Par Cyrille YAPENDE
Bangui 17 avril 2020—(Ndjoni Sango): Le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) , un parti d’opposition, vient de rejoindre le rang de certains autres qui contestent l’initiative entreprise par les députés visant à prolonger par vote, le mandat du Président de la République et celui des parlementaires. Pour cette formation politique, cette pratique met en péril la jeune démocratie centrafricaine. Une position exprimée dans une déclaration solennelle, signée le 14 Avril, par le bureau politique dudit parti.
L’affaire de la prorogation du mandat des institutions républicaines du 30 mars 2016, dans le cas où les élections couplées ne se tiendraient pas dans le délai constitutionnel, comme initié par le 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale, l’un des proches du régime Touadera, Mathurin Dimbele Nakoe, continue de susciter des réactions.
Après la coalition de l’opposition dénommée COD-2020, la société civile et d’autres partis politiques d’opposition, qui animent la galerie politique centrafricaine, c’est le tour du RDC de critiquer ouvertement la démarche menée par certains députés qui ont lancé une pétition devant recueillir les avis de leurs collègues et la déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale.
Le RDC ne pouvant rester insensible à cette pratique selon leurs propres termes, met en péril la jeune démocratie centrafricaine. Pour eux, aux termes de l’Article. 35, al.2 de la Constitution actuelle de la République Centrafricaine,« le mandat du Président de la République est exclu de toute prorogation »
« Nulle cause ne peut être invoquée à l’appui d’une prorogation quelconque. Tel est le sens de la formule quel que soit le motif qui figure dans la lettre de la Constitution et qui est, par rapport à la Constitution précédente de 2004, une innovation majeure, tenant compte précisément du précédent de 2010 qui avait permis aux députés de l’époque de s’auto proroger leur mandat ainsi que celui du Président de l’époque », ont-ils rappelé dans cette déclaration.
Ces derniers ont ajouté que chacun sait que cette « auto prorogation » avait préfiguré un « holdup électoral », lequel avait privé de représentation à l’Assemblée nationale, quelques grands partis politiques ayant pignon sur rue tel que le RDC et qui a accouché de la pire crise politique et sécuritaire dans laquelle se débat encore le peuple centrafricain jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui, ils ont déclaré que cette tentative orchestrée par les élus de la nation favorable au pouvoir de Bangui, laisse penser que cet excès de confiance est dû au fait que derrière eux, il existe un bouclier protecteur, ont-ils fait savoir.
« Le Président de la République n’a plus d’oreilles que pour les députés qui, au sein du parlement, jouent leur va-tout sur son dos et celui du peuple centrafricain, utilisant l’argent public depuis le début de leur mandat, pour pervertir la démocratie centrafricaine et à présent, tenter de franchir cette ligne rouge qu’est la violation de la loi fondamentale de notre pays », ont reproché les membres du bureau politique du RDC.
Sur la question que déferlent les chroniques ces derniers temps, le RDC estime pour sa part, qu’il y a pourtant dans la recherche d’un consensus national, la possibilité de convoquer le « génie » centrafricain pour une solution apaisé par rapport à une question qui met en jeu la paix civile et la stabilité relative de leur pays.
Le Bureau Politique du RDC s’appuie également sur l’expérience acquise en 1992, lorsque les élections générales furent annulées par la Cour Suprême de l’époque, et que fut mise en œuvre une solution, selon eux, consensuelle à l’initiative du Président André Kolingba. Pour ça, ils ont dit qu’un organe législatif transitoire dénommé Conseil Politique Provisoire de la République avait alors été mis en place.
En outre, le confinement pour la cause de Coronavirus, « ne saurait servir de prétexte à une quelconque prorogation du mandat des institutions de la République ».
Pour finir, le Rassemblement Démocratique Centrafricain n’est pas resté là mais exhorte le gouvernement et le député Mathurin Dimbele Nakoe, à prioriser les actions du gouvernement.