Par Erick NGABA
Bangui 13 octobre 2018—Ndjoni Sango : Le ministre des transports et de l’aviation civile, Theodore Jousso, est déclarée persona non grata par le personnel de son département. En exigeant son limogeage, celui-ci lui reproche beaucoup de faits liés aux malversations financières, au clientélisme et le népotisme. Il y a des faits et chiffres pour comprendre cette affaire mettant en lumière la responsabilité du ministre Jousso.
Tôt le matin du lundi dernier à l’heure où les fonctionnaires et agents de l’Etat se rendent sur les lieux de travail, le personnel du département des transports et de l’aviation civile a déclenché une grève demandant le départ du ministre de tutelle. Il reproche au ministre la malversation financière et détournement, corruptions et escroqueries, mauvaise gouvernance, gestion chaotique de l’administration, de clanisme, de népotisme, et de dysfonctionnement.
Malversations financières et détournements
Un mémorandum remis au président de la République par le syndicat du département fait état de l’opacité dans la gestion de plus de 4.000.000.000 francs CFA sur le compte de SODIAC domicilié à Genève en Suisse. Selon le document, cette somme fait l’objet des prélèvements de temps en temps pour financer les missions du ministre Jousso, les voyages de sa femme, et d’autres besoins personnels. A en croire les responsables du syndicat, ces prélèvements se font avec la complicité du Directeur Général de SOCIAC, Roger Nelo.
Le syndicat du département des transports et de l’aviation civile a indiqué dans le document que, sur la taxe de sûreté aéroportuaire, et en plus d’une indemnité mensuelle et d’autres frais, il y un octroi mensuel de 3.000.000 de francs CFA au ministre Jousso.
« A titre d’exemple, nous disposons de l’autorisation de dépense de mois de février 2018, alors que la taxe de sûreté est reversée sur le budget de l’Etat », mentionne le syndicat avant d’ajouter que le Comité national de sûreté de l’aviation civile ne fonctionne pas.
Au total, plus de 6.000.0000 de francs CFA sont réservés mensuellement pour le ministre depuis sa nomination en 2016, alors que, selon le syndicat, le matériel de sûreté aéroportuaire dont Rayon X et Portique sont obsolètes. Le syndicat a fait savoir qu’il y a un détournement de 60.000.000 de francs CFA de l’appui institutionnel de 100.000.000 de francs CFA versés chaque année par l’ASECNA pour doter le ministère en moyen de fonctionnement. Car, a fait savoir le syndicat, le ministre Jousso est le seul gestionnaire de cette somme versée sur un compte à la CBCA, alors que, selon toujours le syndicat, le ministère des finances a interdit les comptes ouverts au nom des ministères.
Le syndicat informe que l’ASECNA verse mensuellement 6.450.000 au ministre Jousso. Or par le passé, explique le syndicat, cette somme était repartie entre les cadres de l’aviation civile.
En outre, le syndicat a fait savoir dans le document qu’il y a un détournement de 60% de la redevance annuelle de concession versée par la société AHS dont le contrat a été reconduit par le ministre contre l’avis des experts du département. Le syndicat dénonce une gestion solitaire par le ministre des fonds alloués à la cellule de développement par voie d’eau pour son fonctionnement. Au-delà, le syndicat ajoute qu’il y a un détournement des fonds alloués par la SOCATRAF et les fonds d’entretien routier.
Dans ce document contenant des données de malversation financière, le syndicat indique que le ministre Jousso a mis à la disposition de sa femme un véhicule Prado acheté par la SOCATRAF.
Corruptions et escroqueries
Le syndicat du département des transports a fait savoir que l’Opérateur Alpha Airport a versé au ministre Théodore Jousso pour cachet la malversation de Guy Nelo, Directeur Général de la SODIAC qui a acheté auprès de cette société deux (2) tapis de livraison de bagages et de 10 banques d’enregistrement pour un montant de 600.000.000 francs CFA, qui ne sont jamais installés.
En outre, le syndicat a indiqué que plus d’une centaine de million de francs CFA a été versée au ministre Jousso par la société Al-Madina pour l’attribution des contrats de concession de service public de fourniture des titres de transports, de plaques d’immatriculation et d’emboutissage des caractères sur les plaques d’immatriculation.
Le syndicat poursuit qu’entre temps, des montants inestimables de pot de vin ont été versés au ministre Jousso par les sociétés SOCAFODOS, CCSS, et Global Busness qui se sont vus leurs contrats de concession de service public résiliés de manière unilatérale par le ministre en question.
Dans le même syllage, le syndicat a fait savoir que plusieurs centaines de millions ont été empochés par le ministre Jousso pour l’octroi des marchés publics, comme le scandale de 500.000.000 de francs CFA versés par l’entreprise chinoise pour l’obtention du marché de bitumage de la route Bouar-Baoro à l’ouest de Centrafrique.
Le syndicat évoque aussi une surfacturation de la reprise des travaux du siège de l’ANAC et de SODIAC, avec un montant de 135.000.000 de francs CFA partagés entre le ministre Jousso, un conseiller à la Primature, le Directeur Général de l’ANAC, et le Directeur Général de SODIAC.
Plus de 44.000.000 de francs CFA, ont été empochés par le ministre Jousso, d’après le syndicat qui fait savoir que cette somme a été versée par la société Al Madina et les sociétés sous tutelles pour le lancement officiel de l’édition des titres de transport sécurisés.
Mauvaise gouvernance et gestion chaotique de l’administration
Depuis sa nomination à la tête des deux départements des travaux publics et des transports, et suite à l’éclatement de ces deux départements, le syndicat a indiqué que le ministre Jousso refuse de travailler avec les cadres du ministère des transports, et choisit ses collaborateurs parmi les gens qui lui sont fidèles.
« Suite à la division des deux ministères, il a essayé de remplacer le Directeur de cabinet Jacques GO-AIAM nommé par décret par monsieur Joachim Biguet qui est inspecteur en matière d’équipement au ministère des travaux publics et de l’entretien routier. Cette tentative n’a pas marché, le ministre ne collabore plus avec son Directeur de cabinet Gom-AIAM, mais avec l’inspecteur central Biguet des travaux publics avec qui il part en mission pour le comité des ministres des transports de l’ASECNA, alors que c’est une mission réservée aux cadres de l’aviation civile », a indiqué le syndicat dans le document ajoutant que c’est l’inspecteur Biguet qui a représenté le ministre Jousso à la commission d’intégration pour placer les gens du ministère ainsi que sa propre femme alors qu’il y a des stagiaires des transports depuis très longtemps.
De surcroît, le syndicat a fait savoir que le ministère n’a connu le mouvement du personnel après l’éclatement du ministère des transports, de l’aviation civile, de l’équipement et du désenclavement.
De tous ces faits, le personnel du ministère des transports et de l’aviation civile exige le départ du ministre Theodore Jousso. Par la même occasion, il demande la poursuite judiciaire contre le ministre. Pour l’heure, le personnel n’attend que la décision du Président de la République, Faustin Archanage Touadera, quant à son limogeage.