Par Juste MBANGO
Bangui 21 octobre 2025—(Ndjoni Sango): Alors que Martin Ziguélé, président du parti Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) et chef de la coalition de l’opposition BRDC, s’impose aujourd’hui comme une figure majeure de la vie politique centrafricaine, certains observateurs ravivent le souvenir des événements tragiques survenus au début des années 2000, lorsque le pays traversait une période d’instabilité aiguë.
En octobre 2002, la République centrafricaine était plongée dans une crise politico-militaire après la tentative de coup d’État du général François Bozizé contre le président Ange-Félix Patassé. À cette époque, Martin Ziguélé occupait le poste de Premier ministre.
Pour contrer la rébellion de Bozizé, le gouvernement avait fait appel au Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, une décision qui avait de conséquences dramatiques pour les populations civiles de Centrafrique.
Selon plusieurs rapports d’organisations internationales, notamment la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Human Rights Watch, les combattants du MLC, déployés entre octobre 2002 et mars 2003, ont commis de graves exactions à Bangui et dans d’autres localités, notamment les pillages, viols, tortures et exécutions sommaires.
Ces crimes ont été documentés et reconnus par la Cour pénale internationale (CPI), qui a condamné en 2016 Jean-Pierre Bemba pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité (même si la condamnation a été annulée en appel en 2018 pour des raisons de procédure)
Le rôle du gouvernement centrafricain de l’époque, et notamment celui de ses principaux responsables, demeure un sujet de controverse. Plusieurs analystes estiment que, dans le contexte de guerre civile, les autorités avaient peu d’alternatives pour protéger le régime en place, tandis que d’autres leur reprochent d’avoir ignoré les alertes sur les abus commis par leurs alliés congolais.
Des témoins de l’époque affirment que Martin Ziguélé avait été informé des violences lors d’une visite à Bossembélé en novembre 2002, mais aucune mesure décisive n’aurait été prise par son gouvernement pour mettre fin aux exactions.
La responsabilité des crimes commis par le MLC incombe à Jean-Pierre Bemba, comme l’a établi la CPI. Mais, cela relevé aussi de la responsabilité du régime de Patassé dont Martin Ziguelé fut le chef du gouvernement, vis-à-vis des civils massacrés.
Ces rappels historiques refont surface aujourd’hui dans un contexte politique tendu, à l’approche des élections présidentielles de décembre 2025. Pour ses adversaires, ce passé jette une ombre sur sa prétention à incarner la moralité politique.