Par Erick NGABA
Bangui 18 octobre 2024—(Ndjoni Sango) : C’est une nouvelle révélation qui accable, une fois de plus, la Mission de maintien de paix de l’ONU en République centrafricaine, Minusca. Elles sont au nombre de 19 femmes centrafricaines qui se disent victimes d’agression sexuelle impliquant les casques bleus rwandais, révèle le journal français Le Monde, en partenariat avec The New Humanitarian, qui dit avoir recueilli les témoignages de ces dix-neuf femmes présumées victimes.
Alors qu’elle venait de vendre quelques fruits et légumes à un casque bleu rwandais, révèle Le Monde, ce dernier a invitée Jeanne (Un nom fictif) dans sa base afin de s’acquitter de sa dette.
« Alors qu’on parlait du paiement, il m’a touché les seins et les fesses, raconte-t-elle d’une voix basse. Il m’a dit : “Tu ne sors pas aujourd’hui, tu viens avec moi.” Il a posé une grenade sur la table avant d’ajouter : “C’est soit du sexe, soit la mort.” », indique le journal Le Monde.
Sans défense, Jeanne ne sait pas à quel saint se vouer du fait de manque d’information pour signaler son cas afin d’obtenir une prise en charge.
« Si je ne suis pas allée voir la Minusca, c’est parce que je ne sais pas vers qui me tourner, mais aussi parce que j’ai peur. Ils disent que leurs casques bleus sont venus pour nous protéger mais ils nous violent, alors qu’est-ce qu’on peut faire ? », rapporte Le Monde dans son article publié le 16 octobre courant sur son site web.
Une réponse biaisée de la Minusca
Dans un communiqué laconique, la Minusca a tenté de rejeter la responsabilité de ses casques bleus dans cette affaire qui ne cesse de tenir l’image de l’ONU en République centrafricaine, pays fragilisé par le conflit armé.
« La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a pris connaissance des articles publiés le 16 octobre 2024 sur les sites web de The New Humanitarian et du journal Le Monde concernant des allégations d’exploitation et abus sexuels qui auraient été commis par des Casques bleus en République centrafricaine. Nous notons avec regret que les articles, pour lesquels nous avons fourni des informations détaillées, mentionnent des contingents qui n’ont jamais été déployés dans les localités où les cas présumés auraient eu lieu. Alors que les articles reposent principalement sur des témoignages présumés de victimes qui, pour diverses raisons, n’ont pas pu ou souhaité signaler les abus présumés, la MINUSCA rappelle qu’elle a mis en place de nombreuses mesures de prévention contre les actes d’exploitation et abus sexuels ».
Or, d’après les recherches de Ndjoni Sango, il se trouve des casques bleus rwandais étaient bel et bien déployés dans la localité où ces allégations d’abus sexuels sont signalées. Le 16 juillet 2021 à Bria, comme indique la photo d’illustration, 610 casques bleus du contingent rwandais de la MINUSCA ont reçu la médaille des Nations Unies, pour leur contribution au retour de la paix en RCA, lors d’une cérémonie présidée par le Commandant de la Force, le Général Sidiki Daniel Traoré.
Cette nouvelle révélation vient compléter le chapelet des cas d’exploitation et d’abus sexuels impliquant les casques bleus de la Minusca. Car, depuis 2015 déjà, l’ONU a enregistré des cas présumés d’exploitation et d’abus sexuels signalés impliquant plus de 730 casques bleus de la Minusca depuis 2015.
C’est une situation qui doit interpeller le gouvernement centrafricain et les organisations de la société civile à ouvrir de leur côté des enquêtes approfondies afin de corroborer les révélés pour que justice et réparation soient faites à l’endroit des victimes.