RCA: le parti URCA entre progrès et effondrement 10 ans après sa fondation

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Anicet Géorges Dologuelé président fondateur du parti URCA et leader de l'opposition centrafricaine

EDITO

Par Erick NGABA

Bangui 29 Juillet 2024—(Ndjoni Sango): Créée le 25 novembre 2013 par Anicet Georges Dologuelé, l’Union pour le Renouveau centrafricain (URCA), s’est rapidement imposé, à ses débuts, comme une force politique du premier plan sur chéquier politique en Centrafrique. Ce jeune parti du chef de l’opposition centrafricaine a vite convaincu des Centrafricains qui se sont adhérés à son idéologie politique, faisant de lui un poids lourd durant les deux dernières élections dans le pays, avant de traverser des durs moments de chute libre sur la scène politique.  

La semaine dernière, le parti a célébré les 10 de son existence sur fond d’un malaise interne d’un contexte politique complexe de l’heure en Centrafrique où l’on constate une disparition des partis d’opposition, même si son président fondateur, Anicet Georges Dologuelé, l’a déclaré à la presse lors du lancement des festivités que « le bilan des 10 ans du parti URCA est encourageant ».

Au regard de son effondrement aujourd’hui sur la scène politique, on peut qualifier d’un bilan encourageant pour des efforts déployés dans un temps donné, du fait que le parti a eu a propulsé ses candidats à ces deux dernières élections présidentielles comme législatives. Car, durant les élections groupées de 2016 ayant porté au pouvoir le Président Faustin Archange Touadera, le parti URCA a remporté 13 sièges à l’Assemblée nationale, et son candidat à la présidentielle était classé 2ème.

Et en 2021, le parti a remporté 14 sièges avant le basculement de 8 députés au camp du pouvoir, du fait des malaises internes ayant miné son bon fonctionnement. Ces exploits ne sont pas donnés à tous les partis politiques qui viennent de naître d’arriver à ce niveau.

Au fil de temps, l’URCA qui était au top de sa forme et qui maintenait sa position d’un parti lourd face à celui au pouvoir, va connaître des moments de grande turbulence ayant entraîné son effondrement de la scène politique centrafricaine. Tout a commencé par des vagues de démission de ses cadres fondateurs qui ont dénoncé une mauvaise gouvernance de son président fondateur.

Dans cette situation, on peut soulever deux faits qui constituent le péché originel d’Anicet Georges Dologuelé ayant conduit à l’effondrement de l’URCA. Le premier est le fait de confisquer la gestion du parti entre ses mains seules. Une gestion opaque qui a conduit à la démission des cadres politiques et fondateurs du parti pour le camp présidentiel.

Le deuxième fait qui a enfoncé la cloue dans la paie, faisant noircir la réputation de l’URCA, c’est l’alliance politique que son président fondateur a tissée avec le Chef rebelle de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), François Bozizé, pour espérer obtenir son électorat de son parti KNK.

Tisser cette alliance avec Bozizé qui était sur la mise en œuvre de son projet CPC, c’était de signer la lettre de la mort du parti URCA. Dans ses aveux dans la presse, Anicet Georges Dologuelé a exprimé un regret profond. C’était une erreur politique à ne pas commettre.

Chose faite, et les résultats sont là, connus de tous.  Aujourd’hui, le parti URCA est dans une impasse, difficile pour lui de se rattraper. Le parti dont la plupart des cadres fondateurs comme ses députés (8 sur 14), ont démissionné, ne se résume qu’à son président fondateur, comme la plupart des partis politiques en Centrafrique.

On se demande comment son président fondateur va faire pour redorer son blason. A-t-il une nouvelle stratégie politique pour convaincre les Centrafricains ? Le temps nous le dira.

Mais, déjà, on émet de doute. Car le président fondateur de l’URCA est sur le point de commettre une autre erreur politique. Anicet Georges Dologuelé vient de déclarer à la presse qu’il ne va pas participer aux élections locales prévues en octobre prochain.

C’est cette politique de chaise vide qui fait éloigner les partis d’opposition de la scène politique et de la gestion du pays. L’ambassadeur de France, Gérard Fouchier, leur a rappelé la nécessité de participer à ces élections, sinon c’est de disparaitre de la scène politique du pays.

Ces élections locales sont un processus politique fortement soutenues par l’ensemble de la communauté internationale. Refuser d’y participer, c’est de s’isoler du processus politique et de la gestion du pays. C’est aussi de s’effacer de l’attention de la communauté internationale dans ce pays qui a besoin de la participation de tout le monde pour se relever et progresser.