impliqués déjà pour leur part dans la gestion actuelle du pouvoir, mais aussi et surtout permettre à Touadera de mettre en place une équipe restreinte d’hommes et de femmes qualifiés, capables de relever les multiples défis auxquels la Centrafrique est confronté.
Ce gouvernement que tout le monde souhaite doit tenir compte de certains critères : qui vont, entre autres, de la compétence à l’intégrité morale en passant par l’engagement et le patriotisme.
Nous ne nous lasserons jamais de rappeler que le président Touadéra a été élu sur le bénéfice du doute qu’il était le mieux indiqué pour résoudre les d crises qui restent le talon d’Achille de la RCA à savoir la crise militaro-politique et la corruption, la mauvaise gouvernance. Après vingt quatre mois de gouvernance soit le 1/3 du parcours de son quinquennat, le constat reste amer selon certains compatriotes.
La corruption, la gestion clanique et l’exclusion sont devenus structurels, pratiqués aujourd’hui à ciel ouvert comme en atteste plusieurs témoignages des observateurs politiques, les hommes politiques, les femmes, les jeunes. A cela s’ajoute, la sempiternelle crise dans l’arrière pays qui est toujours sans solution durable.
Le problème s’est surtout aggravé l’entrée au gouvernement, au Palais de la Renaissance et à l’Assemblée Nationale des principaux responsables des groupes armés qui sont nominés par-ci et là.
Quelles doivent être les réformes attendues de la part du Président de la République ?
L’application de l’accord politique signé nécessite non seulement des reformes profondes, mais aussi et surtout une véritable adhésion populaire, notamment de l’opposition démocratique pour que la solution ne devienne pas le problème. C’est pourquoi un gouvernement de combat, plus restreint, plus efficace et plus responsable est souhaité pour mener à bien ces reformes.
Et pour le futur gouvernement, il est essentiel qu’il incarne les valeurs que chaque membre de l’équipe doit avoir. En voici les critères qui doivent servir de boussole au gouvernement attendu :
L’intégrité morale, premier critère
Les Ministres doivent être soumis avant leur nomination à une véritable enquête de moralité sur leur passé et leur présent. De façon à éviter que l’on ne choisisse des Cadres ou personnalités au passé sulfureux dont la présence au gouvernement n’inspirerait pas confiance quant à leur capacité de mener le combat contre les maux dont ils sont eux-mêmes l’incarnation.
La compétence intellectuelle, deuxième critère
Les candidats au gouvernement doivent être soumis à un test oral pour confirmer leur niveau intellectuel (surtout les représentants des groupes armés ou ceux des partis politiques) et leur capacité d’analyse et de discernement des défis de la construction de la RCA. Une culture générale qui leur permette d’appréhender les enjeux géopolitiques et stratégiques dont la Centrafrique est la convoitise.
L’expertise technique, troisième critère
Les candidats aux différents postes ministériels doivent avoir une expertise avérée et une connaissance approfondie et claire des domaines de compétence de leur département. Cela de façon à éviter qu’ils ne soient les otages de leurs conseillers techniques dont ils ne pourront rien contester parce que n’étant pas eux-mêmes du domaine et n’ayant aucune connaissance autre que politique.
Dans cette équipe attendue, comme dans une équipe nationale de Football, on ne vient pas pour apprendre à jouer, mais on vient pour prouver son talent et faire gagner l’équipe.
L’engagement patriotique, quatrième critère
En rapport avec l’enquête de moralité, ce point est très capital surtout pour un pays qui traverse une crise aussi grave que celle que nous connaissons. Aimer le pays suppose que l’on ne vienne pas au gouvernement pour se servir, mais pour servir sa patrie.
Les agents de l’Etat qui amassent des milliards sur le dos des pauvres citoyens ne doivent pas être associés à la gestion de ce pouvoir, ils doivent d’ailleurs répondre de leur enrichissement illicite et leurs crimes commis contre le peuple centrafricain.
Le respect de l’équilibre régional et ethnique, cinquième critère
Même si ce sont des choses non dites et non écrites, il faut dans la mise en place du gouvernement respecter l’équilibre régional et ethnique. Contrairement à ce que semble supposer certains, en demandant de « favoriser une plus grande représentativité des minorités qui sont d’ailleurs les bourreaux du peuple centrafricain » au détriment de toutes autres compétences. Toute chose qui viole le principe républicain de l’égalité de chances d’accès aux fonctions publiques de l’Etat.
Le respect du fait majoritaire, sixième critère
Dans une démocratie qui marche sur ses pieds, le choix du président en ce qui concerne le chef de l’équipe gouvernementale doit toujours respecter la volonté politique du peuple telle qu’exprimée par le suffrage des urnes. Une intelligence de choix qui éviterait les risques de cohabitation et de motion de censure pour un pays déjà fragilisé.
En définitive, il convient de rappeler que la principale tâche du futur gouvernement sera le relèvement définitif du pays. Il devra s’attaquer, en priorité, aux grandes réformes constitutionnelles, institutionnelles et politiques.
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