Par Mamadou NGAINAM
Bangui 19 juin 2025—(Ndjoni Sango): Dans la matinée du jeudi, le quartier général de la MINUSCA à Bangui a été le théâtre d’un mouvement de protestation pacifique mais déterminé. Des dizaines de travailleurs journaliers de la mission onusienne ont exprimé leur colère face à des années d’exploitation et à des licenciements brutaux.
Armés de sifflets, de banderoles et de pancartes révélatrices : « MINUSCA = exploitation abusive sans contrat, 8 ans de travail journalier », « Non aux licenciements abusifs et à la maltraitance ».
Les manifestants ont dénoncé leur condition précaire de travail. Certains brandissaient des rameaux de palmiers, d’autres frappaient sur des casseroles, un concert de mécontentement face à une institution qui, selon eux, bafoue les droits des travailleurs centrafricains.
« La MINUSCA nous emploie comme journaliers depuis huit ans pour certains, sept ans pour d’autres, sans aucun contrat valable, en prétextant le manque d’emplois dans le pays. Et aujourd’hui, depuis le 1er [mois], on nous met à la porte comme des criminels, sans préavis, sans indemnités, sans certificats de travail. », dénonce une situation inacceptable, Thierry Bolobo, porte-parole des grévistes.
Les travailleurs affirment avoir multiplié les démarches.
« Nous avons engagé des discussions avec le service juridique de la MINUSCA et alerté les institutions nationales, mais rien n’a bougé« , explique Bolobo, appelant les autorités centrafricaines à intervenir.
Cette mobilisation fait écho à une lettre ouverte récente du Dr Paul Crescent Beninga, porte-parole du GTSC, alertant la représentante spéciale de l’ONU sur les mauvais traitements infligés au personnel national et les dysfonctionnements chroniques au sein de la mission.
« La MINUSCA viole systématiquement le code du travail centrafricain. Imaginez : huit ans sans congés, sans primes, sans couverture santé, avec du travail les week-ends… Et maintenant, des licenciements sans préavis ni indemnités. C’est inadmissible pour une institution internationale ! », précise Gouandjia Jéhu Henry Michel, l’un des leaders du mouvement.
Ce mouvement met en lumière une réalité souvent occultée : la précarisation des travailleurs locaux par les missions internationales. Les manifestants exigent :
– Le respect du droit du travail centrafricain
– Le paiement des arriérés et indemnités
– La régularisation de leur situation
– La fin des pratiques abusives
Alors que la MINUSCA est censée incarner les valeurs des Nations Unies, ces travailleurs demandent simplement que ces principes s’appliquent aussi à eux. Leur détermination semble intacte. « Nous irons jusqu’au bout », préviennent-ils.