Par Kizer MAÏDOU
Bangui 9 mai 2022—(Ndjoni Sango) Dans un pays touché par les conflits armés comme la République Centrafricaine, la violence sexuelle est devenue un danger majeur préoccupant et constitue un problème de santé publique. Nombre de ces cas sont souvent commis en ces périodes de tension et de guerre par des hommes armés, difficile pour les survivantes d’effacer ce visage qui leur a causé le mal.
Parallèlement aux conflits armés en Centrafrique, les violences sexuelles se sont multipliées dans les zones d’insécurité au solde des groupes armés. Les femmes et les mineures sont souvent les victimes de ces actes ignobles. Linda (nom d’emprunt) mère de 10 enfants, commerçante originaire de Bambari a vécu ce cauchemar en se faisant violer par un solda rebelle dont elle garde toujours le mauvais souvenir comme une tache indélébile.
Cette dame vendait de la cigarette au marché central de Bambari, quand le soldat est venu prendre ses articles de force, s’en est suivi l’agression verbale puis physique.
«Il a d’abord pris ma cigarette de marque Marlboro, puis m’a dit tant qu’il n’a pas eu de rapport sexuel avec moi il ne va pas payer. Devant l’incapacité de me défendre j’ai pris la fuite, il m’a poursuivi jusqu’ à je suis tombé dans un trou non loin du marché », raconte la survivante
L’acte s’était produit pendant la période où la ville de Bambari était sous l’emprise des groupes armés de l’UPC. Pendant ce temps,Linda, son mari et ses enfants ont fuit les hostilités et se trouvaient sur le site des déplacés internes de la ville. Cette dernière était enceinte de 9 mois et prête à accoucher son 11ème enfant quand son bourreau a abusé d’elle pour commettre son forfait. Un forfait qui a laissé des cicatrices non effaçables dans la tête de Linda car elle a perdu son bébé qu’elle attendait.
« Deux (02) semaines après l’incident j’ai accouché mort né, un enfant de sexe féminin. A l’accouchement l’enfant à une fracture au nez », a-t-elle poursuit.
Aussitôt après le forfait de son bourreau Linda a été conduite par une amie à l’hôpital Central de Bambari là où elle a bénéficié des soins médicaux et des services dans ce centre. L’hôpital de Bambari offre jusqu’en ce temps des soins appropriés dans ces cas de figure grâce au programme du Comité international de la Croix Rouge dans le cas de prise en charge des cas de violences sexuelles. C’est dans ce centre que les survivantes des violences sexuelles bénéficient de soins en matière de santé physique, mentale et d’accompagnement psychosocial.
Présente dans la localité depuis le début de la crise, le comité international de la croix rouge qui est une organisation humanitaire impartiale neutre et indépendante a multiplié ses actions dans cette ville ainsi qu’ailleurs pour porter assistance aux victimes du conflit y compris celles des violences sexuelles. Dans sa mission humanitaire il vise à protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et de leur porter assistance. A travers sa sous délégation à Bouar, Kaga-Bandoro et Bambari.
Les victimes de ces conflits armés notamment celles des violences sexuelles ont également bénéficié des services fournis par cette organisation en matière d’assistance. Depuis le début de la crise en Centrafrique, pour plus de 103000 personnes qui ont bénéficié gratuitement de soins de santé fourni par le CICR, 1173 personnes y compris celles de Bambari ont bénéficié du programme psychosocial pour victimes de violences.
Dans ce chiffre, selon CICR, le quota en violence sexuelle est plus élevé dans la Nana-Gribizi dont 720 personnes survivantes des violences sexuelles ont bénéficié de ce programme. Le Comité International de la Croix Rouge créé en 1863 est actif en République Centrafricaine depuis 1983 par sa présence permanente depuis 2007. Parallèlement à ses principes humanitaires il s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes humanitaires universel.
Cicatrices invisibles difficiles a oublié
Même si l’événement est daté, les mémoires portent toujours les stigmates des actes et les survivants en souffrent toujours. Dans leurs mémoires elles sont de fois traumatisées et certaines tombent souvent sous le coup de dépression si ces dernières ne bénéficient pas d’un accompagnement psychosocial.
C’est le cas chez Linda qui, après des années écoulées difficile pour la veuve d’oublier ce cauchemar. Depuis ce Temps, Linda est psychologiquement abattue lorsqu’il perdra son propre Mari des suites d’une maladie. À partir de cet acte voire le décès de son Mari, Linda vit dans la peur et garde toujours l’identité de son agresseur puisque ce dernier est toujours vivant. Difficile pour la veuve d’effacer l’image de son agresseur:
« Je garde toujours son visage, son nom et ça me fait mal. C’est l’un des soldats de groupe rebelle UPC, J’ai toujours peur car l’insécurité règne toujours dans la ville, pour ne pas que quelque chose ne m’arrive j’ai peur de le dénoncer » se tourmente Linda
Au sein même de sa communauté, Linda vit dans la honte et le stress. Elle est sujet de moquerie et de stigmatisation par ceux qui connaissent son histoire et décident de partager aux plus proches d’eux. Elle souhaite un jour se présenter devant la justice dénoncer son bourreau afin que justice soit faite. Non seulement pour une réparation mais pour que le gouvernement de son pays puisse prendre des mesures forte pour faire respecter les lois et textes en vigueur afin que le droit de la femme soit respecté.
En Centrafrique aujourd’hui la violence sexuelle est répondu sur toute l’étendu du territoire, le fait que l’impunité autour du sujet persiste, les survivantes font de leur mieux pour vivre avec leur traumatismes difficile à oublier. Nombreux de ces cas sont des femmes et des petites filles, même si de fois certains hommes sont victimes et n’ont parlent pas.
Depuis le mois de juillet 2020 au mois de Juin de l’année dernière, plus de 311 nouveaux cas de violences sexuelles liées au conflit armé sont enregistrés dans les 20 préfectures de la République Centrafricaine. Les préfectures de l’Ouham-Pendé et de la Ouaka sont les plus touchées selon les données documentées par la MINUSCA dans son nouveau mandat renouvelé dans la résolution 2605.
Au moment où le pays demeure dans le conflit qui favorise la recrudescence des cas de violences sexuelle, cette situation devient alarmante et véritable problème de santé publique. Sur certains aspects, le sujet doit être traité sur le principe de droit national et international pour punir les auteurs. Dans la plus part des cas de ces violences sexuelles liées au conflit, les bourreaux sont bien connus par les victimes hélas question de l’impunité, les survivantes ont peur de les dénoncer.
Si aujourd’hui l’accès aux services de santé et aux soins médicaux et psychologique a subit une nette amélioration au fil des années, la réponse aux cas des survivantes demeure insuffisante pour prévenir ou réduire ces cas. Selon la plus part des cas la communication autour du sujet demeure tabou au point que certaines n’arrivent pas a dénoncé le cas.
La question de l’impunité reste et demeure le point important. Les nombreux cas de violences sexuelles commises dans les villes où sièges les groupes rebelles ne cessent de grimper et s’est bien dommage que les procès de ce genre ne sont tenus qu’à Bangui la capitale.