Par Erick NGABA
Bangui 24 février 2019— (Ndjoni Sango) : Une affaire de l’occupation de terre oppose depuis un bon moment le député Serge Singha aux habitants du village Kpalongo, situé à environ 15km au sud de Bangui, sur la route de M’baiki. En dépit de l’intervention du Tribunal de grande instance de Bangui, l’affaire continue et prend l’allure d’un bras de fer entre les parties.
Qui des habitants de Kpalongo et de Serge Singha, possède réellement cette parcelle ? Il est difficile de répondre à cette question même si l’on se base sur les dossiers juridiques, à l’allure où vont les choses.
Les deux parties se réclament de part et d’autre propriétaire d’une parcelle du village Kpalongo où une vive tension a éclaté jeudi faisant état d’un mort, et d’environ 30 hectares des champs partis en fumée.
En effet, la parcelle rive gauche du village appartenait à Monsieur CUGUNI à l’époque où il n’y avait personne sur ce terrain le Titre foncier 2422 lui a été immatriculé en mars 1967. Ce qui lui a permis d’y développer une grande plantation de Café.
Décédé dans les années 90, alors que tous ces enfants furent en France, un ressortissant du Congo Démocratique, le nommé Démarago a débarqué et s’y est installé. Il commençait, alors, à morceler et à vendre des bouts de terrains, d’après les informations recueillies.
Il deviendra par la suite le chef du village Kpalongo avant d’être arrêté et mis en prison, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Entre temps, Démarago a réussi à faire établir par des agents des services de cadastre un certificat de retour au domaine, indiquent les mêmes sources.
Un certificat que le député Serge Singha qualifie d’illégal car, d’après lui, un retour au domaine d’un Titre Foncier est impossible.
« A son retour en Centrafrique, le fils CUGUNI Jean Primo, héritier désigné par sa famille, a réussi à faire annuler ce retour au domaine et reprend possession de sa propriété qu’il décide de vendre en 2010 à Franck Singha Bengba vivant en France, et que je représente ici », a expliqué le député Serge Singha.
Le terrain est aujourd’hui revendiqué par les occupants qui disent y être installés depuis avant son achat, à en croire certains habitants du village Kpalongo. Un argument qui ne tient pas à la réalité selon Singha.
« A l’époque il n’y avait qu’une cinquante de personne ayant frauduleusement acquis des lopins de terre sur la propriété. Soucieux malgré tout d’entretenir des bonnes relations avec le voisinage je leur propose un règlement à l’amiable qui consisterait pour eux à régler les frais de mutation et du géomètre Topographe ce qui me permettrait de procéder à des mutations partielles en leur faveur. Sachant qu’il pouvait aussi se tourner vers la mairie qui avait validé les opérations frauduleuses de Demarrago afin d’être dédommager », a-t-il ajouté.
Si certains acceptent cette proposition comme le cas de Henri Groth, d’autres ont refusé et préféré ester en justice.
C’est ainsi que ce qui devait arriver : le tribunal ordonna suite à son audience du 13 septembre 2011 « l’expulsion de tous les occupants illégaux de ce Titre Foncier ». La décision leur fut signifiée le 24 janvier 2012, selon un document de la justice dont Ndjoni Sango s’est procuré une copie.
« Durant toutes ces années, j’ai essayé de m’entendre avec tous les occupants illégaux, mais rien n’y fit. Bien au contraire, ces occupants illégaux majoritairement originaires de Congo démocratique se sont mis à vendre tous azimuts des portions du terrain à des Centrafricains dupés avec le soutien comme toujours de certains Centrafricains indélicats comme Monsieur GOUAYE qui a des affaires pendantes devant la justice de détournement de fonds à la SONATU aujourd’hui en faillite », a renchérit le député Serge Singha.
Le 18 octobre 2018, le premier Président de la cour d’appel prend une ordonnance portant caducité de leur appel et confirme ainsi la procédure de leur expulsion.
Jeudi dernier, la violence a éclaté entre les parties quand le huissier du député Singha voulait passer à l’exécution de cette ordonnance.
« Pour éviter que mon fils qui avait entretemps investi beaucoup d’argent dans cette ferme avec son association agropastorale ne perde tout, j’ai saisi un huissier afin de faire exécuter la décision de justice. Le reste vous le connaissez : l’Huissier a été gravement molesté, des gendarmes pris à parti obligés de fuir une première fois. Sachant que certains sujets d’origine congolaise sur le site étaient bien armés. Dès que les gendarmes se sont retirés ces occupants illégaux ont : incendié les différentes plantations de la ferme à savoir une palmeraie de 15 hectares qui après 5 ans d’entretien très couteux commençaient seulement à produire, une plantation de manioc de 10 hectares » déplore Singha.
De surcroît lors de ces échauffourées jeudi dernier, le député de Bangassou déplore le massacre de son cheptel de l’élevage essentiellement constitué d’une centaine de caprins, l’incendie les entrepôts de maïs et les résidences des travailleurs, les chiens des gardiens par les habitants du terrain révoltés.
« Aujourd’hui les 30 personnes qui travaillaient dans cette ferme sont au chômage et tout l’investissement de mon fils parti en fumé », regrette-t-il.
La situation au village Kpalongo a entraîné des pertes en vies humaines et matériels. Une dizaine de personnes ayant participé aux actes de violences a été appréhendée par la gendarmerie.