RCA: quand Dologuélé s’en prend à Touadéra au lieu d’un argumentaire de réintégration nationale

0
119
Anicet Georges Dologuelé, homme politique centrafricain président du parti URCA

Éditorial 

Par Erick NGABA

Bangui 14 octobre 2025 —(Ndjoni Sango): La récente correspondance d’Anicet-Georges Dologuélé adressée au président Faustin-Archange Touadéra, dans laquelle il dénonce sa prétendue « déclaration d’apatridie », continue de susciter le débat. Si la lettre se veut une réponse à la notification de perte de nationalité émise par le ministère de la Défense, plusieurs observateurs estiment qu’elle manque de la dimension juridique attendue dans une telle circonstance.

Selon les dispositions du Code de la nationalité centrafricaine de 1961, toute personne ayant acquis une nationalité étrangère à l’âge adulte peut être considérée comme ayant perdu sa nationalité d’origine, sauf réintégration formelle. C’est sur cette base légale que le gouvernement, à travers une note du ministre de la défense,  a invité Dologuélé à formuler une demande de réintégration, une démarche administrative simple, mais essentielle pour être en conformité avec la loi.

Or, au lieu de répondre par un argumentaire juridique structuré ou une demande officielle de régularisation, l’ancien Premier ministre a choisi la voie politique et polémique. Dans sa longue lettre, il consacre l’essentiel de son propos à accuser le président Touadéra d’acharnement personnel, évoquant une série d’obstacles supposément dressés contre sa candidature à la présidentielle de décembre 2025.

S’il y dénonce avec vigueur ce qu’il perçoit comme une manœuvre d’exclusion politique, son argumentation reste davantage émotionnelle que légale. Peu d’éléments de droit y sont présentés pour appuyer la validité de sa nationalité ou pour contester la décision sur le fond.

Pour de nombreux observateurs poltiques, cette sortie constitue une occasion manquée pour le Président de l’URCA de prouver sa bonne foi et son respect du cadre légal. En choisissant le terrain de la confrontation verbale, il semble renforcer la perception d’un bras de fer politique, plutôt que de chercher une solution institutionnelle claire.

«S’il estime être victime d’une application sélective de la loi, il pouvait en saisir la justice constitutionnelle ou introduire une demande de réintégration au Président de la République  pour couper court à toute controverse», confie un juriste contacté par la rédaction de Ndjoni Sango.

Cette attitude contraste avec l’image d’un homme d’État soucieux du droit et du respect des institutions que Dologuélé revendique souvent.

Sur le fond, la question dépasse la simple personne du candidat. Elle pose le problème de l’application différenciée des lois et du rapport souvent conflictuel entre le politique et le juridique en République centrafricaine.

Si le gouvernement est accusé d’instrumentaliser la loi, l’opposition, de son côté, a la responsabilité de montrer l’exemple en s’y conformant, même lorsqu’elle conteste son interprétation.

Au lieu d’un échange institutionnel apaisé sur la réintégration de nationalité, la scène politique centrafricaine assiste à une escalade de discours. Ce glissement du juridique vers le politique risque de brouiller les repères républicains à quelques mois d’un scrutin crucial.