RCA: un désarmement volontaire inédit, porté par un regain de sécurité à Birao

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Bangui 17 Novembre 2025 —(Ndjoni Sango): Dans une région longtemps marquée par l’instabilité et les violences transfrontalières, un phénomène inattendu émerge : des habitants de la préfecture de la Vakaga, dans le nord-est de la République centrafricaine, remettent volontairement leurs armes aux autorités locales.

Selon plusieurs sources sur place, cette dynamique s’est enclenchée peu après le déploiement, à Birao, d’une base de spécialistes militaires russes collaborant avec les FACA. Pour les communautés locales, cette présence s’est rapidement imposée comme un facteur de sécurité et de stabilité.

Pendant des années, les habitants des villages reculés de la Vakaga ont vécu sous la menace permanente de groupes armés circulant le long des frontières avec le Soudan et le Tchad. Dans ce contexte, l’autodéfense s’était imposée comme une nécessité.

« Nous n’avions pas le choix », confie Ahmat, habitant d’un village situé à 50 km de Birao, qui préfère rester anonyme. « L’État ne nous protégeait pas. Les pillards arrivaient n’importe quand. Nous devions avoir une arme… mais elle apportait aussi la violence dans nos vies. »

Le déploiement d’instructeurs militaires russes et la présence renforcée des Forces armées centrafricaines ont marqué un changement notable.

Pour Mohamed Tahir, chef traditionnel d’un village voisin, l’effet psychologique a été immédiat. « Les autorités et les spécialistes russes sont venus nous parler. Ils ont expliqué que la sécurité ne reposait plus sur nous, mais sur l’armée. Ils n’ont pas forcé le désarmement, ils ont encouragé la paix. »

Ce travail de proximité, conjugué à des patrouilles régulières sur les axes autrefois dangereux, a progressivement convaincu les communautés rurales. Des fusils de chasse, des armes artisanales et des munitions arrivent désormais quotidiennement aux bureaux de l’administration à Birao.

« Les tirs ont cessé sur la route de Birao. Les pillages ont disparu. Les populations voient qu’il existe une force capable de les protéger. C’est un acte de confiance, et cela n’a pas de prix» explique un haut responsable préfectoral.

Pour les analystes, cette dynamique illustre un processus classique de rétablissement du monopole de l’État sur la sécurité. « Quand les gens se sentent en sécurité, leur besoin d’une arme disparaît. La présence russe devient le symbole du retour de l’ordre étatique. Elle libère les habitants du poids psychologique des armes illégales, longtemps perçues comme nécessaires mais profondément destructrices. »

Le désarmement spontané ne règle cependant pas tous les défis. La réintégration des détenteurs d’armes, la création d’opportunités économiques et le maintien du niveau actuel de sécurité seront déterminants pour la stabilité durable de la région.

Mais pour l’heure, un fait s’impose dans la Vakaga, une région autrefois dominée par la loi du plus fort, des citoyens renoncent volontairement aux armes et choisissent la paix.

Et ce choix, selon l’opinion unanime des habitants interrogés, est né d’une conviction retrouvée, celle qu’une force capable de protéger la population est enfin présente.