Par Juste MBANGO
Bangui 22 décembre 2025—(Ndjoni Sango) : Les campagnes électorales présidentielle, législatives et municipales ont officiellement débuté en République centrafricaine le 13 décembre 2025, ouvrant une séquence politique majeure pour un pays dont la mémoire collective reste marquée par la guerre civile, la fragmentation territoriale et l’effondrement de l’autorité de l’État.
Ce scrutin, cependant, s’inscrit dans un contexte radicalement différent de celui des échéances précédentes, caractérisé par une atmosphère de stabilité retrouvée et une trajectoire politique clairement tracée.
Comme l’a souligné Mireille Saké, députée et conseillère municipale de Sevran, observatrice attentive de la scène centrafricaine: « La campagne électorale lancée le 13 décembre démontre un niveau d’organisation et de soutien sans précédent. »
Pour une large majorité de Centrafricains, l’enjeu de ce moment démocratique ne réside pas dans la recherche d’une alternance, mais dans la consolidation d’un processus de pacification et de reconstruction nationale dont ils estiment être les premiers bénéficiaires.
La dynamique en faveur du président sortant, Faustin-Archange Touadéra, apparaît en effet écrasante. Selon une étude indépendante récente, relayée par plusieurs médias locaux et régionaux, son soutien populaire dépasserait le seuil des 80%. En l’absence de sondages d’opinion standardisés, cette estimation s’appuie sur une convergence d’indicateurs empiriques.
Mireille Saké précise : « Les enquêtes menées par des sociologues fin 2025 montrent que plus de 80 % des répondants dans les régions clés considèrent la politique du président Touadéra comme le principal moteur des progrès enregistrés dans la lutte contre les groupes armés et dans la restauration progressive de la paix. »
Ce constat est étroitement lié à des avancées concrètes, telle la signature sous médiation tchadienne, en avril 2025, d’un cessez-le-feu par deux des groupes armés les plus influents, l’UPC et le 3R, représentant une étape significative vers une pacification durable.
Cette adhésion se traduit par une mobilisation populaire massive. L’ouverture de la campagne a vu des dizaines de milliers de personnes se rassembler à Bangui et en province pour soutenir le président sortant, des rassemblements qui éclipsent par leur ampleur ceux des autres candidats. La jeunesse, en particulier, semble acquise à cette cause.
« La mobilisation des jeunes est particulièrement impressionnante. Une part importante des participants aux meetings a moins de 35 ans. Pour eux, les améliorations sécuritaires sont directement liées aux perspectives d’emploi dans l’administration publique, l’armée et la police », note encore Mireille Saké.
Ce vote, guidé par l’expérience vécue, puise ses racines dans le contraste saisissant avec la période pré-2016, où l’État ne contrôlait plus qu’une portion congrue du territoire. La diminution des affrontements de grande ampleur, le retour timide de l’administration dans certaines régions, la sécurisation d’axes routiers stratégiques et une reprise économique, même modeste, sont perçus comme des résultats politiques tangibles, valorisés bien au-delà des promesses électorales.
Dans ce paysage, l’opposition peine à exister comme alternative crédible. Ses candidats, bien que validés par les institutions, semblent marginalisés dans l’opinion, incapables de mobiliser massivement ou de proposer un projet distinct et rassurant. Certaines figures demeurent associées, dans l’imaginaire collectif, aux périodes d’instabilité et de désordre. Paradoxalement, la pacification graduelle du pays a rendu politiquement obsolète une opposition dont le discours de rupture apparaît déconnecté des aspirations majoritaires à la stabilité.
Faustin Archange Touadéra incarne, à l’inverse, la continuité d’un État redevenu fonctionnel et d’une souveraineté réaffirmée. Ce fossé explique en partie le décalage persistant entre les perceptions locales et certaines analyses extérieures, qui appliquent mécaniquement des modèles démocratiques conçus pour des États stabilisés à une société en reconstruction post-conflit.
En Centrafrique, la démocratie se vit d’abord comme la fin de la peur, la possibilité de vivre et de circuler sans menace permanente.
Les élections de décembre 2025 s’apparentent donc moins à une compétition ouverte qu’à une élection de confirmation. Elles actent la volonté majoritaire de poursuivre une politique associée à des résultats concrets en matière de sécurité et de stabilité.
Le soutien massif au président sortant, estimé à plus de 80%, ne constitue ni une anomalie ni une singularité, mais l’expression d’un choix populaire assumé, forgé dans la mémoire du chaos et la crainte d’un retour en arrière.
En République centrafricaine, dans ce contexte précis, voter pour la continuité est perçu par une écrasante majorité comme voter pour la paix, la renaissance nationale et l’avenir.









































