La France désemparée par le réchauffement diplomatique entre Bangui et N’Djamena

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Les présidents centrafricain et tchadien Faustin Archange Touadera et Mahamat Idriss Déby

EDITORIAL

Par Erick NGABA

Bangui 6 décembre 2024—(Ndjoni Sango) : Le raffermissement des relations bilatérales entre le Tchad et la République centrafricaine suscite, en effet, de vives préoccupations pour la France, notamment en raison des enjeux géopolitiques et stratégiques qui entourent ces deux pays de l’Afrique centrale. 

Paris est visiblement inquiet de ce changement de paradigme qui rapproche le pouvoir de N’Djamena à celui de Bangui, affaiblissant ainsi son influence en Afrique francophone, notamment dans la sous-région.

On n’a pas besoin de rappeler que la France a historiquement entretenu des relations étroites avec ses anciennes colonies, mais elle fait aujourd’hui face à une érosion progressive de son influence en Afrique, exacerbée par la montée de nouveaux acteurs internationaux comme la Russie et la Chine.

Si le Tchad et la Centrafrique renforcent, depuis l’arrivée au pouvoir de Deby fils, leur coopération en excluant la France, cela pourrait être perçu comme un recul stratégique pour Paris. Une véritable descente en enfer de l’influence français dans la sous-région immensément riche en ressources naturelles : pétrole, uranium, bois, diamant, entre autres.

Bangui sous l’ère du président Faustin Archange Touadera est devenue un partenaire clé pour la Chine et la Russie. Si le Tchad, historiquement allié de la France dans la région, rapproche ses positions de celles de Bangui, cela pourrait renforcer l’axe russo-sino-centrafricain au détriment des intérêts français.

Il faut par ailleurs, noter qu’une coopération renforcée entre N’Djamena et Bangui pourrait redessiner les équilibres régionaux. Le Tchad joue un rôle central dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et est un partenaire militaire clé. Tout changement dans son alignement politique et diplomatique pourrait avoir des répercussions sur les engagements de la France dans la région, où elle perd l’équilibre.

La consolidation des relations bilatérales entre ces deux pays de l’Afrique centrale pourrait être interprétée comme un rejet de l’influence française, marquant un tournant dans les dynamiques de coopération Sud-Sud.

Alors, pour Paris, cette évolution devrait nécessiter une adaptation stratégique de sa part, notamment dans sa diplomatie régionale dont le format est obsolète à ce jour.

Probablement, la France a intérêt de redéfinir ses partenariats et ses stratégies pour maintenir le cap, tout en prenant en compte la volonté croissante des pays africains de diversifier leurs alliances et d’affirmer leur souveraineté.