EDITORIAL
Par Erick NGABA
Bangui 4 novembre 2021—(Ndjoni Sango) : L’affaire de l’incident à la résidence du président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadera, continue de défrayer la chronique. De part et d’autre, le gouvernement centrafricain et la Minusca tentent de donner des versions contradictoires si bien que l’on se pose la question de savoir qui dit vrai dans cette affaire d’une extrême gravité.
Alors que le président de la République centrafricaine se trouve à Glasgow pour prendre part à la conférence internationale sur le changement climatique (COP26), un incident dramatique s’est produit le samedi dernier à sa résidence située à Boy-Rabe dans 4ème arrondissement de Bangui.
Il s’agit des casques bleus de la Minusca ayant fait irruption à la résidence du président de la République où ils ont, selon les informations de sources concordantes, pris des photos et ont refusé d’obtempérer au consigne de la garde prétorienne qui voulait les inspecter. En voulant prendre la fuite, ils ont, dans la vitesse, percuté mortellement une jeune fille.
Dans son communiqué du 2 novembre dernier, la Minusca tente de se justifier :
« Arrivés le 1er novembre à l’aéroport international de Bangui M’Poko, dans le cadre de la rotation périodique et du déploiement des troupes en RCA, et en direction de leur base, les éléments de l’Unité de Police Constituée égyptienne ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés. Dans sa tentative de retrait de la zone, située à 120 mètres environ de la résidence présidentielle, le bus de l’Unité de Police Constituée égyptienne a heurté une femme qui a perdu la vie. Une délégation de la MINUSCA a déploré l’accident et présenté ses condoléances à la famille de la victime lors d’une rencontre en fin de journée ».
Pour beaucoup de centrafricains, les justifications données par la Mission de l’ONU ne tiennent pas du fait de la gravité de l’incident. Pendant ce temps, le gouvernement centrafricain a donné ses versions des faits :
« Il nous faut reconnaître que c’est bel et bien l’interpellation du fait de prises des photos qui a fait dégénérer la situation la drame ultime, résultant en la perte d’une jeune centrafricaine dans la fleur de l’âge. La simple acceptation d’obtempérer à l’interpellation des éléments de sécurité du domicile du président de la République aurait évité nul doute l’incident ayant causé la mort de Lumière joie de la sagesse. Une mort soudaine attribuée à ce non-respect de la réglementation et des textes érigés par la République centrafricaine et au refus de rappel à l’ordre. Or, dans l’application de tout mécanisme international de protection des civils et cela conformément à la chartre des Nations unies et du droit internationale, il est inscrit le principe indéniable du respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale », a déclaré la ministre centrafricaine des affaires étrangères, Sylvie Baipo dans un communiqué.
Et pour la première fois, la Minusca assume, reconnait la bavure de ses hommes qui ont causé la mort d’une fille de 16 ans du fait de mauvaise conduite. La route à proximité de la résidence du président Touadera a été toujours praticable par des usagers à piéton et en véhicules. On y circule librement, sans être gêné, aucune, par la garde présidentielle qui rassure. N’eut été la prise de photos du domicile du président de la République par les casques bleus, l’on n’arriverait pas à ce niveau. Affaire à suivre.