RCA: quand l’armée française planifiait un bain de sang le 5 décembre 2013 à Bangui

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Les militaires français à Bangui

EDITORIAL

Par Erick NGABA

Bangui 5 décembre 2024—(Ndjoni Sango): Le 5 décembre 2013, la France qui a poussé le conseil de sécurité de l’ONU à vite autoriser son armée à intervenir, a lancé l’opération Sangaris en République centrafricaine, dans un contexte de violence extrême et de ruine de l’État. Officiellement, cette intervention de l’armée française visait à mettre fin aux massacres intercommunautaires et à stabiliser le pays plongé dans le chaos suite au renversement de l’ancien président François Bozizé par la coalition rebelle de la Séléka en mars 2013.

Lancée après avoir poussé l’ONU à lui octroyer un mandat, cette opération de l’armée française dans le pays a suscité de vives controverses, notamment quant à son rôle dans le déchirement entre les communautés centrafricaines, et à son instrumentalisation dans le cadre de rivalités entre les belligérants qui s’affrontaient.

Avant le déploiement de Sangaris, la RCA était déjà en proie à une crise humanitaire et sécuritaire majeure, marquée par la présence des factions des groupes rebelles ayant pris le pouvoir.

La prise de pouvoir par la Séléka, une coalition des groupes rebelles et de mercenaires recrutés depuis les pays limitrophes, avait entraîné des exactions contre les populations civiles, alimentant des tensions, occasionnant la création du mouvement anti-balaka, constitué des jeunes de différentes villes du pays.

Instrumentalisation du conflit

Les affrontements entre les deux groupes rivaux ont dégénéré en une guerre civile à caractère ethnique et religieux, du fait d’une instrumentalisation par l’armée française et les leaders politiques centrafricains.

Face à la dégradation rapide de la situation, la France, agissant avec l’autorisation du Conseil de sécurité, a déployé environ 1 600 soldats dans le pays où se trouvaient déjà les troupes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA).

Si Sangaris a permis, dans un premier temps, de limiter certains massacres de masse, elle a également été à la manouvre des affrontements intercommunautaires.

Plusieurs facteurs expliquent cette situation où les forces françaises ont été accusées d’être partiales, favorisant parfois certains des groupes de milices armées, et poussant les belligérants à s’affronter. Ce jeu de double face a renforcé les divisions intercommunautaires dans le pays où on parlait des chrétiens contre les musulmans.

Par ailleurs, l’opération Sarangis s’est concentrée sur le désarmement des factions, mais sans offrir de solutions viables pour atténuer la tension. Cela a souvent conduit à une recrudescence de banditisme et à une multiplication des groupes armés éparpillées.

L’opération Sangaris, un bon office pour les belligérants

Les différentes factions rebelles de l’ex-coalition Seleka ont exploité la présence de Sangaris pour renforcer leurs positions, aggravant le climat de méfiance. Sans doute, des allégations d’abus sexuels impliquant des soldats de l’opération Sangaris ont entaché la légitimité de la mission et alimenté la révolte de la population locale.

 L’opération Sangaris illustre les dilemmes des interventions internationales dans des contextes de violence complexe. Bien qu’elle ait répondu à une urgence humanitaire immédiate, son impact à long terme sur la sécurité et la stabilité de la RCA reste contesté et un mauvais souvenir. Car, le chaos sécuritaire éclaté le 5 décembre en RCA a été planifié par la France pour contraindre le Conseil de Sécurité de l’ONU à lui donner sans doute un mandat d’intervention militaire.

Pendant que le Conseil de sécurité s’apprêtait à voter la résolution de cette intervention vers fin de la journée du 5 décembre, la France à travers ses centaines de militaires basées à Bangui, a poussé les miliciens Antibalaka à attaquer, très tôt le matin, les positions des combattants lourdement armés de l’ex-coalition Seleka dans la capitale, entrainant ainsi une tuerie de masse et un massacre aveugle des civils.