Par Ndjoni Sango
Le 14 mars dernier, la République Centrafricaine a enregistré son premier cas de Coronavirus sur un sujet italien, suivi de deux cas récemment annoncé par le gouvernement centrafricain dans un communiqué de presse. La Centrafrique devient 26e pays africain touché par le Covid-19. Ceci étant dit, on dénombre plus de 500 cas, dont 15 décès en Afrique.
A ce jour, il n’existe pas de vaccin ni de traitement spécifique contre le Coronavirus Covid-19. Les traitements administrés aux personnes infectées sont donc symptomatiques (Oms, 2020).
Dans sa déclaration à la nation le 19 mars dernier, le présent Touadéra annonce certaines mesures, consistant : « le renforcement des mesures d’hygiène hospitalière et de protection des agents de santé et des professionnels de santé ; la restriction des visites dans les hôpitaux ; le renforcement de l’hygiène publique, notamment par le renforcement des dispositifs d’hygiène dans les édifices publics ; la suspension des salutations à la main ; l’interdiction des accolades ; l’installation de dispositifs de lavage des mains dans les lieux publics (bureaux, entreprises, lieux de cultes) ; l’application obligatoire de la quarantaine pour toute personne entrant sur le territoire en provenance des zones à transmission locale de l’épidémie COVID-19 ou ayant séjourné dans de telles zones, sans distinction de position sociale ; l’interdiction de tous les voyages vers des pays à transmission locale de l’épidémie COVID-19; l’obligation pour les missions diplomatiques et consulaires, organisations intergouvernementales et ONG de se conformer aux directives nationales et de collaborer avec les autorités nationales pour leur mise en œuvre ; l’obligation pour les compagnies aériennes et autres compagnies de transport de personnes en provenance de pays à transmission locale de l’épidémie COVID-19 ou ayant séjourné dans ces pays, de collaborer avec les autorités sanitaires nationales pour la mise en œuvre des mesures de quarantaine et autres mesures nécessaires à la gestion des risques d’importation de cas ».
Dans ces conditions, à l’échelle internationale, on assiste à des prises de mesures très diverses pour contrôler l’épidémie : fermeture des frontières, des crèches et établissements scolaires, suspension des compétitions sportives et autres grands rassemblements, introduction des contrôles au niveau des frontières, mise en quarantaine de régions entières, etc. L’Oms a exprimé « sa plus grande préoccupation » envers l’Afrique dont « la plupart des pays ont des systèmes de santé plus faibles ». Le continent a été perçu comme le plus grand foyer à risque de propagation de la maladie, lorsqu’on se réfère à ses liens commerciaux très denses avec la Chine.
La nécessité de recourir à la médecine traditionnelle
Selon l’analyse du Prof Roch Houngnihin, anthropologue, Université d’Abomey-Calavi, malgré les mesures prises, le Covid-19 a provoqué au sein des populations des sentiments d’inquiétude et de peur. Il s’est révélé très iconoclaste, induisant des modèles de causalité autochtones (envoûtement, sorcellerie, volonté divine, déni du modèle virologique, etc.).
A ce jour, dans les pays africains, les tradipraticiens sont juste associés pour servir de relais aux institutions publiques pour la diffusion des messages de santé publique. En tant que leaders communautaires, ils sont utilisés à des fins de médiation sociale pour instaurer la confiance nécessaire au contrôle du Covid-19.
Comment mettre à contribution les innombrables ressources dont regorge la médecine traditionnelle? Comment vraiment profiter de ce profil varié de professionnels (phytothérapeutes, psychothérapeutes, spiritualistes, médico-droguistes, etc.) pour une meilleure riposte au Covid-19 ?
Curieusement, à ce jour, aucune institution officielle, ni aucun gouvernement n’a entrevu la contribution de la médecine traditionnelle dans toute son intégralité. Alors même que la médecine traditionnelle continue d’être le premier recours pour la majorité de la population, à travers ses praticiens, ses produits, ses pratiques et ses connaissances thérapeutiques, malgré les prouesses de la médecine dite conventionnelle. Le besoin croissant de solutions aux problèmes de santé inextricables, impose la nécessité de « lorgner» du côté de la médecine traditionnelle.
Faut-il le rappeler, au cours de ces deux dernières décennies, la médecine traditionnelle a connu une importante amélioration dans les pays, du point de vue de la présentation des produits que de celui de l’offre de soins. Cette offre très diversifiée, bénéficie actuellement d’une production semi-industrielle, avec des procédés qui garantissent la stabilité, la standardisation, l’innocuité et l’efficacité.
Cette médecine peu onéreuse (notamment en milieu rural) rencontre de nos jours, des succès incontestables, surtout dans le traitement de certaines maladies spécifiques telles que: les ulcères et plaies dites incurables, les fractures, les maladies non transmissibles (diabète), les maladies de la prostate, les infertilités, les troubles psychiques, les hépatites, la drépanocytose, l’hypertension artérielle ainsi que les affections opportunistes du sida.
Dans le concert des Nations, pour la riposte aux épidémies émergentes, il n’est pas évident que l’Afrique puisse contribuer au développement de traitements synthétiques chimiques et de vaccins. On sait que beaucoup de médicaments et de vaccins contre le Covid-19 sont déjà en expérimentation partout ailleurs dans le monde.
La seule alternative qui s’impose à l’Afrique, c’est de se ressourcer et d’examiner les possibilités que pourrait offrir sa médecine traditionnelle, qui constitue un secteur potentiellement riche, mais peu exploité dans toutes ses composantes.
Pourquoi les Gouvernements africains ne mettent-ils pas à l’épreuve les tradipraticiens ? Pourquoi ne leur donnent-ils pas les moyens pour inventorier les pratiques efficaces et apporter la preuve de l’innocuité, de l’efficacité et de la qualité des remèdes traditionnels ?
Pourquoi ne mettent-ils pas en place un cadre de réflexion scientifique autour des produits de la médecine traditionnelle ?
Car, déjà depuis 1990, l’Oms préconisait l’intégration des guérisseurs traditionnels dans les programmes nationaux de lutte contre les maladies prioritaires afin de rechercher différentes stratégies, les essayer, les évaluer, les adapter et les adopter. Il s’agit d’exploiter les ressources disponibles, accessibles, acceptables et financièrement abordables.
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