RA: la renonciation à la nationalité française par Dologuélé relance le débat juridique et politique

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Blaise Didacien Kossimatchi et Koï Doctrouvé

Par Mamadou NGAINAM

Bangui 3 septembre 2025–(Ndjoni Sango) : Quelques jours après l’annonce officielle de sa renonciation à la nationalité française, Anicet Georges Dologuélé reste au cœur d’un débat brûlant. Si ce geste marque une rupture symbolique avec la France, il soulève de sérieuses interrogations juridiques et politiques quant à son avenir sur l’échiquier centrafricain.

Des voix influentes de la société civile, notamment le Dr Euloge Doctrouvé Koï, coordonnateur de la Synergie Centrafricaine, et Blaise Didacien Kossimatchi, leader de la Galaxie Panafricaine, ont rapidement réagi. Pour eux, Dologuélé, en abandonnant sa nationalité française, ne dispose plus de nationalité pour le moment, le Code de nationalité centrafricaine de 1961 exigeant de nouvelles démarches pour rétablir son statut. 

Ils reconnaissent toutefois le « courage » de l’ancien Premier ministre qui, en se détachant de ses liens d’allégeance envers la République française, a montré sa volonté de se conformer à la Constitution du 30 août 2023, laquelle impose désormais une nationalité « une et exclusive ».

La renonciation à la nationalité française, prévue par le Code civil (article 23-4), est un acte lourd, irréversible dans l’immédiat. Elle marque une rupture volontaire des liens d’allégeance envers la France et entraîne des conséquences, dont perte des droits civiques et politiques en France, perte du statut de citoyen européen, perte de la protection diplomatique et consulaire, et obligation de titre de séjour pour résider ou travailler en France.

En d’autres termes, Dologuélé s’expose désormais à un statut juridique plus fragile sur la scène internationale. 

En RCA, la nouvelle Constitution de 2023 ne tolère plus la double nationalité pour les candidats à la magistrature suprême. Pour briguer la présidence, il faut être « Centrafricain d’origine et n’avoir que la seule nationalité centrafricaine ». 

Cette exigence explique la décision de Dologuélé, qui cherche à lever l’un des plus grands obstacles à sa candidature. Cependant, il doit encore se soumettre à des procédures judiciaires locales pour régulariser sa situation et recouvrer ses droits civiques et politiques.

Sans ce passage obligé, il risque de se retrouver dans une zone grise juridique : ni Français, ni pleinement reconnu comme Centrafricain.

Pour ses détracteurs, cette renonciation n’est qu’un « coup d’épée dans l’eau ». Si elle lui permet de se rapprocher des exigences constitutionnelles, elle ne règle en rien la complexité du dossier. Dologuélé devra encore affronter des obstacles juridiques et administratifs avant de pouvoir officiellement se lancer dans la course à la présidentielle de décembre 2025.

Cette affaire met en lumière les tensions entre législations nationales et ambitions politiques. Elle pose aussi une question de fond : comment concilier les droits et devoirs liés à la double nationalité à l’heure où de nombreux Centrafricains de la diaspora aspirent à jouer un rôle politique dans leur pays d’origine ?

Le cas Dologuélé illustre à la fois la fragilité des équilibres juridiques et la dimension hautement stratégique des choix de nationalité dans la politique centrafricaine.