Par Naomie BENGUE
Bangui 14 novembre 2024—(Ndjoni Sango) : Le retard dans le paiement des salaires des enseignants en République Centrafricaine est un problème récurrent qui affecte non seulement le moral des enseignants, mais aussi la qualité de l’éducation dans tout le pays. Cette situation est particulièrement critique pour les enseignants affectés dans les zones rurales, où les retards de paiement sont souvent plus longs et plus fréquents. Le cas d’un enseignant récemment affecté illustre bien cette réalité, soulignant les difficultés auxquelles sont confrontés les éducateurs dans le pays.
Un enseignant découragé par le non-paiement de son salaire
J’ai été affecté dans une ville éloignée, mais je n’ai toujours pas reçu mon premier salaire. Comment voulez-vous que je m’installe et que je commence à enseigner dans ces conditions ? témoigne un enseignant récemment affecté dans une zone rurale. Ce témoignage reflète l’une des raisons majeures pour lesquelles de nombreux enseignants hésitent à se rendre dans leurs nouveaux postes, ou décident même de ne pas y aller du tout. Le manque de garantie sur les salaires constitue un frein considérable, notamment pour les jeunes enseignants qui doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Dans le cas de cet enseignant, l’absence de salaire a conduit à une frustration grandissante et, au final, à une décision de ne pas rejoindre son poste. Cette situation n’est malheureusement pas isolée. Elle témoigne d’un problème structurel qui touche profondément le secteur éducatif, en particulier dans les régions rurales et éloignées.
Conséquences sur l’éducation des enfants
Le non-paiement des salaires ne nuit pas seulement aux enseignants, mais aussi aux élèves. Lorsqu’un enseignant ne rejoint pas son poste, ou abandonne en cours d’année, les enfants sont privés de leur éducateur, ce qui perturbe leur apprentissage. Dans les régions où les enseignants sont déjà en nombre insuffisant, ce manque d’effectifs peut avoir des conséquences dramatiques sur la qualité de l’enseignement.
La situation est d’autant plus problématique dans les zones rurales, où les enfants ont souvent moins d’accès à des établissements scolaires de qualité. Le départ des enseignants en raison des retards de paiement exacerbe les inégalités éducatives entre les régions urbaines et rurales, créant ainsi un cercle vicieux qui impacte le développement des enfants à long terme.
Ce phénomène de non-paiement est également un frein à l’attraction de nouveaux enseignants, particulièrement dans les zones rurales. Le manque de confiance dans le système de rémunération décourage ceux qui sont susceptibles de vouloir s’engager dans l’éducation, surtout dans les régions difficiles. Le problème est encore plus critique lorsqu’il s’agit d’enseignants jeunes ou nouvellement diplômés, qui, souvent, n’ont pas de soutien financier autre que leur salaire.
Les autorités éducatives devraient donc mettre en place des mesures plus efficaces pour assurer une rémunération régulière et en temps voulu des enseignants, afin de garantir leur présence dans les écoles et la continuité de l’enseignement. Les incitations financières et logistiques, telles que la prise en charge des frais de logement et de transport, pourraient également être envisagées pour encourager les enseignants à accepter des postes dans des régions plus isolées
Pour remédier à cette situation, il est impératif que le gouvernement prenne des mesures structurelles pour améliorer la gestion des salaires des enseignants, notamment par la mise en place d’un système de paiement plus transparent et plus réactif. Une réforme administrative visant à simplifier les processus de paiement et à garantir la régularité des salaires serait un premier pas vers la solution.
Par ailleurs, il est important d’encourager une plus grande autonomie des autorités locales dans la gestion des ressources éducatives. Cela pourrait permettre de réduire les retards administratifs et d’assurer une meilleure répartition des fonds dans les zones qui en ont le plus besoin.
Le non-paiement des salaires des enseignants affectés en province constitue un frein majeur à l’éducation en République Centrafricaine. Ce problème touche non seulement le moral des enseignants, mais aussi la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves, en particulier dans les régions éloignées. Il est crucial que des réformes soient mises en place pour garantir une rémunération en temps voulu et encourager la rétention des enseignants dans ces zones. L’avenir de l’éducation dans le pays en dépend.