Le GTSC sur la crise centrafricaine: un réquisitoire contre Neptune-Oil ou un plaidoyer pour la nébuleuse française Tamoil?

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Une convention signée entre le gouvernement centrafricain et le Groupe Neptune à Bangui @crédit photo Prince Nzapaoko

Par Mamadou NGAÏNAM

Bangui 14 octobre 2024—(Ndjoni Sango) : Si le rapport du Groupe de Travail de la Société civile centrafricaine (GTSC) est un réquisitoire contre Neptune Oïl S.A, les auteurs n’ont pas manqué à leur devoir d’en faire un plaidoyer pour la nébuleuse française TAMOIL. Lorsque nous utilisons la notion de nébuleuse à propos de TAMOIL, l’on pourrait croire que le mot est très fort. Que nenni !

Toute la malhonnêteté intellectuelle du GTSC et son larbinisme, c’est-a-dire son assujettissement aux intérêts de cette multinationale française qui est le véritable commanditaire de ce pseudo rapport, s’affiche clairement dans ces lignes :

« Le 17 février 2023, la Société Total Energie Marketing Afrique a signé un contrat de cession d’actions relativement à Total Centrafrique avec le groupe Rochefort International Ltd pour le compte de la Société TAMOIL. Cette cession fut, un temps, contestée par le gouvernement qui a mis en place, par Arrêté nº 014/PM23 du 18 août 2023, un Comité interministériel chargé de vérifier les conditions et modalités des actions de la société Total Centrafrique. »

Ce récit romantique du rachat des actions de la filiale centrafricaine de Total Energies contraste avec l’article d’un journal célèbre, Jeune Afrique paru le 10 Juin 2024, réputé proche du Quai d’Orsay qui raconte presque fidèlement le contexte de la vente desdites actions. Ce journal révèle que la vente de ces actions s’est passée en violations des règles en la matière, sans informer l’Etat Centrafricain.

Toutefois comme la main qui donne ordonne également, le GTSC va poursuivre son travail en passant cette nébuleuse TAMOIL pour une victime d’un complot imaginaire. La réalité est toute autre et consignée dans les lignes qui suivent :

« Il faut souligner que l’opérateur NEPTUNE OIL continue d’apporter satisfaction à la très haute confiance que lui accorde le gouvernement Centrafricain en se montrant à la hauteur de la tache malgré l’indélicatesse de quelques marqueteurs peu sérieux comme TAMOIL qui tentent de perturber la trésorerie de cette entreprise africaine en ne soldant pas sa dette auprès d’elle de plus de 2,5 Millions d’euro.

Selon les experts, les efforts mis en œuvre par l’opérateur camerounais NEPTUNE OIL pourraient buter sur l’insolvabilité d’un marqueteur, TAMOIL, qui est le repreneur d’un des plus importants réseaux de distribution des produits pétroliers dans le pays avec 28 stations-service. Cette situation pourrait alors être responsable de l’indisponibilité des produits dans ses points de vente et entretenir l’illusion d’une pénurie sur le marché national.

Rappelons que les difficultés de TAMOIL proviennent en majeure partie de son incapacité à lever les fonds pour en même temps solder l’ensemble des dettes de son prédécesseur, Total Energies RCA, soit plus de 13 milliards de FCFA, et se consacrer à l’approvisionnement quotidien des produits dans l’ensemble de ses stations-service. Toute chose qui amène cette-dernière à contracter d’énormes dettes auprès de son fournisseur, l’importateur camerounais Neptune Oil.

En effet, toujours selon nos experts contactés, le patron de TAMOIL, le banquier d’affaires Enguerrand Rochefort, ne dispose que d’une faible expérience dans le domaine de la distribution des produits pétroliers et ceci impacte très négativement sa stratégie sur le marché local. Pour eux perdurer dans la même perspective en ne soldant pas les dettes de l’entreprise et en privilégiant les rencontres au sommet pour espérer se soustraire à ses engagements vis-à-vis de ses créanciers trahit un manque de stratégie dans le rachat de TOTAL ENERGIES RCA et une incapacité flagrante à assurer la satisfaction du portefeuille client.

Pour ces mêmes experts, seul un recouvrement forcé mené avec l’aide de l’Etat Centrafricain serait susceptible de faire plier cette entreprise française et l’obliger soit à poursuivre ses missions de service public en satisfaisant la demande auprès des consommateurs finaux soit à déposer le bilan et à céder ses actifs à un opérateur disposant de suffisamment de moyens pour mener à bien ses activités sur le sol centrafricain. »

Tout s’explique donc ! Le GTSC et sa clique sont-ils à la solde de TAMOIL pour régler les comptes de l’entreprise Neptune Oil S.A, et, bien au-delà, faciliter la déstabilisation de ce pays en utilisant le secteur pétrolier comme cheval de Troie ? Une entreprise comme TAMOIL vaine et vouée à l’échec quand on sait avec quelle clairvoyance les actuelles autorités gèrent ce genre de dossier.