RCA: Quel sort pour les disparus de la crise et leurs familles ?

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Par Kizer MAÏDOU

Bangui 30 Septembre 2019—(Ndjoni Sango) : Depuis la disparition tragique du feu fondateur de la République Centrafricaine, le  pays n’a connu que des crises sociopolitiques à répétition, les formations politiques dans leurs grandes majorités de succession en succession ont souffert d’un manque criard de vision  pour mieux gérer le pays. En lieu et place des urnes, les mutineries, les rebellions, et les coups d’Etat soit cinq en total (1965, 1979, 1981,2003, 2013) ont été érigés en mode privilégié d’accession au pouvoir comme fut le cas le 2013.

Tous ces cycles de crise sont la résultante de l’échec politique de la construction d’un Etat de droit et d’une citoyenneté Centrafricaine à bâtir sur les résiliences de l’histoire et de la culture nationale. L’arrivée de Faustin Archange Touadera à la présidence de la République centrafricaine en 2016 au terme d’une élection à deux tours, a constitué une lueur d’espoir. L’on a constaté par ailleurs, la montée des violences et de l’insécurité sur l’ensemble du territoire national.

Rongée par la situation sécuritaire et les violences conflictuelles, la RCA compte aujourd’hui des milliers et des milliers de victimes parmi lesquelles les personnes disparues.

Malgré la mobilisation d’un grand nombre d’acteurs humanitaires ainsi que de soutiens multiformes au chevet de ce pays, peu de regards sont portés sur les personnes disparues et leurs familles. Les priorités dans les domaines politiques, sécuritaires et de développement ne semblent privilégier que l’Etat et les partenaires au développement sans tenir compte de ces personnes disparues. On constate une absence totale de politique nationale en faveur de cette catégorie de personnes.

En 2014, la délégation du comité international de la Croix Rouge en République Centrafricaine a mené des actions en vue d’aider les familles dispersées à rétablir le contact avec leurs proches. Ainsi, sur  561 personnes séparées de leurs familles et répertoriées par le CICR, l’institution a pu réunir  108 enfants, 3 adultes vulnérables à leur famille, et a pu élucider le sort des 38 autres personnes disparues.

De janvier à juin 2019, le CICR  a encore réuni 19 autres personnes disparues avec leurs familles, cependant dans la même période, plus de 7000 personnes ont bénéficié de la reconstruction de leurs maisons, 745 personnes ont bénéficié du programme psychosocial pour victimes de violences y compris les violences sexuelles,  46.769 autres ont bénéficié de biens essentiels de ménage.

Cette action soutenue par un seul partenaire humanitaire, prouve à suffisance que peu de regards sont portés sur les disparus sachant que la crise Centrafricaine a atteint son comble en 2013 et est loin de connaître une fin. Une situation qui demande plus d’engagements et d’actions en faveur des victimes portées disparues et leurs familles respectives, de la part des ONG, organismes, gouvernement et tout autre partenaire.

Un besoin exprimé lors de la 1ère célébration de la journée internationale des personnes disparues le 30 Aout dernier,  par la cheffe de la délégation du CICR en Centrafrique, Valérie Petitpierre en ces termes :

‘‘Il y a ici dans ce pays des familles de personnes disparues. Elles souffrent aussi énormément et psychologiquement du fait d’être sans nouvelles de leurs proches. Nous avons aussi des activités en faveur des populations qu’on a tendance à oublier ou qui restent ignorer. Je pense par exemple aux détenus, on continue à visiter les lieux de détentions à Bangui ou à l’intérieur du pays. On continue à fournir un accès aux soins de santé aux victimes de violences, des blessures qui ne sont pas forcément visibles, il leur faut une attention particulière. ’’

Malgré la signature d’un accord politique pour la paix et la réconciliation entre le gouvernement et 14 groupes armés le 06 février dernier à Bangui, le nombre des victimes  ne cesse d’augmenter et le nombre des disparus ne fait que s’accroitre. 

En dépit de la mise en place d’un comité de suivi dudit accord négocié à Khartoum au soudan à travers les structures d’accompagnement et de soutien aux victimes, les actions en faveur des personnes disparues dans le Pays sont minimes.

Pourtant, une séparation brutale a des effets très négatifs aussi bien pour la personne disparue que pour le reste de sa famille. Ainsi, les personnes séparées de leurs familles sont encore plus vulnérables que les autres victimes. Une problématique qui risque de perdurer en Centrafrique à cause des violences armées et du conflit qui s’éternisent.

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