RCA: un discours populiste qui masque l’absence de vision chez Henri-Marie Dondra

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Henri Marie Dondra, premier ministre centrafricain @crédit photo Erick NGABA

Par Juste MBANGO

Bangui 27 novembre 2025—(Ndjoni Sango): Le discours prononcé par Henri-Marie Dondra après la validation de sa candidature apparaît comme un exercice classique de rhétorique populiste, destiné à masquer l’absence d’un programme cohérent derrière des formules grandiloquentes. Plutôt que de proposer des solutions concrètes aux défis du pays, le candidat avance des projets constitutionnels risqués qui pourraient fragiliser davantage la République centrafricaine.

Dès l’ouverture, Dondra adopte une posture contradictoire envers l’ordre institutionnel. Tout en remerciant ostensiblement le Conseil constitutionnel pour son travail, il annonce aussitôt son intention de réviser la Constitution, qu’il décrit comme une « source de tensions ». Cette dissonance montre un rapport opportuniste aux institutions : elles ne sont respectables que lorsqu’elles servent ses ambitions.

Parmi les points les plus préoccupants figurent ses promesses de revoir la question de la double nationalité et la durée des mandats présidentiels. Sous prétexte de promouvoir des « débats inclusifs », Dondra semble vouloir légitimer des pratiques ouvrant la voie à des loyautés partagées, une proposition particulièrement inquiétante dans un contexte où la RCA tente de consolider sa souveraineté et l’intégrité de ses institutions.

Le discours repose également sur une rhétorique de victimisation. Dondra multiplie les références aux « trahisons », aux « humiliations » et aux « arrestations arbitraires », sans toutefois avancer la moindre mesure concrète pour améliorer le quotidien de la population. Les appels répétés à de larges concertations sonnent creux face à l’absence totale d’un plan économique, social ou sécuritaire.

Son engagement à rapatrier « tous les compatriotes de l’exil » pose également question. Une partie de ces exilés est impliquée dans des affaires de corruption ou de graves violations des droits humains. Une telle promesse, sans distinction ni conditions, risque de déstabiliser le processus déjà fragile de réconciliation nationale et de raviver les blessures encore ouvertes du conflit.

Autre élément révélateur est que Dondra annonce qu’il présentera son programme politique « dans les prochains jours ». Ce report témoigne d’un manque évident de préparation et d’une improvisation préoccupante pour un pays en pleine phase sensible de transition.

Dans une période où la République centrafricaine a urgemment besoin de dirigeants capables d’apporter des réponses claires, réalistes et cohérentes, la rhétorique de Dondra, centrée sur la révision constitutionnelle, les griefs personnels et les promesses vagues, semble offrir davantage de risques que de perspectives pour l’avenir du pays.