République centrafricaine : Vivre avec le diabète à Carnot

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Par MSF

Bangui 17 novembre 2025—(Ndjoni Sango): En République centrafricaine vivre avec le diabète représente un vrai défi. L’accès aux traitements est limité, les médicaments (l’insuline) sont coûteux et souvent difficiles à trouver, et les programmes de prise en charge des patients sont rares. A Carnot, au sud-ouest du pays, Médecins Sans Frontières

(MSF) en collaboration avec le ministère de la Santé et de la Population (MSP), assure une prise en charge médicale gratuite à de nombreuses personnes vivant avec le diabète. Depuis le début de la

mise en place du programme en 2019, 245 patients diabétiques ont été accompagnés par MSF et le MSP.

Apprendre à vivre avec le diabète

Adolphe Andoa, 22 ans, vient de Nola, à plus de 200 kilomètres de Carnot. Diagnostiqué diabétique de type 1 il y a cinq ans, il avait du mal à se procurer de l’insuline dans sa ville. « J’étais constamment

fatigué, je buvais beaucoup d’eau et j’avais toujours faim », se souvient-il. « J’ai dû arrêter l’école en classe de 5ᵉ à cause de ma maladie. »

Grâce au soutien de MSF à la Clinique de Suivi de l’Hôpital de District de Carnot, Andoa reçoit désormais un traitement gratuit et a été formé à surveiller sa glycémie et à s’injecter lui-même l’insuline à domicile. « Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux », explique-t-il. « J’ai repris l’école en 2024 et je mène une vie normale. Mon rêve est de devenir médecin pour aider d’autres enfants diabétiques. »

Le diabète de type 1 est une maladie chronique dans laquelle le pancréas ne produit plus d’insuline, une hormone essentielle qui régule le taux de sucre dans le sang. Sans insuline, le glucose s’accumule dans le sang au lieu d’être utilisé comme source d’énergie, ce qui peut provoquer de graves complications, voire mettre la vie de la personne en danger. Le traitement repose donc sur des injections quotidiennes d’insuline et un suivi régulier de la glycémie (taux de sucre dans le sang).

Dans un contexte comme celui de la République centrafricaine, où l’insuline reste très coûteuse et où les structures de santé sont limitées, cette maladie représente une véritable épreuve pour les patients et leurs familles. Par ailleurs, le traitement doit être pris à vie par le patient, ce qui constitue une charge financière difficile à assumer pour beaucoup d’entre eux.

Autonomiser les patients et leurs familles

Pour les adultes comme Calvin Bedagba, 34 ans, apprendre à gérer le diabète a été une transformation majeure. Diagnostiqué en 2021, il était au début très anxieux. « Mes parents pensaient que le diabète était synonyme de mort », raconte-t-il. Grâce aux sessions de sensibilisation de MSF, Calvin a compris ce qu’est réellement le diabète et comment vivre avec. Aujourd’hui, il

contrôle sa glycémie, s’injecte lui-même l’insuline à la maison et se rend chaque mois à la clinique pour son suivi.

Les parents ressentent également l’impact du programme. Emmanuel Warassio est le père de Carole, une jeune fille de 18 ans atteinte de diabète de type 1. Pendant des années, il devait l’accompagner à la clinique matin et soir pour ses injections. Aujourd’hui, Carole fait partie du programme d’autonomisation des patients, qui lui permet de gérer son traitement à domicile.

« Seule MSF fournit l’insuline à Carnot », explique Warassio. « Nous espérons qu’à l’avenir, d’autres acteurs pourront renforcer cet appui afin que tous les enfants aient un accès durable aux soins dont ils ont besoin. »

Un programme qui change des vies

Le programme de MSF à Carnot se concentre sur l’autonomisation des patients. Les patients nouvellement diagnostiqués reçoivent un kit médical complet : glucomètre, insuline, seringues, lancettes et pots en argile pour conserver l’insuline. Ils apprennent à contrôler leur glycémie et à s’injecter eux-mêmes l’insuline. Les suivis mensuels et les visites à domicile garantissent que les patients maintiennent leur autonomie tout en bénéficiant d’un accompagnement professionnel.

Étive Marvin Houboutouni, responsable du programme diabète de MSF, explique : « Ce programme permet aux patients de stabiliser leur santé et de reprendre l’école, le travail et leur vie familiale.

Aujourd’hui, 245 patients sont pris en charge, dont 63 enfants et 182 adultes. Parmi eux, 80 ont été autonomisés, dont 11 enfants. »

Regarder vers l’avenir

Malgré les défis, comme la distance à parcourir pour se rendre à la clinique et la difficulté de se procurer leur traitement de façon abordable en dehors de MSF, ces histoires témoignent de l’espoir et de la résilience des patients diabétiques à Carnot.

Grâce à l’éducation et à l’accès gratuit aux traitements, MSF améliore non seulement la vie des patients aujourd’hui, mais les prépare également à gérer leur diabète de manière durable demain. Toutefois, de nombreux défis restent à relever à l’échelle nationale afin que davantage de patients puissent bénéficier de ce type de soutien et accéder durablement aux soins dont ils ont besoin.