Par Erick NGABA
Bangui 5 décembre 2023—(Ndjoni Sango) : 5 décembre 2013 et 5 décembre 2023, 10 ans aujourd’hui, jour pour jour que les Centrafricains se souviennent encore de ce jour de l’agonie que la France a planifié à Bangui pour obtenir ce qu’elle voulait obtenir au prix du sang de la population centrafricaine qui jaillissait dans les rues de Bangui.
Le jeudi 5 décembre 2013 a été pour les civils à Bangui un jeudi noir, une journée de sang, de pleure. Très tôt le matin de ce jeudi, c’était l’ange de la mort qui a circulé dans la capitale centrafricaine pour arracher des âmes des innocents.
Toute une capitale baignée dans le sang au nom d’un mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU que la France voulait obtenir pour déployer son armée impérialiste en Centrafrique où deux milices armées s’affrontaient. Qu’est-ce qui s’était réellement passé ?
En effet, la Centrafrique traversait un moment de violence armée suite à la prise du pouvoir par l’ex-coalition rebelle Seleka qui renversait, en mars 2013, le Général d’armée François Bozizé. Les escadrons de la mort cette rébellion au pouvoir ont commencé semer la panique au sein de la population. Tuerie, enlèvement, vol, viol, braquage ont été le quotidien de la population sur l’ensemble du territoire du pays où se sont éparpillés les combattants rebelles.
Exaspérés par les bavures de ces rebelles ni loi ni foi, les villageois ont décidé de se constitués en groupes d’autodéfense dans chaque localité du pays, d’où la naissance du mouvement Antibalaka.
Cette milice armée commençait à libérer des villes et villages des mains des escadrons de la mort de l’ex-coalition rebelle Seleka. Une situation que la France, qui a pourtant amené la rébellion Seleka au pouvoir, va profiter.
A l’évolution de la situation qui s’était détériorée avec l’avancée des miliciens Antibalaka qui gagnaient du terrain, la France du temps de François Hollande voulait obtenir du Conseil de Sécurité de l’ONU un mandat pour intervenir militairement en Centrafrique.
Il a fallu un motif, un argument solide pour convaincre le Conseil de sécurité afin d’obtenir ce mandat. C’était là où la France a perdu le sens de l’humanisme pour orchestrer un chaos sanglant à Bangui pour pousser le Conseil de sécurité à lui donner le mandat.
Le 5 décembre 2013, le Conseil de sécurité de l’ONU s’était réuni en fin de la journée pour décider de la situation en Centrafrique dans l’objectif de voter une résolution. Une occasion pour la France de provoquer une situation à Bangui afin de toucher la sensibilité humaine des membres du Conseil de sécurité.
« Le jeu double de la France »
La France a poussé les miliciens Antibalaka qui se basaient dans leurs villages et villes de provinces pour protéger leurs communautés contre les bavures des rebelles de Seleka, à lancer un assaut sur Bangui.
Ainsi, le rendez-vous a été donné à l’aube du jeudi 5 décembre 2013 dans les points stratégiques des périphéries de la capitale. Car, une fausse promesse de ravitaillement en armes et minutions pour lancer l’assaut final dans la capitale a été faite aux miliciens Antibalaka, à travers la troupe française basée à Bangui.
A l’aube de cette journée, les miliciens se sont positionnés pour attendre le ravitaillement. Ayant attendu en vain l’arrivée de cet appui matériel pour parvenir à faire face aux combattants de la nébuleuse coalition Seleka, les miliciens Antibalaka se voyaient dans l’obligation de passer à l’action avec les moyens de bord notamment les armes artisanales et machettes. Car, c’était impossible pour eux de faire marche en arrière des localités lointaines où ils étaient venus.
«Les soldats français nous ont donné un rendez-vous vers 3 heurs du matin. Mais, nous les avons attendus en vain sur les lieux de la rencontre. Ils devaient nous ravitailler pour nous permettre d’attaquer. Comme la situation s’est présenté ainsi, nous étions obligés d’attaquer avec le peu de moyens dont nous disposons », nous relate un ex-milicien antibalaka.
La promesse non tenue des forces français était un piège pour laisser les miliciens contre les combattants surarmés de Seleka. Alors, aux environs de 5 heures du matin, les violences inouïes ont éclaté dans la capitale centrafricaine. Avec machettes et armes artisanales, les miliciens ont attaqué les positions des combattants Seleka lourdement armés qui ont été surpris de cette attaque.
Ayant pris le dessus de l’affrontement, les miliciens Antibalaka prenaient la direction du palais présidentiel à travers les quatre coins de la capitale. Tout d’un coup, l’armée française présence à Bangui s’est intervenue pour les repousser donnant ainsi l’opportunité aux combattants Seleka de passer à la contre-offensive.
Les représailles des combattants Seleka contre les miliciens, dont les capacités de combattre ont été affaiblies par l’intervention des forces françaises, ont plongé la ville de Bangui dans un bain de sang. On assistait à un carnage dans la capitale.
A l’aveuglette, les rebelles de la Seleka tiraient sur tout homme dans la rue. Car, durant ce moment de représailles, tout le monde dans les rues de Bangui a été confondu aux miliciens Antibalaka qui s’habillaient aussi en civil.
A un moment donné, le massacre allait prendre l’allure d’un génocide à Bangui. Le pire est là. Les cadavres humains jonchaient les rues de Bangui. Une psychose générale s’est emparée de la population. Mais, personne pour assurer la protection des civils en dépit de la troupe française. Aucune armée n’existait en ce moment, sauf les forces françaises basées dans le pays depuis les années de l’indépendance.
«Le mandat du Conseil de Sécurité et l’Opération Sangaris »
Pendant ce temps, le Conseil de Sécurité de l’ONU vote une résolution sur le drame en Centrafrique. Finalement, l’orchestration de ce chaos par la France à Bangui a poussé le Conseil à lui donner mandant d’y intervenir militairement.
Aussitôt le mandat obtenu en fin de la journée, les avions chasseurs ont commencé à survoler le ciel de Bangui environs de 17 heures locales. Le survol ces avions français a atténué le degré de tuerie dans la capitale.
Ce jeudi noir, des vies innocentes ont été arrachées à cause d’un mandant de l’ONU que la France voulait avoir pour déployer ses troupes à Bangui sous le nom de l’Opération baptisée « Sangaris ». La Sangaris déployée à Bangui pour supposer sauver la situation, a méthodiquement incité à la violence et le déchirement intercommunautaire dans le pays.
C’était en ce moment-là que l’on assistait aux tueries entre les communautés chrétienne et musulmane en Centrafrique. Des vidéos sur YouTube prouvent cette implication de la France dans le chaos en Centrafrique.