RCA: la participation des femmes aux élections demeure un défi majeur

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Cercle des femmes candidates aux élections groupées de Centrafrique @crédit photo Jolidon Tcheckoé

Par Jolidon Josiana Tcheckoe

Bangui 15 octobre 2025 — (Ndjoni Sango): En République centrafricaine, la question de la participation politique des femmes reste un enjeu de taille. Alors qu’elles représentent près de 51 % de la population, leur présence dans la sphère politique demeure marginale. Malgré des avancées législatives, notamment la loi sur la parité de 2016, la participation féminine aux instances décisionnelles et aux élections reste très en deçà des objectifs fixés.

Dans une démocratie, le poids démographique est un facteur déterminant du pouvoir politique. Pourtant, les femmes centrafricaines continuent d’être une majorité silencieuse, dont la voix peine à se faire entendre. Leur implication insuffisante dans la vie publique prive le pays d’un potentiel social, régulateur et pacificateur, capable de renforcer la gouvernance, la stabilité et la justice sociale.

Adoptée en 2016, la loi sur la parité fixe à 35 % le quota minimum de représentativité féminine dans toutes les instances de décision, avec pour ambition d’atteindre 50 % à l’horizon 2027, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) 2030.

Cependant, la réalité est tout autre. Les femmes restent faiblement représentées dans les institutions publiques, les partis politiques et les organisations électorales.

Lors des élections présidentielle et législatives de 2020-2021, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les Femmes inscrites sur les listes électorales sont de 46,7 % , Femmes candidates 15,3 %, Femmes commissaires électorales 36,6 %, Femmes membres des démembrements locaux de l’Autorité nationale des élections (ANE) 29 %.

Ces statistiques traduisent un déséquilibre persistant entre le rôle des femmes dans la société et leur poids politique réel. Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation.

Il s’agit des inégalités économiques et financières, avec une pauvreté plus marquée chez les femmes (81 % contre 69 % chez les hommes) ; Manque d’accès aux ressources nécessaires pour financer une campagne électorale ; Poids des traditions et stéréotypes sociaux, qui confinent souvent les femmes à la sphère domestique ; et de Violence symbolique et psychologique dans le milieu politique, qui décourage leur engagement.

Ces obstacles expliquent en partie pourquoi, à l’approche des élections présidentielles de décembre 2025, aucune femme n’a déposé de candidature. Une absence qui interroge : s’agit-il d’une question de peur, de manque de moyens, ou d’un système politique encore fermé à la parité réelle ?

Pour de nombreux observateurs, l’émancipation politique des femmes passe par un renforcement des capacités, une volonté politique ferme, mais aussi un accompagnement institutionnel plus concret. Les partis politiques, les organisations de la société civile et les partenaires internationaux sont appelés à jouer un rôle plus actif dans la promotion du leadership féminin.

La participation des femmes centrafricaines aux élections demeure un défi structurel. Tant que les barrières socio-économiques, culturelles et institutionnelles ne seront pas levées, la moitié de la population continuera d’être sous-représentée dans les lieux de pouvoir, au détriment de la démocratie elle-même.