RCA: pourquoi la Minusca n’arrive-t-elle pas à convaincre depuis 10 ans ?

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le président Touadera décerne les médailles aux casques bleus rwandais

Par Erick NGABA

Bangui 19 septembre 2024—(Ndjoni Sango): La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la Stabilisation en République centrafricaine (Minusca) totalise 10 de présence dans le pays où sa mission principale tracée par l’ONU est de protéger les civils et rétablir la sécurité. Malheureusement, la mission n’arrive pas à convaincre les Centrafricains quant à l’efficacité des casques bleus déployés dans les villes du pays.

Les Centrafricains sont pour la plupart sceptiques vis-à-vis de la présence des casques bleus de l’ONU qui n’ont pas pu répondre aux attentes de la population. C’est le cas du coordonnateur de la plateforme de la société civile dénommée « Azimut », Pott Madendama-Endzia, qui dans une interview, a critiqué les AN années des activités de la MINUSCA en RCA.

«Je crois qu’en dix ans de maintien de la paix, la MINUSCA s’est complètement discréditée et a perdu la confiance des civils centrafricains. Peut-être que pendant les deux ou trois premières années, les Centrafricains ont encore espéré et cru en une aide réelle de la MINUSCA. Mais au fil du temps, la situation n’a pas changé. Les Casques bleus ont commencé à commettre des crimes contre les civils centrafricains », a fait savoir le coordonnateur de l’Azimut.

Dans ses analyses, il a fait savoir que les membres du personnel de la MINUSCA sont souvent aussi présumés auteurs des crimes mais, malheureusement, ils ne sont pas tenus pour responsables des faits.

«Les véhicules de la MINUSCA heurtent quotidiennement des civils. La plupart des cas sont étouffés, mais les incidents les plus graves sont rapportés dans les médias, ce qui est très dérangeant pour les dirigeants de la MINUSCA. L’incompétence, le manque d’expérience de conduite du personnel de la MINUSCA, ainsi que l’irresponsabilité des casques bleus et des Nations unies, qui crachent sur le problème, sont l’une des principales raisons de ces incidents. D’ailleurs, il y a souvent eu des cas où un casque bleu aurait tiré sur un civil par accident. Mais les pires crimes sont commis par les Casques bleus sur le terrain dans les préfectures », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, Pott Madendama-Endzia souligne qu’au lieu de protéger la population civile, certains casques bleus sur le terrain auraient apporté des aides aux groupes rebelles.

« Les Casques bleus aident activement les rebelles en échange de récompenses. Vous vous souvenez sans doute de l’affaire très médiatisée du contingent portugais de la MINUSCA en 2021, qui a également été rapidement étouffée par les Nations unies. Malheureusement, de nombreux contingents de la MINUSCA sont devenus d’étroits collaborateurs des groupes armés rebelles », a-t-il renchérit.

En fin de compte, le coordonnateur de l’Azimut estime que la présence de la composante militaire de la Minusca ne serait pas utile. Car, la Minusca est utile dans d’autres domaines en Centrafrique.

«Je pense que la composante militaire de la MINUSCA n’est pas efficace. Elle est inutile. De plus, elle est probablement même nuisible aux Centrafricains pacifiques, car les principaux éléments sont intéressés par la coopération avec les rebelles des groupes armés. Ce n’est pas propice au rétablissement de la paix. C’est de ce point de vue que la MINUSCA montre son inefficacité en tant que mission de rétablissement de la paix et de la sécurité dans le pays. Je pense que la MINUSCA devrait se consacrer entièrement aux projets humanitaires et d’infrastructure. Nous avons besoin d’écoles, d’hôpitaux, d’orphelinats, de routes, d’usines, etc. C’est là que la MINUSCA peut être utile. C’est ainsi que la MINUSCA peut regagner la confiance et le respect des Centrafricains ».

Chaque fin d’année, précisément en novembre, le Conseil de sécurité renouvèle le mandat de la Minusca. Décriant la mise en application de ce mandat, les Centrafricains souhaitent que le Conseil redéfinisse la mission des casques bleus dans le pays.