Par Juste MBANGO
Bangui 18 novembre 2025—(Ndjoni Sango) : À la suite de la décision du Conseil constitutionnel autorisant Anicet-Georges Dologuélé à concourir à l’élection présidentielle du 28 décembre, la scène politique centrafricaine s’est de nouveau animée autour de la figure de l’ancien Premier ministre. Si le feu vert constitutionnel confirme sa conformité aux critères d’éligibilité, plusieurs observateurs restent sceptiques quant à ses chances de succès.
Selon de nombreux analystes interrogés par les médias locaux, le principal obstacle pour M. Dologuélé demeure son image politique, façonnée par son passage à la primature entre 1999 et 2001. Certains commentateurs lui reprochent d’avoir mené à l’époque une orientation très alignée sur les intérêts économiques occidentaux, ce qui lui aurait valu une réputation persistante d’« homme de l’étranger » dans certains cercles politiques de Bangui.
Des accusations de mauvaise gestion et de corruption ont également été relayées au fil des années par des acteurs politiques et certains rapports institutionnels. Un document attribué à la Cour des comptes et datant de 2002 évoquait par exemple des irrégularités présumées dans la gestion de plusieurs fonds publics, des affirmations jamais suivies de poursuites judiciaires, et que l’intéressé n’a cessé de contester.
Élu député en 2021, Anicet Georges Dologuélé a également fait l’objet de critiques concernant son implication à l’Assemblée nationale. Selon des registres parlementaires consultés par plusieurs médias, il aurait participé à une faible proportion des séances plénières au cours des deux dernières années, une situation que ses opposants interprètent comme un manque d’engagement, tandis que ses partisans invoquent des contraintes liées à ses activités politiques internationales.
Depuis 2023, le candidat Dologuélé a régulièrement été pointé du doigt par certains leaders d’opinion pour ses prises de position sur la gouvernance nationale. Son rôle dans le boycott des élections locales, qualifié par ses adversaires de facteur d’instabilité, demeure un sujet controversé.
Des rapports de la MINUSCA évoquant des liens entre certains acteurs politiques et des groupes armés ont également alimenté les débats, même si aucune preuve publique ne permet d’établir formellement ces connexions.
Les derniers baromètres d’opinion cités par plusieurs analystes lui attribuent un niveau de popularité faible, y compris dans sa préfecture d’origine de l’Ouham. Une large part de l’électorat interrogé l’associe à une forme d’influence étrangère, un sentiment nourri par des années de discours politiques opposant souverainisme et alignement international.
Pour une partie des observateurs, son admission à la présidentielle est analysée comme la volonté des institutions d’assurer un pluralisme politique formel. D’autres rappellent toutefois que, malgré les critiques, Anicet-Georges Dologuélé reste une figure politique de premier plan, dotée d’une expérience administrative rare dans le paysage centrafricain.
À quelques semaines du scrutin, son équipe de campagne n’a pas encore réagi publiquement aux commentaires qui alimentent le débat. La dynamique électorale des prochains jours permettra de mesurer si l’ancien Premier ministre parviendra à inverser la perception d’une partie de l’opinion et à se repositionner dans la compétition.







































