Par Eric NGABA
Bangui 29/09/16 (Ndjoni Sango): Un collectif est créé en République Centrafricaine pour faire comparaître l’ancienne Cheffe d’Etat de transition Catherine Samba-Panza à la justice, pour son implication dans le détournement du don Angolais au gouvernement centrafricaine à l’époque de la transition. Une pétition est mise en ligne pour recueillir les signatures des Centrafricains afin de pouvoir emmener Catherine Samba-Panza à la justice. Pour en savoir davantage nous vous faisons lire l’intégralité de cette interview où le fondateur dudit collectif, Me Johnny Fabien Yerima donne les raisons de la poursuite judiciaire contre l’ancienne présidente centrafricaine de la transition.
Le Confident (LC) : Me Johnny Fabien Yerima, vous avez mis en place un collectif dénommé » Catherine rends nous notre argent ». Pouvez-vous situer l’opinion nationale sur la genèse de ce collectif et les différentes étapes qui vont suivre la signature de votre pétition ?
Johnny Fabien Yérima (JFY) : Ce collectif « H4 Catherine rends nous notre argent » est né d’un triste constat. Dans ce pays l’impunité était de règle et les détournements de fonds n’ont jamais été sanctionnés comme il se doit. Il y a une prime au détournement de deniers publics que l’on ne pourrait continuer sur cette voie sans mettre en péril l’équilibre financier et économique de notre pays. Voilà ce qui a motivé la mise ne place de collectif dénommé « Catherine rends nous notre argent » pour rechercher le remboursement de tous ce qui a été détourné pendant la transition de Catherine Samba Panza. En ce qui concerne les différentes étapes qui vont suivre la signature de notre pétition, nous avons comme préalable la collecte de 5000 signatures avant de présenter la requête au ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde de Sceaux, le président de l’Assemblée Nationale, premier ministre et certaines chancelleries comme l’ambassade de France, l’Union Européenne, l’ambassade des Etats Unis, et l’Union Africaine. Conformément à l’impunité zéro, l’intégrité qui a été le maitre mot du président élu, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour poursuivre ceux qui de près ou de loin ont contribué à détourner les sommes d’argents aussi importantes que le don angolais pour que le peuple ait désormais la preuve à travers ce collectif. Dans le cas contraire, nous en tirerons les conséquences et à l’occasion le peuple aura compris que tout ce qui a été dit était un vœu pieux, un effet d’annonce, une opération de communication. Qu’il n y a pas de volonté de transparence, de rigueur dans la gestion de la chose publique.
Peut-on connaître d’une manière synthétique les réactions de 3000 signataires de votre pétition ?
La réaction n’est que l’écœurement de cette requête. Notre besoin est immense en RCA et l’Etat doit dépenser notre centime avec parcimonie, à bon escient. Mais quand, un groupuscule d’individus dépourvu de sens de la République s’approprie les fonds de l’Etat, cela devient scandaleux. Et donc, tous ceux qui sont animés de la même volonté peuvent rejoindre le collectif H4 pour faire comparaître Catherine Samba-Panza et tous ses complices en justice.
Quelles sont les chances de réussite de votre initiative qui est une grande première en République Centrafricaine ?
Oui, c’est une grande première, la société civile se mêle aujourd’hui de la gestion des choses publiques et il faut que cela prenne de l’ampleur. « Le centrafricain doit désormais veiller sur la grain » comme on le dit. Nous sommes optimistes que notre action sera couronnée de succès puisque le gouvernement a promis d’engager des poursuites à l’issue des opérations d’audits s’il y a des cas malversations. Nous n’avons pas de but électoraliste, mais nous voulons que le centrafricain soit rétabli dans son droit.
Envisagez-vous créer une organisation non gouvernementale chargée de la promotion de la bonne gouvernance pour poursuivre cette initiative salvatrice pour la nation ?
Désormais « H4 Catherine rends nous notre argent » sera érigé après ce collectif en une ONG de transparence, de veille, d’alerte dans la gestion des choses publiques. La chose publique ne sera plus gérée de façon familiale ni maffieuse. Ce qui est donné au peuple centrafricain lui revient de droit. Il n’est pas donné à quiconque de s’arroger ce droit. Et rends nous notre argent s’introduira dans tout cas de détournement de denier public au nom du peuple centrafricain. Nous allons marquer en lettre d’or le « collectif Catherine rends nous notre argent » dans le paysage politique et les actions de la société civile pour que la gouvernance politique de l’Etat ne soit plus comme il y a huit à neuf mois. Nous sommes invités dans le jeu. Et la société civile, en qualité de point de rupture. Nous allons leur couper le sommeil tant qu’ils ne nous ont pas rendu notre argent. Bref nous allons nous battre sur tous les fronts pour que l’argent du peuple centrafricain lui revienne de droit. J’invite tout le peuple centrafricain à aller s’adhérer massivement à ce collectif H4 sur Facebook afin de fermer la boutique aux médiocres et pour la victoire et le bien-être du centrafricain.
Quelles actions comptez-vous mener pour mobiliser la population autour de votre démarche ?
Le peuple a trop longtemps laissé faire et il doit prendre sa destinée en main. Nous allons animer des conférences débats et faire des audiences citoyennes en provinces au cours desquelles nous réunirons la population pour leur expliquer le bien fondé de notre organisation et les inviter ensuite à y adhérer pour être le relais à l’intérieur du pays. A cela s’ajoute les tapages médiatiques et les actions en justice pour que nos actions puissent être couronnées de succès.
Propos recueillis par Arthur DAN