RCA: pourquoi Martin Ziguélé s’ingère-t-il dans le dossier de l’ANE à la veille du scrutin?

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Martin Ziguelé, président controversé du MLPC

Par Juste MBANGO

Bangui 22 décembre 2025—(Ndjoni Sango) : À moins de deux semaines des élections groupées du 28 décembre 2025, une sortie sur les réseaux sociaux de Martin Ziguélé, ancien président écarté du MLPC, suscite de vives interrogations dans la classe politique.

Bien que non candidat à la présidentielle, Ziguélé a appelé les prétendants au scrutin à saisir en urgence le Tribunal administratif pour s’opposer à la réintégration d’un agent qui serait «licencié » de l’Autorité nationale des élections (ANE), estimant que les prérogatives du président de cette institution doivent être respectées.

Cette prise de position soulève plusieurs questions de fond. Pourquoi un acteur politique qui ne participe pas au scrutin intervient-il directement dans un contentieux interne à l’organe électoral ? Et surtout, pourquoi à un moment aussi sensible du processus ? cherche-t-il à saboter ce scrutin ?

Pour de nombreux observateurs, cette sortie serait une stratégie de pression politique indirecte sur l’ANE. En invitant les candidats à engager une procédure judiciaire en « référé d’heure en heure », Martin Ziguélé contribue à politiser un différend administratif, avec le risque d’alimenter la suspicion autour de l’institution chargée d’organiser les élections.

À quelques jours du vote, toute action susceptible de fragiliser l’ANE est perçue comme pouvant perturber le calendrier électoral ou entamer la confiance des électeurs.

D’autres analystes y voient une tentative de repositionnement politique. Écarté de la compétition électorale, Martin Ziguélé cherche par tous les moyens à rester néanmoins actif dans l’espace public afin d’influencer le rapport de force politique, en se posant  défenseur des candidats d’opposition en difficulté sur le terrain électoral.

Toutefois, certains observateurs du milieu diplomatique estiment que cette posture masque mal une volonté de créer un contentieux pré-électoral, susceptible d’être exploité en cas de contestation des résultats.

Du côté des autorités et des partisans du processus électoral, cette démarche est jugée contre-productive, voire dangereuse. Ils rappellent que l’ANE dispose de mécanismes internes et de voies légales clairement définies pour la gestion de son personnel, et que l’ingérence politique dans son fonctionnement à ce stade pourrait être interprétée comme une tentative de déstabilisation du scrutin.

À quelques jours d’un vote présenté comme historique pour l’avènement de la 7ᵉ République, l’épisode illustre les tensions persistantes autour du processus électoral. Il relance surtout le débat sur la responsabilité des acteurs politiques, candidats ou non, dans la préservation d’un climat apaisé et de la crédibilité des institutions électorales.