Quand l’UA plébiscite l’amnistie en RCA où les victimes attendent voir leurs bourreaux derrière le barreau

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Président du Conseil Paix et Sécurité de l'Union africaine, Churchill EWUMBUE-Monono, et le ministre centrafricain d'Etat en charge du DDRR, Jean Willybiro Sako @crédit photo Erick Ngaba

EDITO

Par Erick NGABA

Bangui 13 septembre 2024—(Ndjoni Sango) : Le 10 septembre courant, une délégation du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine, conduite par son président l’Ambassadeur Churchill EWUMBUE-Monono, a lancé à Bangui en République centrafricaine, les activités dites du mois de l’amnistie en Afrique. Les observateurs de la vie socio-politique s’étonnent de voir que l’Union africaine s’offre le luxe de plébisciter l’amnistie dans un pays où les nombreuses victimes attendent voir leurs bourreaux derrière les barreaux.

En effet, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a organisé une session le mardi dernier à Bangui, en République centrafricaine, dans le cadre de la troisième édition de la commémoration du mois de l’amnistie pour l’année 2024. L’événement a été marqué par des allocutions de part et d’autre et la brûlure des armes illicites légères et de petit calibre (ALPC).

D’après l’Union africaine qui l’a fait savoir dans un communiqué à la vielle de la célébration, l’objectif du Mois de l’Amnistie en Afrique est d’encourager les États membres de l’Union africaine à promouvoir et à encourager les civils à restituer volontairement les armes illicites légères et de petit calibre, conformément aux lois nationales et aux accords internationaux.

Le communiqué formule que c’est une initiative qui vise à sensibiliser les communautés et à favoriser leur adhésion, en exhortant les civils à remettre aux autorités désignées les armes qu’ils détiennent illégalement, sans craindre d’être arrêtés ou poursuivis. Voyons !

Or, en République centrafricaine, les années accumulées de conflits armés ont arraché de milliers de vies humaines et ruiné le pays. En vue réparer les tords infligées, les autorités du pays ont épousé une politique de tolérance à l’impunité à l’égard de ceux qui ont versé le sang des civils innocents, en les poursuivant devant les juridictions nationales et internationales compétentes pour qu’ils puissent répondre de leurs actes.

Contre tout attente, c’est l’Union africaine qui vient faire la promotion de l’impunité dans une République centrafricaine meurtrie par les conflits armés de plusieurs décennies. Car, exhorter les détenteurs illicites d’armes de guerre à remettre les armes qu’ils détiennent illégalement, sans craindre d’être « arrêtés ou poursuivis », c’est encourager l’impunité et l’industrie de la guerre en République centrafricaine.

C’est aussi une initiative qui est en inadéquation de la politique de tolérance zéro à l’impunité à l’égard des criminels armés.