Bienvenu Juvénal Rouheda Yassara
Juriste, Écrivain
Bangui 20 novembre 2024—(Ndjoni Sango) : Dans un pays comme la République centrafricaine, où les luttes politiques et les crises sociales se succèdent, la jeunesse représente un potentiel immense, mais aussi une vulnérabilité aiguë. Ce segment de la population, vibrant et plein d’espoir, aspire à un avenir meilleur, mais se trouve souvent confronté à des défis qui mettent à l’épreuve sa capacité à s’engager de manière constructive et autonome.
Pour ma part, dans l’état actuel des choses, il est envisageable que je puisse changer d’avis. Une partie de cette jeunesse cède son autonomie de jugement en échange de biens matériels tels que des t-shirts et des billets de banque, ainsi que par la marchandisation de son corps lors des manifestations politiques, des meetings, des élections et autres activités à caractère politique dans le milieu Centrafricain.
Elle se trouve constamment dans une position de victime, exprimant des revendications et clamant que l’avenir lui appartient. Cette observation souligne une réalité inquiétante : une jeunesse qui, au lieu de revendiquer ses droits et son pouvoir, se laisse facilement influencer par des promesses superficielles.
Les récents événements en République centrafricaine montrent que la jeunesse est souvent instrumentalisée par des acteurs politiques aux motivations douteuses. Les rassemblements et les manifestations, qui devraient être des espaces d’expression et de revendication, deviennent parfois des scènes de manipulation où les jeunes sont utilisés comme pions dans des jeux de pouvoir. Cette instrumentalisation n’est pas seulement une perte de dignité, mais elle fragilise l’engagement sincère et durable de la jeunesse dans le processus politique.
Cependant, il serait réducteur de peindre un tableau uniquement sombre. De nombreux jeunes, conscients des enjeux et désireux de changer les choses, s’organisent et s’impliquent dans des mouvements sociaux qui prônent la justice, l’égalité et la transparence. Ils s’expriment à travers la musique, la poésie, et les arts, utilisant ces médiums pour faire entendre leur voix et partager leurs visions d’un avenir meilleur.
La question qui se pose alors est de savoir comment cette jeunesse peut regagner son autonomie de jugement et se libérer des chaînes de la manipulation. Cela nécessite une éducation politique solide, des espaces de dialogue où les jeunes peuvent exprimer leurs préoccupations sans crainte de rétribution, et une culture de l’engagement où chaque voix compte.
J’ai envie de croire et je crois fermement qu’il est crucial que la société civile et les institutions soutiennent ces jeunes dans leur quête de changement. En investissant dans leur éducation, en leur offrant des opportunités d’emploi et en les incluant dans les processus décisionnels, nous pouvons les aider à se réapproprier leur avenir. La jeunesse centrafricaine a le potentiel de devenir un acteur clé dans la construction d’un pays pacifique et prospère, à condition qu’elle soit soutenue dans ses efforts.
J’observe avec prudence en tant que jeune Juriste et acteur de la société civile que l’engagement politique et social de la jeunesse centrafricaine est à la fois un défi et une opportunité.
Face à la pression des forces qui cherchent à les contrôler, il est impératif qu’ils trouvent la force de s’unir et de revendiquer leur place légitime dans le paysage politique de leur pays. L’avenir leur appartient, mais encore faut-il qu’ils s’approprient les moyens de le façonner.
Enfin comme je le rappelle toujours «le présent est une urgence noble pour la jeunesse Centrafricaine»