Par Mamadou NGAÏNAM
Bangui 1er aout 2019— (Ndjoni Sango) : une enquête du Programme Alimentaire Mondial (PAM) du décembre 2018 a indiqué qu’un (1) ménage sur deux (2) en République centrafricaine est en insécurité alimentaire à travers le pays. Les résultats de l’évaluation ont indiqué que la moitié de la population est en insécurité alimentaire, soit 2.1 millions personnes.
La situation de la sécurité alimentaire reste préoccupante. Environ 320 000 personnes, soit 7 pour cent de la population, sont en insécurité alimentaire sévère. Ces ménages ont une consommation alimentaire très déficiente, d’après cette enquête réalisée avec l’aide de l’Institut centrafricain de Statistique (ICASEES).
« ils sont très vulnérables économiquement et recourent à des stratégies de survie d’urgence comme la mendicité ou de crise comme la vente des biens productifs qui menacent de manière irréversible leurs moyens d’existence futurs », lit-on dans le rapport.
Au niveau nutritionnel, il ressort de l’enquête SMART conduite en décembre 2018, la prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans reste très élevée à 38% au niveau national.
« Cette situation expose les enfants au risque élevé de mortalité si des dispositions urgentes ne sont pas prises en termes de prévention et de prise en charge », a estimé l’enquête dénommée SMART.
D’après les résultats de la SMART, on estime à plus de 110 000 les enfants qui sont exposés à la malnutrition aigüe dont 45 000 qui sont atteints de malnutrition sévère et plus de 65 000 qui sont atteints de malnutrition modérée.
Mauvaises conditions d’hygiènes et d’assainissement
En plus des problèmes d’accès à l’alimentation, l’enquête a révélée que la prévalence élevée de la malnutrition est causée par les mauvaises conditions d’hygiènes et d’assainissement. 30% de la population n’a pas accès à une latrine à l’échelle national. L’accès à l’eau potable est limité, 50% des ménages n’ont pas accès à une source d’eau potable au niveau national.
Les zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition
L’analyse de l’insécurité alimentaire met en évidence des disparités importantes. L’insécurité alimentaire est supérieure à 60% dans les préfectures de la Basse Kotto, la Nana Gribizi, le Haut Mbomou, la Ouaka, l’Ouham Pendé, l’Ouham et la Haute Kotto.
Les préfectures avec le plus grand nombre de personnes en insécurité alimentaire sont l’Ouham Pendé avec 336 000 personnes, l’Ouham avec 286 000, l’Ombella M’Poko avec 237 500, la Ouaka avec 216 000 et la Basse Kotto avec 213 000 personnes.
D’après l’enquête, ces cinq préfectures totalisent à elles seules plus de la moitié des personnes en insécurité alimentaire dans le pays. L’enquête a préconisé que les interventions humanitaires devront prendre en compte cette dimension importante surtout dans un contexte de rareté des ressources.
Les raisons de l’insécurité alimentaire
L’enquête a indiqué que le recul de l’accès aux champs entraine cette insécurité alimentaire. Car, l’agriculture joue un rôle central dans les moyens de subsistance de la majorité de la population centrafricaine. De ce fait, l’accès à la terre est essentiel pour la relance agricole. La multiplication des affrontements intercommunautaires dans plusieurs localités du pays, la persistance de l’insécurité, les récurrences des mouvements forcés de population poussent les agriculteurs à se replier sur des cultures peu rémunératrices comme le manioc.
Pistes de solutions
Suite à l’analyse des résultats de cette enquête, les recommandations ont été faites pallier ce problème. L’enquête recommande de poursuivre l’assistance alimentaire d’urgence au profit des déplacés et des ménages très pauvres, prioritairement dans les préfectures à forte prévalence d’insécurité alimentaire ainsi que dans les zones avec des populations totalement enclavées.
D’après les résultats de l’enquête, il faut renforcer le mécanisme de ciblage des bénéficiaires en mettant l’accent sur les populations les plus touchées par le spectre de l’insécurité alimentaire. Il faut fournir un appui, une subvention en semences de contre-saison et engrais, particulièrement au profit des agriculteurs pauvres.
Il est recommandé dans l’enquête de renforcer les ressources et la capacité des structures sanitaires afin de permettre aux populations vulnérables d’avoir un accès adéquat à des soins vitaux. Il faut, d’après cette enquête, améliorer l’approvisionnement en eau, la sensibilisation sur l’hygiène et l’assainissement.
Les recommandations de l’enquête ont préconisé qu’il faut renforcer la protection des populations dans ce contexte de violence en mettant un accent particulier sur les femmes et les enfants qui sont les premières victimes des exactions commises par les groupes armés.