Bangui 2 Janvier 2024—( Ndjoni Sango) : Discours de son Excellence le Professeur Faustin Archange Touadera, Président de la République, Chef de l’Etat, a l’occasion des vœux du nouvel an :
Nous voici, avec l’aide du Dieu Tout-puissant, au seuil d’une nouvelle année.
C’est encore avec un grand sentiment d’humilité que je vous adresse mes chaleureuses félicitations et formule à l’endroit de chacune et chacun de vous, mes vifs et sincères Vœux de Santé, de Bonheur et d’épanouissement personnel, professionnel et familial, pour l’année 2024.
Je présente particulièrement mes meilleurs vœux à nos forces de défense et de sécurité qui assurent nuit et jour leurs missions régaliennes avec bravoure et abnégation, parfois au détriment des joies de la vie en famille.
Je présente également mes meilleurs vœux à la MINUSCA et aux forces alliées bilatérales russes et rwandaises qui, loin de leur patrie au prix de leur vie, participent à la stabilisation de notre pays et à la défense des valeurs universelles.
Je formule enfin les vœux de Paix, de Stabilité et de Prospérité pour notre cher et beau pays, la République Centrafricaine.
Mes Chers Compatriotes ;
En 2023, la capacité de nuisance des ennemis de la Nation a été considérablement réduite, en dépit des moyens non conventionnels utilisés par ceux-ci comme les mines antichar et antipersonnel, les drones, les aéronefs militaires et les renseignements fournis par les commanditaires étrangers sur les positions de nos soldats et alliés.
Dans cette guerre de libération, certains de nos braves éléments des forces de défense et de sécurité ainsi que des forces bilatérales sont tombés au champ d’honneur.
En ces moments de retrouvailles familiales, je voudrais rendre un hommage appuyé de la Nation à ces héros de la paix.
Puisse leur sang être une semence de paix, sceller à jamais l’unité nationale, la fraternité entre les peuples, exorciser notre pays des démons de la violence aveugle, de la division, de la haine et de l’autodestruction.
J’ai aussi une pensée pieuse pour toutes les personnes décédées ou blessées, les familles endeuillées et les personnes déplacées du fait des violences des groupes armés ou des inondations qui ont ravagé une partie de notre pays ces derniers mois.
Je pense également aux personnes du troisième âge, aux personnes à mobilité réduite, aux déplacés internes, aux réfugiés et les assure de notre solidarité.
J’associe à ces vœux tous les ressortissants des pays frères et amis qui résident parmi nous.
J’implore fortement le Dieu miséricordieux pour le prompt rétablissement des malades et des cœurs brisés.
Mes Chers Compatriotes ;
Au moment où nous entrons avec allégresse dans la nouvelle année, je voudrais vous inviter à jeter un regard rétrospectif sur les quelques évènements marquants de l’année qui s’achève et sur la marche de notre Nation, afin de mieux nous projeter dans l’avenir.
Sur le plan international, l’année 2023 a vu exacerber les tensions géopolitiques complexes causées par les guerres en Europe de l’Est entre la Fédération de Russie et l’Ukraine et au Moyen Orient entre Israël et le Hamas.
Ces conflits se poursuivent sans aucune perspective de règlement pacifique, alors que les conséquences humanitaires sont dramatiques.
Ainsi que je l’avais rappelé à la tribune de l’ONU, le 21 septembre 2023, à New-York, la persistance et la multiplication des foyers de tensions à travers le monde soulèvent des interrogations quant à l’efficacité des mécanismes de prévention et de règlement pacifique des différends de l’ONU dont la mission première est de garantir la paix et la sécurité internationales et remettent à jour la nécessité de la réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Notre pays a subi les conséquences de ces tensions géopolitiques sur le marché mondial, notamment les prix élevés des produits de grande consommation tels que le pétrole brut, le gaz, les céréales, les engrais.
Outre les graves menaces à la paix et à la sécurité internationales provoquées par ces conflits, l’année qui s’achève a connu un autre record des phénomènes météorologiques extrêmes liés au dérèglement climatique tels que les inondations et les séismes en Turquie, au Maroc et en Libye, ayant causé des milliers de pertes en vies humaines et des dégâts matériels inestimables.
La République Centrafricaine, classée parmi les cinq pays les plus menacés par les effets du changement climatique, a connu des inondations dévastatrices provoquées par des pluies torrentielles.
Pour faire face à l’urgence climatique, le Gouvernement a élaboré une deuxième génération de la Stratégie Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes et d’Adaptation aux Changements Climatiques, en tenant compte des nouveaux défis de développement durable.
J’ai le devoir de vous alerter que les impacts dévastateurs du réchauffement climatique sur notre pays seront sans précédent, si nous ne prenons pas de mesures individuelles et collectives pour limiter les feux de brousse, les inondations et la déforestation.
Une ne fenêtre d’opportunité s’est ouverte lors de la COP 28, tenue à Dubaï, par la signature de l’Accord sur la création du fonds des pertes et dommages devant permettre aux pays pauvres de mieux faire face aux impacts du changement climatique et de réduire les effets de ceux-ci sur les populations.
Devant la persistance des injustices subies par notre pays et de la géopolitique du climat, j’ai plaidé, le 2 décembre, à Dubaï, pour la mise en place d’un mécanisme consensuel de gestion de ce fonds qui doit avoir un caractère humanitaire, afin d’éviter qu’il ne soit détourné de son objectif pour servir de moyens de pression au profit des intérêts géopolitiques et géostratégiques.
S’agissant des récentes inondations, les évaluations rapides effectuées par le Gouvernement ont permis d’apporter une assistance ponctuelle en produits de première nécessité à plus de 5.000 sinistrés.
Je veux ici saluer votre esprit de solidarité et d’entraide qui ont permis à nos Compatriotes sinistrés de surmonter cette épreuve.
Sur le plan continental, alors que nos pays continuent de faire face aux conséquences néfastes du COVID-19, à des chocs climatiques, des tensions géopolitiques et des défis financiers, énergétiques et alimentaires sans précédent, un conflit armé interne d’une rare cruauté s’est ouvert au Soudan, le 15 avril 2023.
Notre pays qui partage de longues frontières terrestres avec le Soudan et entretient avec ce pays frère des relations séculaires de coopération et de bon voisinage, a accueilli plus de 63.000 réfugiés, Soudanais et Tchadiens, dans les préfectures de la Vakaga et du Bamingui-Bangoran, exposant ainsi nos populations certes résilientes, à des risques d’aggravation de la situation humanitaire encore délétère et d’insécurité.
A l’occasion du Sommet des huit (pays voisins du Soudan, tenu au Caire, le 13 juillet 2023, j’ai exhorté nos frères Soudanais à donner une chance à la paix, en privilégiant le dialogue à travers les différents mécanismes existants.
Sur le plan communautaire, notre pays assure depuis le 17 mars dernier, la présidence en exercice de la CEMAC.
Ce mandat consiste en la poursuite de toutes les actions ayant pour objectifs le renforcement de l’espace intégré et la promotion d’un développement harmonieux entre les Etats membres de notre Communauté, et ce pour le bien-être de nos populations.
Dans ce sens, je me suis rendu au siège du Parlement de la CEMAC, à Malabo, le 30 octobre dernier, pour rappeler aux Députés communautaires notre grande conviction en l’avenir de la CEMAC, surtout pour l’émergence d’une véritable citoyenneté communautaire ainsi que notre vœu de voir ce Parlement jouer un grand rôle dans le processus de l’intégration de la Sous-région.
Le 28 novembre 2023, à Paris, j’ai ouvert la Table ronde sur la mobilisation des financements des projets intégrateurs de la CEMAC qui vise à combler, entre autres, son déficit en infrastructures de transport, de télécommunication et de distribution d’énergie, en soutien au développement et à la compétitivité des économies de la sous-région et de favoriser le développement du capital humain.
Le montant total des financements mobilisés à cette occasion s’élève à 9.209 millions d’Euros soit 104,2% du financement attendu.
Le Gouvernement poursuit les efforts pour un retour effectif de la Commission de la CEMAC et de l’Ecole Inter-Etats des Douanes à Bangui, tel que décidé par la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC, le 17 mars dernier, à Yaoundé.
Sur le plan sous-régional, notre pays a été honoré par ma désignation par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, le 1er septembre 2023, en qualité de Facilitateur dans le processus de transition politique au Gabon.
Le 15 décembre à Djibloho, nous avons présenté le rapport à mi-parcours, dans lequel nous apprécions l’inclusivité et la transparence dans le processus de transition politique au Gabon ainsi que son caractère paisible.
Tout en félicitant et encourageant la Facilitation pour les efforts déployés en vue d’accompagner le processus de Transition en République Gabonaise, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC ont décidé de sursoir à l’exécution de la décision de délocalisation du siège de Libreville à Malabo.
Si notre pays compte dans la sous-région et prend part activement dans la gouvernance mondiale, ce n’est pas seulement pour sa position stratégique et ses immenses richesses naturelles.
Notre pays compte aussi pour ce qu’il est, pour ses valeurs et pour ses principes.
C’est pourquoi, nous devons être fiers de ce que nous sommes: un peuple pacifique, une Nation qui cultive la tolérance et la fraternité.
C’est aussi ce message de paix, de tolérance et de fraternité que nous voulons partager avec la communauté internationale durant la nouvelle année.
Sur le plan national, nous faisons toujours face aux conséquences du maintien de l’embargo sur les armes, le diamant et la suspension de l’aide budgétaire, mesures de rétorsion politique, économique et commerciale, prises par certains partenaires avec la complicité des nôtres, contre l’affirmation de notre souveraineté et notre droit à l’auto-détermination.
Outre ces sanctions illégitimes, notre pays demeure victime des crimes organisés, dont l’objectif recherché par les auteurs et commanditaires serait de nous amener à composer, à rompre la coopération bilatérale avec la Fédération de Russie, dans le but inavoué de replonger le pays dans le chaos et d’empêcher l’exploitation de nos ressources naturelles.
Au nombre des plus graves attaques terroristes enregistrés en 2023, figure celle ayant entraîné l’assassinat de neuf (9) opérateurs miniers Chinois, le 19 mars 2023, à 25 Km de Bambari.
Ainsi que je l’avais dénoncé lors de la 5ème Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés, à Doha, au Qatar, le 6 mars 2023, notre pays a toujours été considéré, à tort, par certaines puissances occidentales, comme une réserve de matières premières stratégiques ; qu’il était soumis depuis son indépendance à un pillage systématique, facilité par l’instabilité politique entretenue par ces puissances ou leurs sociétés, avec la complicité de certains fils égarés du pays.
Lors du Sommet Afrique-Russie, tenu à Saint Petersbourg, le 28 juillet 2023, j’ai exhorté les grandes puissances à renoncer à la diplomatie coercitive, punitive et à l’unilatéralisme, visant à asseoir leur hégémonie par l’entremise des leviers et des mécanismes de représailles tels que l’embargo, les sanctions économiques et financières, l’instrumentalisation des institutions financières internationales et de s’engager dans une coopération mutuellement bénéfique avec notre pays qui a aussi le droit de diversifier sa coopération dans l’intérêt de sa population.
Il est évident, mes Chers Compatriotes, que nous ne pouvons, au regard de notre situation de pays enclavé, éradiquer la pauvreté sans l’exploitation industrielle de nos ressources naturelles et sans être responsables de notre propre sécurité.
C’est pourquoi j’ai réaffirmé lors du 15ème Sommet des BRICS, élargi, le 24 août 2023, à Johannesbourg, que le partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif, prôné par les cinq grandes économies émergentes du monde que sont les BRICS, constitue pour notre pays une solution idéale aux inégalités mondiales extrêmes, aux velléités hégémoniques, néocoloniales, géopolitiques et géostratégiques des puissances occidentales, qui maintiennent les Etats africains dans la pauvreté, l’insécurité et la dépendance.
Aussi, lors du Sommet Afrique-Royaume d’Arabie Saoudite du 10 novembre 2023, à Ryad, j’ai exprimé notre souhait d’explorer toutes les opportunités d’investissement et de développement qu’offre la coopération originale entre l’Arabie-Saoudite et l’Afrique pour mettre en valeur nos immenses ressources naturelles, dans l’intérêt du développement commun.
Mes Chers Compatriotes ;
Dans nos efforts de transformation de notre pays, aucun secteur d’activité n’a été délaissé.
Je voudrais, sans être exhaustif, rappeler quelques avancées enregistrées au cours de l’année 2023.
En poursuivant nos efforts de restauration de la paix et de la Sécurité, nous avons renforcé la capacité opérationnelle de nos forces de défense et de sécurité par des recrutements réguliers des jeunes, tandis que plusieurs officiers et sous-officiers bénéficient des stages de formation dans des académies militaires à l’étranger.
Le processus d’opérationnalisation des zones de défense a été renforcé par la mise en place de leurs Etats-majors et la création de trois (3) Bataillons d’Infanterie Territoriale supplémentaires et d’un premier Bataillon d’Intervention Rapide.
Nous envisageons la réouverture de l’Ecole Militaire des Enfants de Troupe (EMET), la poursuite de la réhabilitation des casernes pour l’opérationnalisation de l’armée de garnison et les recrutements des jeunes dans l’Armée, la Gendarme et la Police, ce qui permettra, dans quelques années, d’établir un maillage territorial pour mettre fin à l’insécurité.
Par ailleurs, la mise en œuvre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019 a permis de désarmer et démobiliser 4.884 ex-combattants, d’intégrer 1.000 autres dans les forces de défense et de sécurité et d’obtenir la dissolution de 9 groupes armés.
Aussi, le Projet de Réintégration des Ex-Combattants, financé par la Banque Mondiale, a permis de former et réinsérer dans leur communauté 2.819 ex-combattants, d’assurer la réinsertion socio-économique de plus de 1000 jeunes à risque et la réalisation de 70 infrastructures socio-économiques telles que les forages, les écoles, les maternités et les magasins de stockage de semences.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de Route Conjointe de Luanda, des opérations spéciales ont permis de désarmer et démobiliser 1.574 ex-combattants de la C.P.C, ce qui est une contribution appréciable au retour de la paix et de la sécurité.
En marge des activités du DDRR, 140 ex-combattants de la LRA et leurs familles ont été rapatriés, après une quinzaine d’années de présence sur notre territoire, en collaboration avec le Gouvernement ougandais, et grâce au soutien logistique de la MINUSCA, permettant ainsi à nos concitoyens du Haut-Mbomou de recouvrer progressivement la liberté.
Un autre événement heureux à souligner est le retour de 7430 Compatriotes réfugiés, grâce au Projet d’Appui au Retour et à la Réintégration des personnes déplacées internes et réfugiés centrafricains mis en place par le Gouvernement.
Sept (7) autres opérations sont prévues pour le retour de 1400 personnes, ce qui portera le nombre des réfugiés centrafricains rapatriés depuis 2017 à 40.492, en plus des retours spontanés d’environ 10.000 personnes.
Afin de permettre aux Compatriotes retournés de s’installer dans leurs quartiers d’origine ou les nouveaux quartiers de leur choix, le Gouvernement a construit 6.000 logements dans les villes de Bria, Bambari et Kaga-Bandoro, grâce à l’appui financier du Fonds humanitaire.
Mes Chers Compatriotes ;
Au cours de l’année qui s’achève, nous avons fait progresser les chantiers du droit et de la Justice.
Pour preuve, la lutte contre l’impunité s’est intensifiée par l’organisation de nombreuses sessions criminelles par les Cours d’Appel et la Cour Pénale Spéciale en plus des audiences correctionnelles régulièrement tenues par les Tribunaux.
Dans ce registre, la justice militaire a poursuivi et puni les militaires et assimilés ayant commis des infractions à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
Je reste déterminé à œuvrer pour l’indépendance réelle de la justice, l’accès de tous les Centrafricains à la justice et l’amélioration des conditions de travail des acteurs judiciaires, afin de renouer la confiance entre la justice et les justiciables et la faire participer efficacement à l’amélioration du climat des affaires, un élément clé de la croissance et du développement de notre pays.
En insistant sur l’indépendance de la justice, à l’occasion de la rentrée judiciaire, le 7 juin 2023, j’en appelais au sens de responsabilité et de dignité des hauts Magistrats afin qu’il soit mis fin aux pressions souvent motivées par des considérations étrangères à la justice, exercées sur les plus jeunes afin de les contraindre à violer la loi.
Investi par la Constitution de la noble mission de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, je veillerai personnellement à cela, car sans une justice indépendante, il n’y a pas de paix, de stabilité et de développement.
Par ailleurs, dans le domaine de la lutte contre les violences basées sur le genre et commises en période de conflits armés dans notre pays, j’ai mis en place un comité stratégique chargé de la lutte contre ces crimes inhumains et dégradants.
Il s’agit d’un message d’espoir pour les victimes et survivants de ces violences, dont l’heureux aboutissement du travail de la Commission Vérité, Justice, Réconciliation et Réparation permettra une meilleure prise en charge holistique, dans le cadre d’un fonds de réparation en faveur des victimes et survivants des différentes crises ayant marqué l’histoire de notre pays qui sera bientôt mis en place.
En 2024, nous poursuivrons les efforts de renforcement de l’effectif des acteurs judiciaires et de la création des Tribunaux de Grande Instance dans les localités de Boali, Damara, Grimari, Baoro, Kembé, Ouango-Bangassou, Degaulle, Baboua et Sam-Ouandja.
Mes Chers Compatriotes ;
En dépit de la conjoncture économique particulièrement difficile et de la suspension des appuis budgétaires, notre économie s’est montrée résiliente, ce qui a permis de poursuivre les versements des salaires, pensions et bourses et réaliser les dépenses de souveraineté.
Sur le plan économique et financier, les réformes engagées ont permis la conclusion en avril 2023, avec le FMI, d’un arrangement dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit.
Ce programme de trois (3) ans (2023-2026), doté d’un financement de près de 107 milliards de FCFA, vise à soutenir les efforts du Gouvernement à stabiliser l’économie nationale.
La reprise avec le FMI a aussi facilité :
– le réengagement de la Banque Mondiale à travers son opération de financement des dépenses récurrentes de l’Etat (2023-2024), dotée de 50 millions de Dollars américains, soit l’équivalent de 29 milliards 400 millions de FCFA, en plus de son engagement à travers le financement des projets de développement socio-économique ;
– la mise en place de l’appui budgétaire programmatique de la BAD (2023-2024), à travers son Programme d’Appui à la Consolidation des Réformes Economiques et Sociales dont le volet 1 (exercice fiscal 2023) porte sur un montant de 7 millions 500 mille Unités de Compte, soit l’équivalant de 6 milliards 100 millions de FCFA ;
– la mobilisation accrue de ressources sur le marché financier domestique à hauteur de 100 milliards de FCFA.
La mise en œuvre des réformes visant à renforcer notre capacité de collecte et de sécurisation des recettes fiscales a permis de revoir à la hausse nos ambitions de collecte de recettes intérieures en les portant à plus de 140 milliards de FCFA dans le collectif budgétaire adopté en septembre 2023.
L’adoption du programme FEC a, en outre, contribué à améliorer de façon significative les perspectives de financement budgétaire, y compris sur le marché régional des titres publics, ce qui permet au Gouvernement de prévoir de lever sur le marché des titres publics sous-régional, le montant inédit de 100 milliards de FCFA, qui témoigne de l’amélioration de la qualité de signature de notre Trésor public.
Le contrôle sur l’efficacité de la dépense publique avait permis d’identifier certains marchés publics financés sur fonds propres et destinés à des infrastructures sociales, non exécutés malgré le paiement effectué par le Trésor public.
En conséquence, j’ai instruit le Gouvernement de tout mettre en œuvre pour assainir le circuit des dépenses publiques tout en donnant la priorité aux dépenses à caractère social, et d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices de ces crimes économiques.
Dorénavant, plus aucun denier de l’Etat ne doit servir aux intérêts égoïstes des agents publics ou privés. J’y veillerai personnellement.
En ce qui me concerne, je n’ai ménagé aucune énergie, en 2023 comme les années précédentes, pour asseoir solidement les valeurs d’intégrité morale, de probité, d’équité, de transparence, du goût de l’effort et surtout la lutte contre l’impunité, la corruption et les mentalités de rente qui ont rongé, pendant des décennies, les capacités de l’Etat à répondre aux besoins élémentaires de la population.
Je vous exhorte donc à plus de collaboration avec la Cellule de Veille contre la corruption, les détournements des deniers publics, la concussion, les extorsions de fonds, les fraudes fiscales et douanières, les infractions assimilées et les mauvaises manières de servir, en afin de mettre fin à ces maux.
Dans le secteur des hydrocarbures, essentiel au bon fonctionnement de l’économie, la fiscalité pétrolière s’est redressée grâce à la réforme initiée, bien qu’encore en-deçà des recettes attendues.
Le Gouvernement doit poursuivre les réformes du secteur et veiller à l’approvisionnement du pays en produits de qualité et au meilleur coût afin de garantir à l’Etat la collecte des taxes issues de ce secteur.
En dépit des résultats encourageants enregistrés en matière de gestion des finances publiques, des défis subsistent encore.
J’ai donc instruit le Gouvernement de maintenir le cap et de travailler en bonne intelligence avec nos Partenaires Techniques et Financiers pour poursuivre le chantier des réformes restantes, notamment une meilleure collecte des droits et taxes, la poursuite de la digitalisation de toutes les administrations financières afin de sécuriser les recettes de l’Etat et aussi lutter contre la fraude et la corruption.
Dans ce domaine, nous avons rendu opérationnel le Port Sec de PK 26 et mis en système de tracking des marchandises à destination de notre pays, par géolocalisation et l’introduction des dispositifs d’inspection non intrusive par l’acquisition des scanners, ce qui permet de renforcer le dispositif de captation des recettes au cordon douanier.
Pour appuyer ces efforts, il nous faudra investir davantage dans le domaine des transports, notamment en mettant en valeur les espaces dédiés au transit des marchandises dans les Ports de Pointe-Noire, de Douala et Kribi.
Dès lors, nous envisageons la construction d’un Port à Mongoumba, la réhabilitation du Port de Bangui et du Port Pétrolier de Bangui, ainsi que la finalisation des travaux de rénovation de l’aérogare de l’Aéroport International de Bangui M’Poko.
Dans le cadre de la diversification de ses partenaires au développement et la stimulation de nouveaux partenariats gagnant-gagnant, j’ai instruit le Gouvernement d’organiser une Table Ronde des Bailleurs et des Fonds Islamiques et Arabes.
Cet évènement a pour objectif de mobiliser auprès des partenaires du monde islamique et arabe des ressources extérieures destinées à financer des projets matures dans les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’élevage et la foresterie, le transport, l’énergie et l’eau, la santé, l’éducation, les logements sociaux et la stabilisation du pays.
Cette table ronde, qui aura lieu durant le premier trimestre 2024, vise à mobiliser au moins 150 millions de Dollars américains sous la forme de dons ou de prêts concessionnels.
Mes chers Compatriotes ;
Les secteurs productifs ont fait l’objet d’une attention particulière en 2023.
La fourniture d’électricité sera améliorée en 2024 suite à la mise en service de deux Centrales solaires photovoltaïques à SAKAÏ et DANZI d’une puissance cumulée de 40 mégawatts ayant permis à l’ENERCA de passer de la puissance installée de 37 mégawatts en 2016 à 105 mégawatts en 2023 et la digitalisation de deux Centres par la mise en service de deux centrales hybrides solaires/ photovoltaïques à Berberati et Bambari.
Nos efforts d’électrification rurale se poursuivront en 2024 dans les villes de Bouar, Birao, Bangassou, Bossembelé, Obo et Nola.
Des efforts sont déployés pour mettre à contribution, après études, les importants sites de la LOBAYE, de DIMOLI, de PALAMBO et de LANCRENON afin de pallier les problèmes d’électricité accumulés pendant quarante (40) années d’absence d’investissements dans ce secteur vital de l’économie nationale.
Nous continuons à développer notre potentiel minier. La production de l’or a progressé en 2023 pour atteindre 1 664 kilogrammes permettant ainsi à l’Etat de prélever 940.393.817 FCFA de taxes à l’exportation, tandis que la taxe perçue à l’exportation de diamants s’est établie à 324.334.761 FCFA.
La situation dans ce secteur ne pourra connaître une amélioration qu’en cas de levée totale de l’embargo sur le diamant, d’intensification de la lutte contre la fraude et la contrebande et l’exploitation industrielle de petite mine dont les permis ont été accordés à deux sociétés.
Dans nos efforts de désenclavement intérieur du pays, nous poursuivons les travaux de réhabilitation de 322 Km de la route Kaga Bandoro-Ndélé, de 500Km de pistes rurales dans l’Ouham et l’Ouham-Pendé et de 50Km de voirie urbaine à Bangui.
Pour atteindre nos objectifs, nous avons acquis, sur le budget national, une Centrale d’Enrobé pour un coût total d’un (1) milliard 800 millions de FCFA, installée au PK 24, route de Boali.
Ces efforts se poursuivront avec le lancement des travaux de bitumage de 1.200 kilomètres de route dans l’arrière-pays ; du Projet de développement du Corridor de Transport Multimodal (CD13) et du projet intégrateur de la CEEAC pour la construction d’un pont sur le fleuve Oubangui (CD14), reliant Bangui et Zongo.
Le désenclavement numérique du pays se poursuit grâce à l’installation des infrastructures à fibres optiques sur 1200 Km, le 6 février 2023.
L’avènement des infrastructures à fibres optiques marque un tournant dans le mode de fonctionnement de l’Etat par la dématérialisation de l’administration, le renforcement du système d’éducation, d’enseignement, la numérisation des secteurs économique et financier, la régulation et la taxation des transactions financières en support au mécanisme de contrôle et de traçabilité pour le relèvement du niveau des recettes publiques.
Aussi, un accord de projet de mise à disposition par Intelsat, via l’UIT, des liaisons satellitaires dans des Ecoles à Damara, Sibut, Kaga-Bandoro, Bouca, Batangafo, a été signé en vue de la connectivité à l’internet et l’initiation à la culture du numérique et la promotion de l’alphabétisation numérique.
Mes Chers Compatriotes ;
En 2023, des progrès réels ont été enregistrés dans le domaine de la Santé.
Les efforts de rapprochement des services de santé des populations se sont traduits par la construction de 123 établissements de Santé supplémentaires et la réhabilitation de 42 autres.
Par ailleurs, dix-sept (17) ambulances médicalisées supplémentaires ont été acquises cette année, pour renforcer les capacités d’évacuation des cas urgents vers des centres plus outillés.
J’ai instruit le Gouvernement de veiller à ce que le coût des soins de santé ne soit pas une source d’appauvrissement pour les ménages.
La mise en œuvre de cette politique de la gratuité ciblée a permis à 82.341 femmes enceintes de bénéficier d’un accouchement assisté par un personnel qualifié ; à 1.368.465 enfants âgés de zéro à 5 ans et à plus de 10.000 personnes survivantes de violences basées sur le genre de recevoir des soins gratuits.
Afin de permettre l’accroissement de l’accès aux soins gratuits à un plus grand nombre de personnes vulnérables, j’ai instruit le Ministre chargé de la Santé de veiller à ce que les examens biologiques, qui sont encore payants, deviennent gratuits pour les femmes enceintes, les femmes victimes des violences basées sur le genre et les enfants âgés de zéro à 5 ans.
Devant l’ampleur sans cesse croissante du phénomène de la fraude et de la corruption dans les services et établissements de santé publics, le Gouvernement a élaboré une Politique de prévention de la lutte contre la fraude et la corruption dans le secteur de la Santé.
J’ai instruit le Ministre chargé de la Santé d’accentuer la lutte contre ces fléaux qui sont devenus de grandes entraves à l’accès aux soins par les populations sur toute l’étendue du territoire.
En dépit des difficultés de trésorerie, un effort a été consenti pour investir dans les ressources humaines et assurer leur déploiement sur l’étendue du territoire.
Cette année, 2 478 cadres de la santé ont été recrutés, dont 122 médecins, tous déployés dans les provinces, portant ainsi le nombre de médecins dans l’arrière-pays à 122 en 2023 contre 27 en 2016.
Chaque Sous-préfecture compte aujourd’hui, au moins, un médecin.
Au total, l’effectif global des fonctionnaires et agents de l’Etat de la Santé a connu une embellie, allant de 1.814 en 2016 à 3.028 en 2023.
S’agissant des plateaux techniques, les unités d’hémodialyse et d’imagerie ont atteint leur niveau optimal de fonctionnement, ce qui a permis de mettre fin aux évacuations sanitaires et aux Compatriotes qui reviennent au pays de poursuivre leurs soins d’hémodialyse, dans un environnement social plus adéquat.
Ce dispositif a été complété cette année par trois nouveaux établissements, à savoir:
– l’Hôpital des Grandes Endémies du PK 24, de 350 lits, doté d’un plateau technique moderne comportant, entre autres, un scanner, des unités mobiles d’hémodialyse, des échographes et une station de production d’oxygène médicale et;
– le Centre orthopédique national du PK10.
Nous avons, en perspective, d’assurer l’indépendance vaccinale du pays dès 2024, par l’acquisition de vaccins traditionnels et nouveaux, notamment les vaccins contre le Papilloma virus, pour prévenir les cancers du col de l’utérus et l’hépatite virale B.
Les efforts en vue de l’introduction du vaccin contre le paludisme sont aussi avancés.
Grâce à ces efforts, notre pays demeure un modèle d’anticipation, de préparation et de riposte aux épidémies mondialement reconnues.
Des progrès ont également été réalisés dans la fourniture de l’eau potable à plus de 900.000 personnes supplémentaires, grâce à la réalisation de 700 nouveaux forages équipés de pompe à motricité humaine ; à la réhabilitation de 1200 anciens forages et l’installation de 18 systèmes simplifiés.
La construction de la nouvelle station de pompage d’eau brute et de la station d’exhaure flottante sur l’Oubangui pour la Ville de Bangui et ses environs sont en cours.
Je remercie les partenaires comme l’Union Européenne, la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique, la Banque Mondiale, l’UNICEF, le PNUD et le CICR qui ont contribué à ce progrès.
Nous continuons à investir dans l’éducation nationale. Cette année, nous avons recruté 2 150 élèves instituteurs du préscolaire et du fondamental 1 qui sont actuellement formés dans les vingt (20) Centres Pédagogiques Régionaux, sur le budget national et seront appelés dans un proche avenir, à renforcer l’effectif des enseignants qualifiés dans nos différentes écoles.
Mon objectif est toujours d’aller chaque jour au-delà de quelques résultats encourageants que je viens de rappeler.
Centrafricaines, Centrafricains ;
Mes chers Compatriotes ;
Au seuil de la nouvelle année, je voudrais dire un mot sur la désinformation qui mine le socle fragile de la réconciliation nationale et ternit l’image de notre pays à l’étranger.
Comme vous le constatez et regrettez, nous assistons depuis quelques temps à une montée exponentielle des discours incitant à la haine ou à la violence, les discours toxiques, irresponsables, cyniques et mensongers devenus viraux sur les réseaux sociaux et dans certains médias privés.
Il est regrettable de constater que quelques Compatriotes s’emploient à détruire des vies, des foyers, des familles, des carrières des autres concitoyens par des diffamations, des calomnies, des mensonges alimentés par le fiel amer de la méchanceté, de la jalousie et de la rancœur.
En raison notamment de la présence massive de nos concitoyens sur les réseaux sociaux et de leur consommation de plus en plus importante des désinformations, j’ai instruit le Gouvernement de réglementer le droit des réseaux sociaux pour permettre aux personnes lésées par des propos diffamatoires ou par d’autres types de contenus illicites, d’engager une action en responsabilité contre les violations des droits de la personnalité.
Un pas vient d’être franchi par l’adoption, il y a trois jours, par l’Assemblée Nationale, de la loi portant protection des données à caractère personnel qui sera suivie de la loi sur la cybercriminalité.
Les réseaux sociaux ne doivent pas être des vecteurs de haine et de désinformation.
Je note que le Ministère de la Communication et le Haut Conseil de la Communication ont un travail d’éducation à faire aux médias pour limiter les campagnes organisées de désinformations à des fins politiciennes ou subversives.
A tous ceux qui projettent toujours de replonger le pays dans le chaos sous des prétextes fallacieux, je tiens à rappeler que le peuple a trop souffert du fait de leurs errements politiques et reste déterminé à dénoncer toutes les manœuvres quel que soit le modus operandi utilisé.
Mes chers Compatriotes ;
Au moment où nous franchissons le seuil du nouvel an et de la 7ème République, je voudrais vous inviter à plus de patriotisme, à développer davantage le génie centrafricain pour réaliser notre rêve commun, le rêve d’une Nation pacifique, démocratique, prospère, stable, respectueuse des valeurs universelles, débarrassée des démons de la division, de la haine, de la méchanceté.
Les institutions prévues par la Constitution dont les mandats expirent en 2024 seront renouvelées dans les délais constitutionnels.
En effet, dès la promulgation de la Constitution, j’ai pris les dispositions nécessaires à la mise en place des nouvelles institutions par la création d’un Comité chargé de rédiger les textes organiques.
Ces textes qui ont suivi la procédure régulière d’élaboration des textes officiels seront bientôt soumis à l’Assemblée Nationale pour examen et adoption.
Le moment venu, les entités concernées seront appelées à élire leurs représentants au sein desdites institutions. Il s’agira de bâtir notre destin collectif.
Je dois vous rappeler que la 7ème République ne sera pas ouverte à tous ceux qui pensent que les responsabilités publiques et les hautes fonctions politiques ou administratives sont des opportunités d’enrichissement et du profit personnel au détriment de la population.
J’en appelle à votre sens de responsabilité, à votre patriotisme et à votre vigilance pour transcender toutes les barrières ethniques, régionalistes, partisanes, religieuses, afin d’élire des dignes filles et fils du pays, capables d’assurer l’efficacité et la continuité des institutions, de résister aux pressions extérieures afin d’éviter les errements du passé qui ont failli basculer le pays dans le chaos.
La construction de la nouvelle République, mes Chers Compatriotes, se poursuivra avec l’organisation des élections locales prévues pour le 24 octobre 2024.
Ces élections locales constituent pour nous un pas important vers le processus de décentralisation de notre pays et de la démocratie à la base.
Ainsi que je l’ai affirmé en d’autres circonstances, ces élections tant attendues, nous les voulons inclusives, transparentes, démocratiques et apaisées.
J’exhorte tous les partis politiques à faire œuvre utile en mobilisant massivement leurs partisans pour la réussite de ces élections cruciales qui permettront de renforcer l’ancrage démocratique de notre pays en faisant participer tous les citoyens à la vie politique et sociale.
Je ne doute point de votre capacité à relever cet autre défi majeur car vous avez déjà démontré, lors du référendum constitutionnel du 30 juillet 2023, que nous étions capables de nous prendre en charge ; que notre maturité politique ne souffrait d’aucun doute.
Mes Chers Compatriotes ;
Au milieu des différents défis que nous impose la marche du monde, nous pouvons, par l’effort de tous et la grâce de Dieu, bâtir une société où la vie sera plus facile, où l’avenir pourra être regardé avec davantage de confiance.
Je tiens à rappeler que nous ne sortirons pas de la pauvreté, du sous-développement et de l’insécurité en nous méfiant les uns les autres et en étant profondément inquiets et divisés.
Je réitère ma volonté de faire de la place à tout le monde et surtout à notre diaspora à cause de son expertise et savoir-faire qui devront soutenir l’agenda de la reconstruction de notre pays.
Je forme à nouveau le vœu que nous construisions ensemble, dans l’unité retrouvée, un avenir fait de paix durable, une sécurité pour toujours et une prospérité pour nous-mêmes et pour les générations futures.
Dans le cadre de mes responsabilités constitutionnelles, je continuerai à demander et à chercher la sécurité et la paix pour tous.
C’est donc sous le signe de l’espérance, espérance de paix et de progrès pour chacune et chacun de nous et pour notre pays, que je voudrais terminer mon message de vœux.
Bonne et heureuse année 2024 !
Que Dieu nous bénisse et fortifie notre cher et beau pays, la République Centrafricaine!
Je vous remercie.