Par Mamadou NGAINAM
Bangui 27 février 2019–(Ndjoni Sango): Après la signature de l’accord de Khartoum le 6 février, symbolisant l’entente entre Bangui et les leaders de groupes d’opposition, des délégations officielles étrangères viennent en RCA une après l’autre. Les délégués veulent étudier de plus près les conditions de l’accord et analyser le climat social en RCA.
Le constat est clair : la république est sur le chemin de la réconciliation nationale. C’est une première étape de son développement. En même temps, elle aura besoin du soutien de ses partenaires.
Il s’agit, en particulier, du financement de la RCA par des entreprises occidentales et les Etats. Sous prétexte d’une aide, ils vont très probablement octroyer des emprunts sous des conditions accablantes afin que le pays redevienne dépendant. Et c’est inadmissible.
Ainsi, le troisième et dernier jour de visite de la délégation officielle de l’ONU, une conférence de presse a eu lieu à Bangui en présence d’Omar Hilale, l’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Oscar Fernández-Taranco et Bintou Keita, assistants auprès de l’ONU. Lors de la rencontre avec des journalistes, les délégués ont raconté qu’ils avaient eu des réunions avec le président Faustin-Archange Touadera, des représentants de l’Assemblée nationale, des membres du gouvernement et de la société civile. A la fin, les délégués ont déclaré qu’ils soutenaient les accords de Khartoum et étaient prêts à contribuer à leur réalisation.
Les Etats-Unis ont également félicité les autorités centrafricaines pour la signature du document historique. D’après les Américains, l’accord de paix est une étape importante vers le rétablissement de la stabilité dans le pays. Ils considèrent pourtant que sa réalisation peut être sous risque, c’est pourquoi ils ont promis de s’engager dans le « renforcement de la stabilité en RCA ».
Pour cela, les Etats-Unis ont proposé au gouvernement de la république une coopération globale. Ils ont remercié l’Union africaine et la MINUSCA de leur apport dans la stabilisation de la situation en Centrafrique et de leur « adhérence personnelle dans le processus de paix ».
Mais derrière ces déclarations vives en optimisme, c’est la position des Etats-Unis qui est intéressante. Longtemps inaperçus, ils ne se décident à un discours qu’après la signature de l’accord.
Ils espéraient, peut-être, que le document ne serait pas signé. Mais l’Union africaine en coopération avec la Russie et le Soudan, que les Américains ont oublié de mentionner dans leur discours, avaient réussi à finaliser par un accord de paix.
Les Etats-Unis sont obligés maintenant de proposer une coopération avec la Centrafrique et ne peuvent plus établir leurs règles, comme le faisait la France auparavant.
Mais de quel droit les Etats-Unis se mettent dans le renforcement de la stabilité en RCA, si cela n’est pas demandé ? D’autre part, le rôle de la MINUSCA est minime dans le rétablissement de paix.
D’après les locaux, la mission onusienne ne ramène que le chaos dans la république. Si l’on parle de la sécurité et de la conciliation de parties en conflit, elle n’aura pas de succès non plus. A travers ces déclarations les Américains prouvent qu’ils préfèrent le rôle de la police internationale plutôt que d’apporter une aide tangible.
Selon certains diplomates, les Etats-Unis ont volontairement exclu la Russie et le Soudan de leur discours de félicitations, quand ils félicitaient l’Union africaine et la MINUSCA de leur adhérence au processus de paix. Sauf que l’apport de Russie dans l’organisation des pourparlers de Khartoum était important.
Il semblerait que les Etats-Unis et leurs amis français soient frustrés par les Russes. Or, leur présence empêche à l’Occident de se servir de la RCA.
Les Américains aussi bien que les Français ne cachent plus leur hypocrisie frappante. Elle était présente même lors des négociations à Khartoum, où la participation de l’ONU se limitait en prise de photographies pour les médias occidentaux.
¢Mais aujourd’hui ils se permettent des déclarations qu’ils soutiennent la RCA à rétablir la paix. Et ne serait-ce le moment de changer les politiques de déclarations hypocrites ?
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