Par Ulrich MAMELENYA
Bangui 17 décembre 2019—(Ndjoni Sango) : Trois leaders des groupes armés signataires de l’accord politique pour la paix et la réconciliation(APPR) du 6 février dernier, notamment Nourreidine Adam, du Front populaire pour la Renaissance de Centrafrique(FPRC), Ali Darass de l’Unité pour la paix en Centrafrique(UPC) et Mahamat Alkatim du Mouvement patriotique pour la Centrafrique(MPC) ont ouvertement manifesté leur indignation vis-à-vis du gouvernement centrafricain. C’est dans un mémorandum adressé aux facilitateurs et aux garants de l’accord de Khartoum, en date du 16 décembre 2019, qu’ils ont accusé le gouvernement concernant les retards enregistrés dans la mise en œuvre de l’APPR-RCA.
Dix mois après sa signature, certains principaux acteurs de l’APPR ont essayé de faire leur propre bilan. C’est le cas de trois leaders des groupes armés qui ont sorti un mémorandum conjoint de trois pages, mais saillant avec plusieurs points relevés, dont la mise en œuvre de l’accord, qui est une partie cruciale permettant à la République Centrafricaine de retrouver une paix définitive.
Dans ce mémorandum, ces derniers ont exprimé leur profond regret, malgré les efforts déployés par le gouvernement dans la mise en œuvre de cet accord.
« C’est avec un profond regret que nous exprimons notre inquiétude quant aux retards enregistrés dans la mise en œuvre de l’APPR-RCA. Dix mois après la signature de l’APPR-RCA, particulièrement les articles 1 point b et 4 points a., c., f., i., r., s., t., u ne sont pas encore mis en œuvre », ont-t-ils déploré.
Mais selon eux, le point saillant de la défaillance du gouvernement dans la mise en œuvre de l’APPR-RCA réside dans la mise en place des arrangements sécuritaires transitoires, tels que mentionnés aux articles 16 et 17 de l’APPR-RCA.
« A plusieurs reprises, nous avons, mentionné que les arrangements sécuritaires transitoires, tels que prévus dans l’APR-RCA, permettraient de combler les vides sécuritaires conséquentes aux démantèlements des barrières illégales. Ils constituent également des dispositifs alternatifs destinés à la réinsertion des éléments des groupes armés et une des réponses aux problèmes sécuritaires liés notamment à la transhumance, au braconnage, à la criminalité transfrontalière, et permettraient ainsi d’assurer la sécurité des personnes et des biens », ont mentionné les trois leaders de FPRC, UPC et MPC.
Ils ont signalé que c’est dans ce contexte qu’ils ont demandé et accepté le déploiement progressif des FACA et Forces de Sécurité Intérieur dans les zones sous leurs contrôles.
Nourreidine Adam, Ali Darass et Mahamat Alkatim considèrent que de nombreux efforts ont été faits du côté des groupes armés signataires de l’APPR-RCA. Ils ont cité en guise d’exemple :
« Le respect de la légitimité des institutions de l’Etat, de l’ordre constitutionnel, l’intégrité territorial et l’unicité de l’Etat centrafricain. En témoignent les visites sans heurts ni incidents du Président de la République, Chef de l’Etat, à Birao, dans la préfecture de la Vakaga ; à Ndélé, dans la Préfecture de Bamingui-Bangoran ; à Bambari, dans la préfecture de la Ouaka ; et la facilitation du retour et réinstallation des FACA et FSI dans les zones sous notre contrôle ».
Par ailleurs, ils ont ajouté quelques exemples qui témoignent leur engagement dans la mise en œuvre de cet accord entre autres, leur participation aux missions de sensibilisation et de mobilisation des combattants et populations aux dispositifs et mécanismes de mise en œuvre de l’APPR-RCA, l’établissement des listes des combattants concernés par le PNDDRR et les USMS ; lesquelles listes ont été transmises au ministère de tutelle pour action et suivi et le démantèlement des barrières illégales.
Par ailleurs, ils ont déploré que le Président de la République Centrafricaine et le gouvernement ne saisissent pas l’opportunité qu’offrent les facilitateurs et les garants de l’APPR pour sortir le pays du déchirement du tissu social causé par les conflits armés.
« Nous demandons gouvernement d’accepter notre main-tendue et de créer les conditions nécessaires pour que le processus de paix, tel qu’initié par l’Union Africaine, aboutisse à des résultats tangibles. Nous demandons la mise en place de la commission sur l’harmonisation des grades et sur l’intégration et la réintégration des leaders et des éléments des groupes armés dans la fonction publique ; la mise en place de la commission vérité, justice, réconciliation et réparation (CVJRR) et ainsi des mécanismes traditionnels de réconciliation et la dynamisation de la chefferie traditionnelle », ont-ils demandé.
Pour finir, les leaders de FPRC, UPC et MPC réfutent le faite que les groupes armés continuent à être désignés comme les seuls responsables des violations de l’APPR-RCA et, de ce fait, ils s’ adressent auprès de la compétence de l’UA, pour demander, conformément à l’article 34 de l’APPR-RCA, la convocation d’une réunion de concertation avec le gouvernement afin de trouver ensemble des solutions idoines aux problèmes qui freinent la mise en œuvre de l’APPR-RCA.