RCA: pourquoi Huguette Yolande Ndindy est devenue la cible de l’opposition?

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Huguette Yolande Ndindy de l'Autorité nationale des élections

Par Mamadou NGAINAM

Bangui 14 décembre 2025—(Ndjoni Sango) :Depuis plusieurs semaines, Huguette Yolande Ndindy est au centre d’une offensive politique d’une rare violence. Corruption, conflits d’intérêts, fraudes électorales massives, responsabilité morale dans les souffrances du pays,  les accusations pleuvent, portées par certains acteurs de l’opposition centrafricaine. Le ton est dur, parfois brutal, souvent personnel.

Un élément, pourtant, interpelle. Aucune preuve concrète n’est jamais avancée. Ni documents, ni faits établis, ni éléments vérifiables. Seulement des insinuations, des rumeurs et une stratégie de disqualification bien rodée.

Selon des informations concordantes, la réalité des faits de 2015–2016 est à l’exact opposé du récit aujourd’hui imposé dans le débat public. À cette période charnière, marquée par une transition fragile, ce n’est pas une fraude organisée au profit du pouvoir qui aurait été mise en place, mais une tentative coordonnée de manipulation des résultats en faveur de l’opposition.

Des agents auraient agi de manière concertée, modifiant certains chiffres, ajustant les données pour leur donner une cohérence artificielle et tenter de contourner les mécanismes de contrôle. Il ne s’agissait ni d’erreurs techniques ni d’anomalies fortuites, mais bien d’une manœuvre délibérée.

À l’époque, Huguette Yolande Ndindy, alors responsable opérationnelle au Centre de traitement des données, détecte les anomalies. Là où d’autres auraient pu détourner le regard, elle engage un travail méthodique. Dont l’isolation des résultats suspects, confrontation des données, identification des comptes utilisés, des horaires de saisie et des agents impliqués.

Les faits sont établis sans ambiguïté. Les agents concernés sont immédiatement écartés, les saisies annulées, les données réinitialisées et les résultats authentiques réintégrés dans le circuit officiel. La tentative de fraude est neutralisée avant toute conséquence politique ou institutionnelle.

Contrairement aux accusations actuelles, ce silence observé après les faits ne relevait pas d’une volonté de dissimulation. Le processus électoral avait été sécurisé, les résultats assainis et, surtout, la stabilité du pays préservée dans un contexte explosif. Dans une administration électorale, corriger une dérive sans provoquer un scandale public peut relever non de la complicité, mais de la responsabilité.

Aujourd’hui, les rôles semblent inversés. Ceux dont les intérêts ont été contrariés hier se présentent comme des victimes. Ceux qui ont empêché la fraude sont accusés d’en être les instigateurs.

On évoque un supposé « conflit d’intérêts », on s’attaque à la vie privée, on franchit parfois une ligne rouge en interpellant une femme sur sa conscience, voire sur sa maternité. Ce n’est plus du débat politique, mais une tentative de mise au pilori.

Les déclarations d’Anicet Georges Dologuélé sur une Autorité nationale des élections prétendument non indépendante s’inscrivent dans cette même logique. Aucune accusation précise, aucun cas documenté, aucun fait vérifiable. Seulement des sous-entendus. Une méthode connue, avec un objectif de faire sauter un verrou.

Car Huguette Yolande Ndindy incarne précisément ce que certains redoutent, une professionnelle qui maîtrise les rouages techniques du système électoral, qui a déjà démontré qu’elle n’hésite pas à agir face aux tentatives de manipulation, et qui pourrait, demain encore, empêcher toute falsification. La discréditer, l’affaiblir, l’écarter sous un prétexte fabriqué, c’est chercher à ouvrir un champ libre.

Pourquoi un tel acharnement contre une responsable jamais mise en défaut par le moindre élément factuel ? Pourquoi cette campagne coordonnée, agressive, parfois obscène ?
La réponse est simple, et dérangeante. Parce qu’elle fait obstacle.

Dans un pays qui aspire à des élections crédibles, la véritable menace pour la démocratie n’est pas toujours celle que l’on dénonce le plus bruyamment. Elle se cache souvent derrière ceux qui accusent sans prouver, qui parlent de morale pour éviter les faits, et qui veulent remplacer le contrôle par le soupçon.

Dans cette affaire, une chose apparaît avec clarté est que Huguette Yolande Ndindy n’a pas saboté la démocratie centrafricaine. Elle l’a protégée. Et c’est précisément pour cela qu’elle est aujourd’hui attaquée.