EDITO
Par Erick NGABA
Bangui 15 Juillet 2024—(Ndjoni Sango) : Le Pouvoir de Ndjamena est aujourd’hui dans le viseur de l’Élysée qui cherche par des moyens possibles pour le fragiliser. L’affaire d’une enquête ouverte à Paris sur le soi-disant bien mal acquis contre le Président tchadiens Mahamat Déby, sonne le début de tout un complot. Depuis quand la France s’intéresse-t-elle à une affaire de bien mal acquis impliquant un dirigeant tchadien ? Suivez mon regard.
Tout est parti d’un début du rapprochement du pouvoir tchadien avec Moscou. Le 24 janvier 2024, Mahamat Idriss Déby, entre temps président de la transition tchadienne, a été reçu comme un roi par Vladimir Poutine, qui a qualifié le Tchad de « pays frère ». C’est un rapprochement perçu de mauvais œil par Paris qui voit ses intérêts menacés.
Renouement des relations bilatérales entre Bangui et Ndjamena
Le deuxième point d’achoppement est le renouement de la relation bilatérale avec le pouvoir de Bangui. C’est un revirement de la situation entre le Tchad et la Centrafrique, deux pays voisins qui ont connu de tensions diplomatiques de longues années.
La réouverture de la frontière entre ces deux pays fermés pendant des années, a surpris plus d’un. Paris ne pouvait pas imaginer que Ndjamena et Bangui arrivent renchérir les liens diplomatiques. Déby et Touadera ont compris qu’il était nécessaire d’entretenir des relations de bon voisinage pour les intérêts des peuples centrafricain et tchadien, appelés à vivre en symbiose. C’est pourquoi, le début de l’année 2024 a sonné le glas du réchauffement diplomatique entre Bangui et Ndjamena.
Ce qui va se passer avec Paris
Tous ces faits évoqués ne sonnent pas bien dans les oreilles de Paris. L’affaire de bien mal acquis n’est que le début du commencement des graines du sable que Paris va verser dans la botte du pouvoir de Déby. S’en suivront les tentatives de déstabilisation de la situation politique et sécuritaire.
L’on est sans ignorer que les frontières du Tchad avec ses voisins Centrafrique et Soudan constituent des bases arrière aux groupes rebelles et mercenaires armés qui écument la sous-région de l’Afrique centrale. Rien ne pourra empêcher la France d’exploiter cette situation pour entretenir l’insécurité afin de fragiliser le pouvoir de Ndjamena.
Lorsqu’on sait que des principaux leaders de ces groupes armés sont souvent en contact avec des experts et barbouzes français en Afrique centrale, il sera facile pour Paris d’utiliser ces groupes contre le pouvoir de Déby.
Entre temps déjà, il y a la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan entrainant des déplacements massifs des Soudanais vers la Centrafrique et le Tchad. Selon les infirmations de sources sécuritaires, il n’y a pas que des civils qui se sont réfugiés dans ces pays voisins du Soudan. Les informations laissent croire que, profitant du déplacement des civils, beaucoup de mercenaires armés se trouveraient sur le territoire centrafricain et tchadien. L’on craint que ceux-ci constituent des proies faciles pour le recrutement dans les groupes armés au niveau des frontières de la Centrafrique et du Tchad.
Par ailleurs, la Centrafrique a mis la main sur un espion, Joseph Martin Figueira en mai dernier. Celui-ci a officiellement œuvré comme consultant pour une ONG américaine, FHI 360, à l’est du pays. Or, selon le Parquet de Bangui, ce Belgo-portugais a œuvré en sous-marin avec les groupes armés de toute la sous-région. Il aurait un projet bien ficelé de déstabilisation de l’Afrique centrale. Il aurait été en train de fédérer tous les groupes armés constitués des peuls pour pouvoir créer un État islamique en Afrique centrale. Cet espion est en contact permanent avec les cartels de déstabilisations en Afrique.
C’est une situation propice à la France de parvenir à secouer le pouvoir de Déby du fait de son rapprochement avec la Russie et du renforcement de coopération avec le pouvoir de Bangui.
C’est pourquoi, dans le cadre de relations de bon voisinage pour l’intérêt de leurs peuples, le Tchad et la Centrafrique doivent mutualiser les énergies pour en découdre avec les groupes armés et terroristes au niveau de leurs frontières communes.