À Luanda, Touadéra réaffirme la souveraineté africaine face aux rivalités de puissances

0
15
Faustin Archange Touadéra au sommet UE-UA à Luanda

Par Erick NGABA

Bangui 25 novembre 2025 —(Ndjoni Sango) : Le 7ᵉ Sommet Union africaine–Union européenne, qui s’est tenu à Luanda, a servi de tribune au Président centrafricain Faustin-Archange Touadéra pour rappeler la nécessité d’un rééquilibrage des relations internationales et d’un multilatéralisme capable de résister aux tensions géopolitiques mondiales.

Le sommet s’ouvre dans un climat international marqué par la multiplication des foyers de conflit, le retour des logiques de blocs, et l’affaiblissement des mécanismes traditionnels de coopération. Pour Touadéra, ce contexte impose à l’Afrique d’affirmer davantage ses priorités stratégiques.

Dans un monde où les grandes puissances, qu’elles soient occidentales, asiatiques ou émergentes, rivalisent pour l’influence économique et sécuritaire, l’Afrique apparaît de plus en plus comme un espace de compétition, mais aussi comme un acteur incontournable dans les équilibres futurs.

Touadéra a souligné la crise profonde du multilatéralisme, miné par la montée des nationalismes, les tensions entre grandes puissances, l’incapacité des institutions à répondre aux conflits, aux pandémies ou au changement climatique.

Ce constat reflète également la frustration croissante de nombreux États africains, qui dénoncent depuis plusieurs années la marginalisation du continent dans les instances de décision mondiales, du Conseil de sécurité de l’ONU aux principales institutions financières internationales.

Le Président de la RCA a insisté sur une évolution majeure : l’Afrique n’est plus seulement un terrain d’influence, mais une force diplomatique en construction, soutenue par la montée démographique, l’importance de ses ressources naturelles et l’essor progressif de son marché intérieur.

Dans ce contexte, les initiatives continentales telles que la ZLECAF, l’Agenda 2063 ou les mécanismes de transition énergétique deviennent des outils permettant à l’Afrique de structurer ses propres choix géoéconomiques.

Touadéra a rappelé que cette montée en puissance suppose un soutien international qui ne soit ni conditionné par des agendas extérieurs ni soumis à des logiques de concurrence entre partenaires.

Une souveraineté stratégique face à un environnement sous tension

Pays enclavé et post-conflit, la République centrafricaine se trouve au cœur d’un environnement régional instable où convergent plusieurs ambitions géopolitiques, celles des grandes puissances mais aussi celles de ses voisins immédiats.

Dans son intervention, Touadéra a cherché à repositionner la RCA comme acteur souverain, exigeant un partenariat fondé sur l’accès équitable aux financements, le désenclavement par les infrastructures, la transformation énergétique, et des investissements véritables dans le développement productif.

Ce positionnement s’inscrit dans une logique de diversification des partenaires, une stratégie que Bangui poursuit depuis plusieurs années pour réduire sa dépendance historique et s’inscrire dans une diplomatie plus ouverte sur le monde multipolaire.

Le discours de Touadéra ne se limite pas à une critique des déséquilibres mondiaux : il appelle à un partenariat UA–UE repensé, dans lequel l’Europe reconnaîtrait pleinement la place géopolitique croissante de l’Afrique.

Le Chef de l’État centrafricain a exprimé le souhait que le sommet de Luanda marque un tournant vers une coopération « débarrassée de pressions géopolitiques » et orientée vers une prospérité partagée, dans un monde où les alliances sont désormais plus fluides et les rivalités plus vives.