Par Mamadou NGAINAM
Bangui 29 Janvier 2023 Janvier 2023—(Ndjoni Sango) : Pour de nombreux observateurs, la France tablerait, entre autres, sur la récente augmentation du budget de la défense algérienne, d’une valeur de 18 milliards de dollars, afin de nouer contrats d’armement avec l’armée algérienne.
La vente d’armes à l’Algérie s’avère un acte à haut risque, en raison des doutes planant sur la destination finale de ces armes, dont bénéficieraient certainement des groupes armés de la région, à l’instar des milices séparatistes du front Polisario. Cette hypothèse très plausible aura comme effet de contribuer à l’exacerbation de l’instabilité régionale et à une atteinte à l’intégrité du territoire marocain.
La question du développement de l’Algérie au Sahel serait parmi les questions ayant été traitées par les deux parties, notamment, en cette conjoncture où règne un véritable sentiment anti-français en Afrique.
L’Algérie devrait ainsi jouer le rôle d’émissaire de la France au Sahel afin de tenter de juguler le sentiment anti-français grandissant dans la région sahélo-saharienne, alors qu’elle est partie à l’œuvre de déstabilisation de cette région.
Ce qui soulève plusieurs interrogations sur les contradictions de Paris, victime de la percée russe en Afrique et apportant, à la fois, son soutien à l’un des principaux appuis de Moscou en Afrique, à savoir l’Algérie.
Cette visite démontre parfaitement la duplicité d’Alger (et de la France), qui, malgré des signes de rapprochement avec l’Occident (Paris et Washington), demeure l’allié indéfectible de la Russie. L’alliance avec Moscou constitue même une constante des ailes influentes au sein de l’establishment algérien. Ce qui donne à ce déplacement de Chengriha en France une allure de duperie algérienne envers l’occident.
Une duperie à inscrire aussi dans le sillage de la sensibilité grandissante de l’establishment algérien quant aux relations avec les États-Unis, et illustre l’abandon graduel des locataires d’El Mouradia, de leur politique de défiance vis-à-vis de Washington, qui a désormais fixé les alliés de la Russie dans son collimateur, et n’hésite plus à brandir le spectre des sanctions économiques à leur encontre.
Afin d’éviter de susciter davantage d’ire de l’occident, l’ANP se montre, de moins en moins, réticente à une diversification de ses fournisseurs en armement, surtout que l’allié russe éprouve actuellement des difficultés à subvenir à ses besoins et à faire bénéficier l’occident de contrats d’armement avec l’armée algérienne. Un changement de tendance qu’on pourrait attribuer au développement que connait la scène internationale et aux pressions occidentales, de plus en plus, contraignantes pour Alger.
La France tout à fait consciente des capacités de naissance de l’Algérie au nord-Mali et dans les pays limitrophes, de par son acquiescement à l’implantation russe dans la région, de ses supposés relations douteuses avec les régimes putschistes au Mali et au Burkina-Faso ainsi que de ses rapports suspicieux avec les groupes armés de la région, serait même tentée de ramener l’Algérie de son côté au lieu d’une opposition d’intérêts entre les deux parties dans la région sahélo-saharienne.
Toutefois, cette visite est perçue comme étant un service rendu par la France à la personne du Général Chengriha, décrié et accusé par l’opposition algérienne à l’étranger d’avoir commis des crimes et des exactions liées aux droits de l’homme et au trafic de drogues et d’armes. (révélations de Guermit Bounouira, qui ont fait le tour de la toile et qui ont ravivé des vérités sur le côté sombre de Chengriha, déjà évoqué dans le livre publié par l’ex-officier de l’ANF, Habid Souaidia, en 2001, « la Sale guerre »).
Son déplacement à Paris est une sorte de discrédit aux accusations des détracteurs du régime algérien.