RCA: la décision du Tchad de chasser l’armée française doit inspirer les autres pays africains

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EDITORIAL

Par Erick NGABA

Bangui 7 décembre 2024–(Ndjoni Sango): La décision du Tchad de mettre fin à la présence de l’armée française sur son territoire est un événement significatif dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique. Cela constitue une inspiration pour d’autres pays africains qui doivent emboîter le pas. 

Cette décision courageuse du Président tchadien, Mahamat Idriss Deby de mettre fin à la coopération militaire avec la France, reflète une volonté croissante de plusieurs pays africains de réévaluer leurs liens stratégiques, économiques et militaires avec l’ancienne puissance.

Depuis les indépendances des années 1960, la présence militaire française en Afrique a souvent été justifiée par des accords de défense, la lutte contre le terrorisme, les groupes armés ou la nécessité de stabiliser des régimes amis. Mais, c’est souvent tout le contraire qui se manifeste par des actions de déstabilisation et de soutien aux groupes armés et terroristes.

Cependant, cette relation a parfois été perçue comme néocolonialiste, suscitant des critiques croissantes parmi les populations locales, les leaders d’opinion et les gouvernements africains.

Le Tchad, en particulier, a longtemps été un partenaire clé de la France en Afrique centrale. La base militaire française dans ce pays jouait un rôle stratégique dans le cadre des opérations antiterroristes au Sahel, notamment dans la lutte contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Pourtant, la perception d’une ingérence française, associée à des intérêts souvent jugés unilatéraux, a alimenté un ressentiment grandissant.

La décision du Tchad s’inscrit dans une tendance observée dans d’autres pays africains, comme le Mali, le Burkina Faso et la Centrafrique, qui ont également remis en question la présence militaire française qui est souvent aussi une source d’instabilité.

Ces mouvements traduisent une quête d’autonomie stratégique et une volonté de diversifier leurs partenariats internationaux, notamment avec des puissances comme la Russie, la Chine ou la Turquie.

Pour d’autres pays africains, où se trouvent encore des bases militaires françaises, cette décision peut servir de modèle ou d’inspiration, en affirmant une souveraineté retrouvée et en engageant une réflexion sur des partenariats plus équilibrés et respectueux.

L’on peut retenir que la décision du Tchad symbolise une transformation des relations entre l’Afrique et la France. Elle invite à repenser ces liens sous l’angle de la coopération mutuelle et du respect de la souveraineté, tout en tenant compte des réalités complexes auxquelles les pays africains sont confrontés.