Par Erick NGABA
Bangui 22 août 2018—Ndjoni Sango : l’instant des autres pays à travers le monde, la République centrafricaine a célébré le 19 août 2018, la journée mondiale de l’aide humanitaire. Célébrée sous le thème « Les civils ne sont pas une cible », la commémoration de cette journée en Centrafrique a été faite dans un contexte difficile de financement de l’aide humanitaire et de la menace perpétuelle contre les humanitaires.
La journée mondiale de l’aide humanitaire est célébrée en Centrafrique par les autorités et la famille humanitaire. C’est dans un contexte de violence contre les humanitaires par les groupes armées et de faible financement de la réponse humanitaire que la coordination des affaires humanitaires a dressé un tableau d’incident dont font l’objet les acteurs humanitaires.
« Je voudrais saluer la mémoire des 29 humanitaires qui ont perdu la vie en Centrafrique depuis 2014. Cette année, 6 acteurs humanitaires ont été tués alors qu’ils apportaient de l’aide aux personnes dans le besoin, dont le plus récent a perdu la vieil y a tout juste deux semaines à Alindao », a déclaré la Coordonnatrice des affaires humanitaires en Centrafrique, Najat Rochdi.
Du début de l’année à la fin du mois de juillet, 205 incidents ont directement affecté les humanitaires, soit un incident par jour, selon la coordonnatrice des affaires humanitaires. Les vols et les agressions contre le personnel humanitaire représentent plus de 80% des incidents dont ils sont victimes.
« Devant ce constat, je veux exprimer ma colère et mon indignation et condamner fermement ces actes abjects car rien ne justifie de tuer celui et celle qui sauve des vies, qui fournit nourriture, santé ou encore abris », a-t-elle ajouté.
Début 2018, 18 organisations humanitaires ont été contraintes de suspendre leurs activités dans une douzaine de localités dans les sous-préfectures de Batangafo, Kaga-Bandoro, Kabo, Bambari, Ippy et Bria. Cela à cause de violence, de braquage de menace armée et verbale, de pillage de stock, et de tuerie dont sont victimes les humanitaires.
« Je voudrais réitérer ici que lorsque des stocks de médicaments ou de vivres sont pillés, ou que des convois humanitaires sont attaqués et les sièges des organisations humanitaires sont saccagés, ce sont des milliers de personnes qui risquent de ne pas recevoir l’aide dont ils ont absolument besoin », a déploré la coordonnatrice des affaires humanitaires.
La commémoration de cette journée est une opportunité pour les acteurs humanitaires de dire « STOP » aux actes barbares contre les civils et les humanitaires qui ne sont pas une cible. Dans l’exécution de leur mission, les acteurs humanitaires ont également enregistré que des incidents de protection sont également à la hausse. Depuis le début de l’année, le cluster protection a recensé, selon OCHA, 7 265 incidents de protection à travers le pays, soit plus de 1 000 incidents chaque mois. Cela dit, 1000 fois où le droit international a été bafoué et où les populations vulnérables sont atteintes.
« Je suis profondément préoccupée par la quantité des risques de protection auxquels les civils sont exposés, notamment : les exactions, les déplacements, les séparations familiales, l’enrôlement et utilisations des enfants par les groupes armés, les violences basées sur le genre, l’exploitation et d’autres pratiques telles que l’accusation de sorcellerie, les mutilations génitales féminines et le mariage précoce », a-t-elle renchérit.
Du fait de la présence active des groupes armés dans une bonne partie du territoire national, la recrudescence d’attaques contre les structures civiles continue en Centrafrique.
Par exemple, OCHA a fait savoir qu’il a eu 87 attaques contre le système éducatif dans les derniers 18 mois. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Les personnels de santé et les structures sanitaires sont malheureusement une cible dans ce conflit. Cette semaine, OCHA a informé qu’un personnel de santé a été tué sur l’axe Bria-Irabanda suite aux affrontements dans la zone.
Par ailleurs sur l’axe Ndomete – Mbrès, 153 maisons ont été brulées dans un seul village au début la semaine.
« Quel est le sens de tuer des enfants, des civils, d’attaquer les hôpitaux, où les lieux de culte. La triste réalité est là : la République centrafricaine est, et reste, l’un des pays les plus dangereux au monde pour les opérations humanitaires alors que plus que la moitié de la population, 2,5 millions de Centrafricains, sont en besoin d’aide humanitaire pour leur survie », a déploré Najat Rochdi.
Au regard des violences armées, OCHA a déploré que’un centrafricain sur quatre a été arraché de son foyer par la violence.
La journée mondiale de l’aide humanitaire a été instaurée en mémoire de 22 humanitaires tués lors d’une attaque ciblée contre le Canal Hôtel à Bagdad, il y a 15 ans.