Par Juste MBANGO
Bangui 3 décembre 2025—(Ndjoni Sango): L’interview accordée par l’ancien Premier ministre centrafricain, le controversé Henri-Marie Dondra, à Radio France Internationale a suscité de vifs commentaires dans le paysage politique centrafricain. Le candidat à la présidentielle a tenté de se positionner comme une alternative au pouvoir en place, mais ses déclarations mettent également en lumière les contradictions d’un responsable politique ayant occupé des fonctions clés au sein de l’État pendant près de six marquées de soupçon de détournement.
Dondra reconnaît les progrès sécuritaires enregistrés sous la présidence de Faustin-Archange Touadéra, tout en interrogeant leur « prix » et en évoquant des « exactions » attribuées aux forces nationales et à leurs alliés. En appelant le gouvernement à « prendre ses responsabilités », l’ancien Premier ministre adopte un ton critique qu’il n’avait pas affiché lorsqu’il était lui-même aux commandes, notamment comme ministre des Finances puis chef du gouvernement.
Cette posture soulève une question centrale. Pourquoi ces alertes n’ont-elles pas été formulées publiquement lorsqu’il exerçait encore des responsabilités exécutives ?
L’un des moments les plus significatifs de son intervention est la tentative de distinguer deux phases dans son propre parcours politique. Dondra revendique volontiers les résultats économiques des premières années du mandat de Touadéra, évoquant une croissance de 4,5 % et une stabilisation budgétaire.
Mais il se dissocie rapidement des orientations prises ensuite, qu’il associe au débat constitutionnel et au troisième mandat. Cette séparation entre ce qui serait « son » bilan et celui du pouvoir actuel souligne une volonté de capitaliser sur les succès passés tout en se distançant des périodes plus controversées.
Sa position sur la coopération avec la Russie apparaît également ambiguë. Tout en rappelant l’existence d’accords et la nécessité d’audits, il affirme vouloir éviter que la RCA devienne un « théâtre de conflits géopolitiques », sans toutefois préciser clairement s’il maintiendrait ou modifierait la coopération sécuritaire actuelle. Cette absence de ligne définie entretient une forme d’incertitude sur l’avenir de partenariats jugés déterminants par une partie de la classe politique et de la population.
Interrogé sur un éventuel scénario de victoire du président sortant, Dondra évoque une « fraude bien préparée » et un « mépris du peuple », des accusations qui laissent entrevoir la contestation anticipée de résultats défavorables. Ce discours tranche avec ses appels au « pardon national » et au dialogue, qui peinent à s’accorder avec une rhétorique aussi conflictuelle.
Au final, l’intervention de l’ancien Premier ministre illustre les difficultés d’un responsable politique à se repositionner après avoir longtemps été associé au pouvoir. Son discours repose largement sur la critique du présent, tandis que son propre parcours continue de peser dans l’analyse de sa candidature.






































